Première
par Gérard Delorme
Près de dix ans après Nobody knows, Kore Eda revient au monde de l’enfance avec une vision plus optimiste. Peut-être la paternité y est-elle pour quelque chose (entre-temps il a eu une fille). Toujours est-il que les enfants qu’il met en scène aujourd’hui ne sont pas aussi accablés qu’avant, même si le cinéaste n’a rien perdu de sa lucidité sur le monde contemporain. La première partie, qui se concentre sur les deux frères séparés, détaille au jour le jour les effets du divorce à la fois sur eux-mêmes et sur leurs parents. Les dégâts sont durables, et le rapprochement improbable. Cinq autres enfants les rejoignent, chacun avec des problèmes qu’ils souhaitent voir régler à l’issue de leur périple. Comme dans tout road-movie, le but importe autant que le voyage lui-même, rendu extrêmement vivant par une série de micro évènements qui ont la spontanéité d’un documentaire. Kore-Eda, très à l’aise avec les acteurs de tous âges, a été particulièrement servi avec ses deux interprètes principaux, les frères Maeda Maeda. En découvrant ce duo comique au cours d’une audition, il a changé son scénario qui prévoyait un frère et une soeur. Sa capacité d’adaptation est totalement au diapason de la morale du film. Le titre japonais dit explicitement que les enfants attendaient un miracle (Kiseki) de leur aventure. En apprenant à faire la part entre le rêve et le réel, ils ont chacun acquis une forme très orientale de sagesse qui passe par l’acceptation.