Le cinéaste Bigas Luna est décédé aujourd’hui samedi 6 avril, d’après le site d’informations catalan delCamp.Né en 1946 à Barcelone, Bigas Luna est très vite passionné de peinture et de dessin. Viré de sa fac d’économie en 1968, il se tourne vers le métier de décorateur tout en exposant ses œuvres picturales plus ou moins régulièrement. Il tourne des courts-métrages érotiques (qui seront rassemblés en 1977 sous le titre Historias impúdicas) et le premier long sortira en 1978 : Bilbao, un huis clos où un taré séquestre une prostituée, est sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes. Suivront en 1979 le polar Tatuaje (1979) d’après Manuel Vázquez Montalban et la comédie Caniche. Il part en 1980 à Los Angeles tourner l’oublié Renacer (1981) avec Dennis Hopper en prêtre enquêtant sur un homme possédant les stigmates de Jésus, puis il revient en Espagne pour le drame Lola (1986) avec Angela Molina et surtout le remarqué Angoisse (1987), un des films d’horreur mètre-étalons du genre ibérique avec sa mise en abyme et son script psycho.Mais le succès vient véritablement en 1990 avec Les Vies de Loulou,  film limite porno soft où Francesca Neri joue la vie sexuelle d’une jeune fille dans le Madrid underground jusqu’à l’autodestruction. C’est aussi le premier rôle dans un long-métrage de Javier Bardem, qui joue un partouzeur borderline et passe le film nu. L’acteur retrouve Bigas Luna dans ce qui allait être le film le plus connu du réalisateur, Jambon, Jambon, comédie érotique sortie en 1992. Bigas Luna remporte pour ce film le lion d’argent du meilleur réalisateur au Festival de Venise 1992 (ex æquo avec Un cœur en hiver de Claude Sautet et Hotel de Lux de Dan Pita). Avec son érotisme torride et ludique, ses provocs visuelles, Jambon, Jambon, tourné dans le désert de Saragosse autour d’une usine de sous-vêtements, met à mal la virilité et le désir sexuel. Et surtout révèle au monde ébahi Penélope Cruz, 16 ans à l’époque, dans son premier film de cinéma (la suite : en 2010, Cruz épouse Bardem).Il ne retrouvera pas pareil succès. Restant dans sa veine érotico-clinquante, Bigas Luna fait encore tourner Bardem dans Macho en 1993 (il joue un entrepreneur flamboyant et viril rêvant de construire le plus gros building de Benidorm). En 1994, La Lune et le téton est un conte onirique co-produit en France sur l’obsession d’un gamin pour la poitrine féminine et reçoit le prix du meilleur scénario à Venise. Bámbola (1996) est un thriller érotique tournant autour d’un triangle amoureux, et Olivier Martinez et Romane Bohringer embarquent pour une romance plus subtile que d’habitude dans La Femme de chambre du Titanic (1997). Penélope Cruz revient chez Bigas Luna en 1999 dans le drame historique Volavérunt sur le meurtre de la Duchesse d’Albe en 1802, modèle du peintre Goya pour La Maja desnuda. Son de Mar (2000) est un drame romantique minimaliste au bord de la mer (avec Leonor Watling, deux ans avant Parle avec elle), et Bigas Luna tente de retrouver son côté délirant et provocateur avec Yo soy la Juani en 2006. Elsa Pataky est l’héroïne de son dernier long, Didi Hollywood, où une actrice espagnole tente de percer aux Etats-Unis. Au moment de sa mort, le réalisateur était en train d’entamer la production de Segon origen, un film de science-fiction où deux gamins survivent dans une Terre post-apocalyptique.

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