DR

Dès le vendredi 20 septembre, TF1 lancera la quatrième saison de MasterChef. Deux des jurés, Yves Camdeborde et Sébastien Demorand reviennent longuement sur cette saison et toutes les nouveautés qui lui sont propres. Interview.

Pour cette saison de MasterChef, il n’y aura pas de casting, l’émission commence directement à 18. C’était une bonne ou une mauvaise surprise ?Sébastien Demorand : Une surprise tout court. C’est drôle de démarrer comme ça parce que cela implique de démarrer très très vite, d’aller rapidement à l’essentiel et de cerner tout de suite des choses, d’avoir des éléments d’informations qui nous permettent de travailler avec eux après.Le fait qu’il y ait une femme qui vous rejoigne dans le jury…Yves Camdeborde : Ce n’est pas le fait que ce soit une femme, ce n’est pas le problème.Sébastien Demorand : C’est une chef !Yves Camdeborde : En plus elle déteste cela, elle déteste qu’on lui donne le rôle de femme féminine !Qu’est-ce que l'arrivée d'Amandine Chaignot a changé ?Yves Camdeborde : Amandine a cassé notre rythme. On avait une forme d’appréhension tous les trois parce qu’avec Sébastien et Frédéric (ndlr, Frédéric Anton), on a plus besoin de parler, on se regarde dans les yeux et on sait ce qu’on pense. Rien que le fait de déguster, on sait grosso modo ce qu’on va dire, et c’est vrai qu’on était rentrés dans une forme de routine. On est un vieux couple. Amandine a basculé un peu tout cela. Mais elle s’est intégrée avec beaucoup d’intelligence, beaucoup de gentillesse et elle a amené un regard différent. Ce qui nous a permis aussi à nous d’avoir une autre réflexion.Sébastien Demorand : Je me souviens sur une dégustation, par exemple, Yves, Fred et moi, on n’était pas hyper emballés, ça nous excitait pas. Mais Amandine nous a dit "Regardez c’est vachement intéressant, c’est une proposition végétarienne qui nous est faite". Et nous on n’avait pas vu cela au moment de la dégustation, on ne le ressentait pas. Cette façon qu’elle a de dire "Regarde cette assiette elle n’est pas conne pour telle et telle raison", et là tu la regardes et tu dis "Ha ouais d’accord. Pas bête !".Yves Camdeborde : On a redémarré une nouvelle émission nous. Comme on était sur les trois premières années, la mécanique était identique, répétitive et là Amandine arrive et Carole s’en va. Ça nous a fait tout drôle de commencer sans Carole, Amandine arrive, on casse la routine, il ne s’est jamais passé la même chose ! Les années précédentes, tout était cadré. On arrivait, on savait déjà ce qu’on allait faire. Là tout a changé, toutes les épreuves ont changé, on s’est fait bousculer nous aussi. J’ai ressenti une nouvelle émission ! Ce n’était pas du tout pareil. Elle a instauré le débat. Elle nous a bousculés, elle nous a fait réfléchir différemment. Cela nous a permis d’avoir une réflexion différente. Au bout de quatre saisons, vous n’êtes pas lassés ?Sébastien Demorand : Non ! Est-ce que vous êtes lassé d’aller au restaurant ? Non, donc c’est pareil.Il y a eu une lassitude du public sur la troisième saison, vous n’avez pas eu vous aussi cette petite lassitude ?Yves Camdeborde : Oui, mais c’est ce qu’on disait tout à l’heure. Quand je dis que j’ai commencé une nouvelle émission cette année, voilà, c’est parce que les autres années, le lundi, je savais ce que je faisais, le mardi je savais ce que je faisais, etc. et je pense que le téléspectateur était comme moi. Ce qu’on a vécu nous, le téléspectateur l’a vécu, faut pas se voiler la face. Nous on est arrivés cette année, on a complètement été bousculés.Sébastien Demorand : La cuisine, c’est l’histoire d’une vie. Tu peux passer ta vie à manger, si tu aimes ça. Tu peux passer une vie à parler cuisine, à découvrir la cuisine. Je n’aurai pas assez de ma vie, ça fait 20 ans que je fais cela, je pense qu’à 75 ans je n’aurai pas fait le tour de la cuisine. On a, à la fois des rencontres avec des gens qui sont des amateurs passionnés, des téléspectateurs à qui on a des choses à dire, des choses à transmettre, et on a nous-mêmes des rencontres à faire. Pourquoi veux-tu qu’on soit lassés de ça ? Jamais, on ne peut pas l’être, on aime ça, c’est notre vie !Est-ce qu’il y a eu des plats marquants cette année ?Sébastien Demorand : Oui bien sûr. Le sablé, par exemple, quand on était en Guadeloupe, c’est un dessert qui est à se taper la tête contre le mur. Yves Camdeborde : Quand les jurés de The Voice sont venus, on était tous bluffés par les assiettes. C’est exceptionnel. Le petit belge, Kevin, nous fait un dressage assez géométrique sur une pomme pont-neuf, il nous fait un filet de bœuf hyper structuré, une cuisson merveilleuse et dernière, il nous met deux asperges gratinées, c’était dément ! Même moi au restaurant, parfois je ne vois pas cela.Sébastien Demorand : Je vais te donner une anecdote. Hier soir, je vais au resto, dans un bistro que je connais bien, qui était une très belle adresse, depuis ça a changé de main, etc. Ce que j’ai bouffé hier soir, et je n’étais pas seul, on était six, c’était absolument indigne ! Et dans ce cas là, on s’est dit, qu’il y a deux-trois plats de cette année, si on les mettait là, les gamins n’auraient pas à rougir. Par contre, les restaurateurs, les vrais, les professionnels, eux, auraient à rougir de ce qu’ils servent comparé aux assiettes de nos candidatsLe niveau a-t-il augmenté au fil des années ?Yves Camdeborde : Je pense que notre exigence a augmenté, et surtout cette année, parce qu’on a eu que 18 candidats, donc on les a poussé plus loin. De suite, on a eu des discours très personnalisés, donc on leur a demandé d’aller beaucoup plus loin. Je pense même qu’à un moment donné, on s’est regardés et on s’est demandés si on n’allait pas trop loin. On leur disait "Je veux une assiette que je peux mettre dans mon restaurant", donc ça va très loin. Mais quand on en reparle avec eux, ils nous disent que c’était génial "Ça a été compliqué, ça a été dur, vous êtes intransigeants mais merci". Quand eux te disent merci, c’est qu’on a fait notre job.S’il y a une cinquième saison vous y serez ?Yves Camdeborde : Est-ce que ça se refuse ? Ce qu’on fait c’est magique. On parle de cuisine, on voyage, on rencontre, on va dans des régions françaises, on est reçus comme des princes, ils arrivent à nous, ils sont fiers de nous rencontrer.Sébastien Demorand : Et puis surtout, nous, on est fiers de les mettre en avant Yves ! Ce n’est pas pour nous. Elsa Minot