EXCLU - Cannes 2011 : interview de Jodie Foster et de Mel Gibson
Le sens caché du titre
<strong>Jodie Foster</strong><strong> </strong><strong>:</strong> Il est bien ce titre, non?? On est vraiment prêts à tout pour attirer l?attention. <em>(Rire.) </em>Quand je dis aux gens que mon prochain film va s?appeler <em>The Beaver,</em> ils font en général une drôle de tête. Mais tant mieux car l?ambiguïté colle bien avec le ton du film, qui ne va jamais là où vous l?attendez. Au départ, vous vous dites?: «?Mais qu?est-ce que c?est que ce truc avec un mec qui parle aux autres au moyen d?une marionnette de castor???», et puis vous sortez de la salle avec le c?ur brisé. Je l?espère, en tout cas.
Jodie Foster revient à la réalisation
<strong>Première</strong><strong> </strong><strong>:</strong> <strong>Jodie, vous n?aviez pas réalisé de</strong><strong> </strong><strong>film depuis des années. Qu?est-ce qui vous a décidée à revenir à la mise en scène</strong><strong> </strong><strong>?</strong><strong>Jodie Foster</strong><strong> </strong><strong>:</strong> Je ne trouvais pas de scénarios qui me donnaient vraiment envie de reprendre la caméra, de plonger dans un projet qui m?éloignerait de mes enfants pendant des mois. Un autre réalisateur travaillait sur <em>The Beaver</em> lorsque mon agent m?a envoyé le script. Je l?ai lu et je lui ai immédiatement répondu que si, par hasard, ce réalisateur se cassait une jambe et devait quitter le projet, il fallait absolument qu?il me mette sur le coup. Ensuite, je n?ai pas cessé de lui demander où en était le film. Jusqu?au jour où l?autre réalisateur a déclaré forfait...<strong>Qu?est-ce qui vous a particulièrement touchée dans cette histoire</strong><strong> </strong><strong>?</strong><strong>Jodie Foster</strong><strong> </strong><strong>:</strong> J?ai remarqué que, à chaque fois que je me retrouve au montage d?un film que j?ai dirigé, je réalise qu?il parle de ma vie d?une manière ou d?une autre. Je suis tous les personnages de mes films, et <em>The Beaver</em> ne fait pas exception à la règle?: Walter, Meredith <em>(la femme de Walter, incarnée par Foster),</em> leur fils <em>(interprété par Anton Yelchin)...</em> Je me reconnais en chacun d?eux, même si je n?ai pas forcément vécu les situations dans lesquelles ils se retrouvent. Mais leurs interrogations et leurs angoisses sont les mêmes que celles qui m?empêchent de dormir la nuit.
Le come-back de Mel Gibson
<strong>Hors de contrôle</strong><strong> a marqué votre retour </strong><strong>devant la caméra, huit ans après </strong><strong>Signes.</strong><strong> </strong><strong>Qu?est-ce qui vous a motivé à revenir </strong><strong>en tant qu?acteur</strong><strong> </strong><strong>?</strong><strong>Mel Gibson</strong><strong> </strong><strong>:</strong> J?ai fait un long break car j?en avais tout simplement ras le bol de ce job. Mais j?avoue que revenir à la comédie est étonnamment revigorant. Bien sûr, quand on décide de s?y remettre après plusieurs années, on fait forcément des choix différents, on est à la recherche d?autre chose. On a également changé physiquement, le poids des années se fait sentir. On n?y prête pas vraiment attention quand on se regarde dans la glace tous les matins, mais je peux vous dire que se revoir à l?écran au bout de huit ans est un sacré choc. J?ai réalisé que j?étais devenu un vieux machin...
