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A l'occasion de la sortie de Deepwater, on s'est refait les films de Peter Berg.

Deepwater, le nouveau film de Peter Berg avec Mark Wahlberg et Kurt Russell, raconte l'explosion de la plateforme pétrolière éponyme en 2010 qui a causé l'une des pires marées noires de l'Histoire. C'est l'occasion de se refaire la filmo d'un réalisateur aime filmer l'Amérique, ses surhommes blue collar et ses contradictions héroïques. En attendant de pouvoir glisser Deepwater dans ce top (et rappelez-vous que son prochain film Traque à Boston sur les attentats du marathon déjà calé pour janvier 2017), voilà ses sept films déjà sortis classés du pire au meilleur. C'est parti :

7. Battleship
Copié-collé de Transformers au pitch improbable -adapter le jeu de société la Bataille navale au cinéma- Battleship n'est pas un naufrage (ahah) si total que ça : Taylor Kitsch (déjà dans la série Friday Night Lights produite par Berg) est un beau héros qui essaie très fort de ressembler à Tom Cruise période Top Gun dans l'ouverture. Mais le reste du film avec ses aliens, ses explosions en numérique et son scénario en mousse ressemble à une parodie poussive du pire des prods Bruckheimer des années 2000. Le pompon, c'est quand le scénario essaie vraiment de transposer les règles de la Bataille navale sur grand écran. Oui, il y a le A5B5C5 touché-coulé et les armes des aliens ressemblent aux picots en plastique qu'on plantait sur nos cuirassés quand on était petits. Sauf qu'on a jamais eu l'idée d'en faire un film, nous. On se console en se disant que Battleship n'est qu'un produit de commande raté.

6. Very Bad Things
Un premier film en forme de carte de visite tarantinienne un peu mal branlée. Marrant, un peu cynique (limite désagréable), le film a le mérite de casser les codes moraux yankee. Résumons : une bande de potes partis en virée à Las Vegas pour enterrer la vie de garçon de l'un d'entre eux tourne mal. Archibourrés et surcokés, les noceurs commandent une pute qui suite à un kama sutra un peu trop sophistiqué se retrouve embrochée sur un portemanteau. Panique a bord aggravée par l'arrivée du détective de l'hôtel qui est lui aussi rectifié. Six hommes, deux cadavres : il va falloir enterrer tout ça avant de reprendre une vie normale (un mariage). Humour noir donc, jeu de massacre golmon (mais un peu jouissif). Les «vraies valeurs» ne résistent pas longtemps à la marée montante des dérèglements sous-jacents. Pas de quoi crier au génie quand on voit ça. Loin de là. Le film porte les stigmates de son époque, et fait partie de tous ces neo-polars roublards de la fin des 90’s. Reste Cameron Diaz, impec et en dehors de la surchauffe tarantinienne, on repère quand même le sens du tempo, un drive d’acteur imparable et le décalage qui allait aboutir à Bienvenue dans la jungle

5. Hancock
Sorti face au Dark Knight à Iron Man et à Hulk 2, Hancock aura réussi l’espace de quelques mois à se faire une petite place au soleil des superhéros. Berg (aidé de Michael Mann à la prod) signe une série B qui propose du sous-texte sympathique (la dépression des super) et de la mise en images couillue. On retrouve son sens inné de l’action (par moment un poil bordélique), son instinct graphique imparable et ce sens de la série B explosive qui se permet même de faire oublier le trash et les muscles pour (si, si) émouvoir. Au bout de 30 minutes, le film bascule dans la love story fragile et avance en équilibre entre désir de normalité et superpouvoir. Bon, tout cela a aujourd’hui un peu vieilli et on doit reconnaître s’être un peu (trop) excité à la sortie. Mais Charlize Theron reste géniale en desperate housewife comme en wonderwoman furax et Will Smith tout de blackitude surjouée est impérial. Ca ne fait définitivement pas un chef-d’œuvre (les défauts de production sont sacrément visibles), mais au milieu d’une filmo classée, à la place médiane, ca a quand même un peu de gueule.

