Le film de Guillermo Del Toro avec Ron Perlman et Selma Blair reviendra ce soir sur NRJ12.
A sa sortie, en octobre 2008, Première avait beaucoup de choses à dire sur Hellboy II, Les légions d’or maudites de Guillermo del Toro. A tel point que trois critiques avaient été publiées à sa sortie ! Nous les repartageons ci-dessous, de la plus enthousiaste à la moins élogieuse, pour patienter jusqu'à la rediffusion du film, à 21h10 sur NRJ12. Ce film figure également en bonne place de notre top du réalisateur.
Cette suite du Hellboy de 2004 aurait dû donner lieu à un troisième volet, qui est aujourd'hui encore réclamé par la star des films, Ron Perlman. Mais après avoir été déjà rebootée une fois, en 2019 avec David Harbour, la saga née dans les comics de Mike Mignola s'apprête à avoir une nouvelle adaptation, conçue par Bryan Tyler, connu pour Hypertension avec Jason Statham, et l'auteur des BD au scénario. Hellboy 3 ne semble donc toujours pas d'actualité.
Hellboy ou l'aventure inachevée de Guillermo del Toro
L'histoire de Hellboy II : Hellboy, l'agent le plus coriace du Bureau de défense et recherches paranormales, est de retour pour une nouvelle mission secrète... Une terrible menace plane sur notre univers depuis que Nuada, prince de l'Invisible, a brisé le pacte qui liait l'humanité aux Fils de la Terre. Après plusieurs siècle de soumission à l'Homme, l'anarchique Nuada a décidé de réveiller ses armées mortifères et de rendre la liberté à toutes les créatures fantastiques. Hellboy préfèrerait consacrer son temps à sa petite amie pyrokinétique Liz et à leur vaste ménagerie féline. Mais lui seul est de taille à sauver la terre de la destruction.
La critique de Gérard Delorme : Dans le premier volet, Guillermo Del Toro s’était inévitablement concentré sur les origines de son superhéros paradoxal (un démon qui opère pour les forces du Bien). Cette fois, libéré de ces contraintes, le réalisateur avait les coudées franches pour lancer son personnage dans une véritable aventure. C’est ce qu’il réussit ici, inventant – bien mieux que ne l’ont fait avant lui George Lucas et Peter Jackson – un univers parallèle peuplé de démons, de trolls et de demi-dieux. De fait, Del Toro a beaucoup d’atouts pour lui : une culture exceptionnelle doublée d’une passion sincère pour toutes les formes d’expression du fantastique, auxquelles il rend ici hommage à coups de citations généreuses (qui vont de Frankenstein à Miyazaki en passant par lui-même) ; une imagination illimitée qui remplit l’image de manière tellement riche qu’il faut plusieurs visions pour en faire le tour ; une maîtrise exceptionnelle de l’imagerie numérique, qu’il mêle de façon indétectable aux prises de vues réelles. Du coup, il opère une synthèse miraculeuse entre le langage de la BD et celui du cinéma, entre le registre intimiste de ses films d’auteur et les moyens des blockbusters.
La critique de Jean-François Morisse : Il paraît que les suites sont systématiquement moins bonnes que les œuvres qui les précèdent. Ce n’est clairement pas le cas avec cet Hellboy II avec lequel le réalisateur Guillermo Del Toro livre un film plus abouti, plus maîtrisé et pour tout dire plus mature. Les influences esthétiques du Labyrinthe de Pan, son précédent long-métrage, paraissent évidentes mais celles-ci apportent une véritable identité graphique à ce film de super héros qui aurait pu au final n’être qu’un film de super héros de plus. S’ajoute à cette esthétique un background écologique qui fait de cet Hellboy II un film en phase avec les préoccupations de notre époque. Un thème qui apporte un peu plus de profondeur à ce personnage néanmoins toujours adepte de la réplique cinglante et du coup de revolver dévastateur. Hellboy II remplit ainsi parfaitement son contrat en faisant qui plus est évoluer intelligemment le personnage créé par Mike Mignola.
Guillermo del Toro : "J'ai loupé le boom des super-héros"La critique de Christophe Narbonne : Depuis leur retour en force sur les écrans, les films de superhéros se divisent en trois catégories : cérébrale (X-Men, Spider-Man, Batman), pop-corn (Les 4 Fantastiques), alternative (Hellboy, Iron Man). En changeant de catégorie (alternative pour pop-corn), Hellboy II fait un bond en arrière côté qualitatif. Variante sensible sur le thème de la monstruosité (motif fétiche de Del Toro), le premier opus laissait pourtant espérer une suite à sa hauteur. Paresse ? Manque d’inspiration ? Toujours est-il qu’Hellboy II gâche l’héritage de son prédécesseur. Réduit à une caricature de freak macho, approximatif et vanneur, le démon rouge se montre finalement moins intéressant que son ennemi du moment, décidé à en finir avec le monde méprisant des humains. Pour résumer : une touche de X-Men par-ci, une touche de Star Wars par-là (l’impressionnant bestiaire fantastique est l’arbre qui cache l’indigence du scénario). Question : où est l’auteur ?
Commentaires