Deux acteurs-réalisateurs
<strong>Vous êtes tous les deux des acteurs-réalisateurs. Comment se passe la collaboration sur le plateau</strong><strong> </strong><strong>?</strong> <strong>Mel Gibson</strong><strong> </strong><strong>:</strong> Je ne marche jamais sur ses plates-bandes. De toute façon, quand j?ai un vague doute sur un truc qu?elle est en train de faire, je ne lui dis pas car je sais pertinemment qu?elle le fera quand même?!<strong>Jodie Foster</strong><strong> </strong><strong>: </strong>L?avantage de bosser avec Mel, hormis le fait qu?il sait comment jouer ce personnage, c?est que je n?ai pas besoin de lui rappeler la nécessité de respecter ses marques. Il comprend le découpage des scènes, l?importance de certains plans... Je n?ai pas à le guider.
Les retrouvailles, 15 ans après Maverick
<strong>Il y a quinze</strong><strong> </strong><strong>ans, un film avec vous deux </strong><strong>en tête d?affiche aurait été considéré comme un blockbuster. À l?inverse, </strong><strong>The Beaver</strong><strong> s?est monté en indépendant et </strong><strong>pour un budget qui, à l?époque, aurait à peine couvert votre salaire...</strong><strong>Mel Gibson</strong><strong> </strong><strong>:</strong> Il faut se réveiller et accepter que le monde ait changé. Beaucoup tremblent à Hollywood à cause de ça. Personnellement, je trouve ça très excitant parce que ça veut dire que toutes les fondations ont été ébranlées et qu?il faut chercher une nouvelle façon de faire les choses. J?adore les conditions dans lesquelles on tourne ce film, en indépendants, car tout va très vite. Et je peux vous dire que Jodie ne déconne pas... Elle ne perd pas une seconde. Il faut vraiment planter la première prise pour avoir droit à une deuxième?!<strong>Jodie Foster</strong><strong> </strong><strong>: </strong>J?aime cette manière de travailler car ça donne une certaine énergie au film. J?ai adoré tourner avec David Fincher sur <em>Panic Room </em>mais, au bout de soixante-dix prises, même un très bon acteur aura du mal à rester spontané.
Interview de Jodie Foster et Mel Gibson
<strong>Jodie Foster </strong>dirige <strong>Mel Gibson</strong>. dans le rôle d?un fabricant de jouets suicidaire qui se met à parler à son entourage au moyen d?une marionnette de castor. <em>Première</em> les a rencontrés sur le plateau de <em>Le Complexe du Castor</em>, dans la banlieue de New York, pour s?assurer qu?il ne s?agissait pas d?un canular.Sur le papier, <em>The Beaver</em> était déjà officiellement le projet le plus fou de l?année (de la décennie??)?: l?histoire de Walter Black, patron dépressif d?une usine de jouets qui décide de mettre fin à ses jours. Après s?être raté, il ramasse une marionnette de castor dans une poubelle, l?enfile sur sa main gauche et ne s?adresse plus à sa famille et à ses collaborateurs qu?à travers l?animal, qui parle avec un accent cockney et à tendance à dire tout ce qui lui passe par la tête. Considéré pendant des années comme l?un des meilleurs scénarios non produits circulant à Hollywood, <em>The Beaver</em> était passé entre les mains de Jim Carrey et de Steve Carell avant de devenir le nouveau film de... Jodie Foster (qui n?avait pas tourné depuis <em>Week-end en famille, </em>en 1996). Une surprise n?arrivant jamais seule, on apprenait quelques mois plus tard qu?elle avait convaincu Mel Gibson, qui venait de revenir devant la caméra après huit?ans d?absence avec <em>Hors de contrôle,</em> de Martin Campbell, d?interpréter le rôle principal. Un coup de poker qui s?est transformé en coup dur quand l?acteur s?est retrouvé, pendant la majeure partie de l?année 2010, au c?ur d?une tempête médiatique sans précédent ??et il s?y connaît??, accusé de coups et blessures par sa compagne, insultant des journalistes en direct à la télévision... Devenu persona non grata à Hollywood, on craignait que l?acteur n?ait entraîné <em>The Beaver</em> avec lui au fond du gouffre. Le film sortira finalement chez nous en juin, avec un beau défi marketing en perspective. En attendant, Foster et Gibson s?expliquaient sur ce projet hors normes en novembre?2009, alors que le tournage entamait sa sixième semaine.