4. Bienvenue dans la jungle
Les historiens des héros hollywoodiens ont déjà réservé une place à Bienvenue dans la jungle pour ce bref instant au début où Arnold Schwarzenegger apparaît et dit "amuse-toi bien" à The Rock. Vous l'avez ? Le chêne autrichien qui passe son flambeau d'Action Hero à Dwayne Johnson. Treize ans plus tard, la prophétie s'est accomplie et The Rock pourrait bien devenir président, un jour. Mais Bienvenue dans la jungle -en son temps gros gros flop au box-office- a remarquablement passé l'épreuve du temps : film d'action taré et électrisant, héritier à la fois de Tony Scott et d'un certain cinéma 70s entre Le Magnifique et Doux, dur et dingue. The Rock y acquière définitivement sa stature de nouveau héros des années 2000 à travers des scènes de baston aussi hallucinantes qu'extrêmement bien écrites.

3. Du sang et des larmes
Filmer une défaite : c'est l'idée de Du sang et des larmes. Les surhommes américains sont plongés dans la boue, la merde et le sang. Berg les hache menu à coups de shrapnels et de tirs de kalach et ça fait mal -les effets visuels sont signés du grand maître du gore Greg Nicotero. Pas de tir au pigeon façon Call of Duty. Filmer l'Afghanistan à la façon d'Armadillo ou de La Chute du faucon noir ; filmer un nouvel héroïsme où la victoire ne s'obtient pas par le massacre de l'adversaire mais par la camaraderie. En protégeant le soldat qui se trouve à vos côtés. La musique planante d'Explosions in the Sky accompagne le massacre. C'est violent, sanglant, émouvant, lumineux. C'est beau.

2. Le Royaume
Tout commence par une leçon d’histoire et de géographie dans un générique sidérant mêlant hypertexte et images d’archives pour raconter un siècle de relations américano-saoudiennes en 5 minutes chrono. La mise en place d’un contexte, l’équivalent du texte défilant de Star Wars. Une fois qu’on sait où on est (en Arabie Saoudite), le film peut démarrer. Il est question d’attentat anti-américain sur le sol saoudien (inspiré de Khobar en 96) et de quatre agents du FBI envoyés sur place pour essayer de tirer ça au clair. Un western à Riyad, avec des embuscades, des fusillades en pleine rue et du lance-roquette à bout portant dans les couloirs d’un HLM, une sorte de Fureur Apache au Moyen-orient, avec les terroristes arabes dans le rôle des Indiens. On n’avait rien vu d’aussi bien shooté depuis La Chute du faucon noir. Rien d’aussi cool depuis Les Rois du désert. En un film, Peter Berg devient un cinéaste majeur. Et pour bien mesurer son impact, ne pas oublier qu'à l'époque les films sur l'Irak étaient plutôt les tracts ronflants et gonflants comme La Vallée d'Elah.

1. Friday Night Lights
On a déjà dit tout le bien qu’on pensait de ce film extraordinaire dans notre hors-série de l'an dernier Les 100 chef d’œuvres que vous n’avez pas vu. On voulait vous expliquer une fois de plus pourquoi ce film est une merveille et pourquoi Berg est un Dieu, mais en fait, on ne peut pas mieux dire alors on ouvre les guillemets : "L’adolescence, territoire mythologique. Peter Berg filme les ados cabossés du Texas de la même manière que John Milius filmait ses surfeurs 60s à la vieille du départ au Vietnam ; comme des Dieux de l’Olympe. Entre nous, on se réfère à Friday Night Lights comme au "Big Wednesday du foot US". Parce qu’on se retrouve un peu seuls avec ce film. L’industrie, la critique et l’humanité l’ont déserté au profit de la série télé du même nom, pilotée par Berg, avec Kyle Chandler dans le rôle du coach. Très populaire, elle a littéralement effacé le film original. Au point que ses fans réclament, encore aujourd’hui, une "version ciné de Friday Night Lights"… Vue transversale (longue focale, de loin) de l’Amérique white trash et de ses démons obscurantistes, le film observe les rouages sectaires d’une petite bourgade texane vivant au rythme de son équipe de foot lycéenne. "This is Football Country". Les lumières du vendredi soir annoncent le début de la Messe. L’adoration fervente des supporters est assimilée au délire religieux. Et ces gamins, à qui personne ne laisse le choix, acceptent de sacrifier leur jeunesse dans les larmes et le sang... Dieu que ce film est beau." Bon. Soit vous l’avez vu depuis, soit vous vous procurez d’urgence ce film et notre hors-série avec. Compris ?

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