Le défi de jouer avec une marionette
<strong>Au premier abord, on ne voit que Mel Gibson</strong><strong> avec cette marionnette enfilée sur sa main </strong><strong>mais, au fond, </strong><strong>The Beaver</strong><strong> est un vrai drame</strong><strong> </strong><strong>psychologique. Comment concilier les deux</strong><strong> </strong><strong>?</strong><strong>Jodie Foster</strong><strong> </strong><strong>:</strong>J?accentue le réalisme de chaque situation, c?est ce qui m?intéresse. En apparence, bien sûr, le film est une comédie conceptuelle ? cet homme a une marionnette de castor sur la main qu?il fait parler avec l?accent cockney, et les personnages réagissent comme n?importe qui le ferait face à une telle chose. La comédie est là d?emblée, je n?ai pas besoin de la cultiver. À part cette situation de départ, on ne joue pas du tout la carte du rire, on cherche plutôt à explorer ce que traverse cette famille d?un point de vue émotionnel. C?est un équilibre très particulier qui n?est pas facile à atteindre.<strong>Mel, l?aspect «</strong><strong> </strong><strong>marionnettiste</strong><strong> </strong><strong>» du rôle </strong><strong>a-t-il été compliqué à gérer</strong><strong> </strong><strong>?</strong><strong>Mel Gibson</strong><strong> </strong><strong>:</strong> Jouer ce rôle implique effectivement de nombreuses contraintes techniques. J?ai un truc sur la main que je dois faire vivre et avec lequel il faut cohabiter. C?est un peu comme si je devais interpréter deux personnages, en fait. On se perd parfois entre les deux.<strong>Il paraît que vous aviez des crampes </strong><strong>au début...</strong><strong>Mel Gibson</strong><strong> </strong><strong>:</strong> Ça peut sembler ridicule, mais faire parler la marionnette, l?animer devient vite fatigant. Il faut savoir s?arrêter au bon moment et se faire masser avant d?y retourner. Le plus étonnant, c?est que dès que vous enfilez ce machin, vous vous surprenez à dire des choses que vous n?oseriez pas exprimer en temps normal. C?est assez grisant, même pour moi qui suis connu pour dire à peu près tout ce qui me passe par la tête... Ce castor est dangereux, il m?autorise à dire tout et n?importe quoi, de préférence quand la caméra ne tourne pas...<strong>Avez-vous ramené l?animal chez vous </strong><strong>pour passer un peu de temps avec lui</strong><strong> </strong><strong>?</strong><strong>Mel Gibson</strong><strong> </strong><strong>:</strong> Oui, je le ramenais avec moi le soir pour m?entraîner. On est devenus assez intimes lui et moi. <em>(Rire.)</em>
Jodie Foster engage Mel Gibson pour son nouveau film
A l'occasion de la projection à Cannes, hors-compétition, du <em>Le Complexe du Castor</em>, le magazine <em>Première</em> dévoile sur le web une interview de <strong>Jodie Foster </strong> et de <strong>Mel Gibson</strong>.<strong>Jodie Foster au photocall du <em>Complexe du castor</em></strong><strong>Bande-annonce du<em> Complexe du castor</em></strong> <strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong>Pour tout savoir sur le festival de Cannes 2011, c'est ici !</strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong>
A l'occasion de la projection à Cannes, hors-compétition, du Le Complexe du Castor, le magazine Première dévoile sur le web une interview de Jodie Foster et de Mel Gibson.Jodie Foster au photocall du Complexe du castorBande-annonce du Complexe du castorPour tout savoir sur le festival de Cannes 2011, c'est ici !
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