Agente immobilière au chômage, Constance revient dans sa ville natale car un poste s'y libère. Quand une concurrente de 20 ans lui passe devant, la quadragénaire prend les choses en main.
Jusqu’où ira Constance pour décrocher un emploi ? Comme l’annonce le titre, le premier film de Sébastien Marnier épouse le point de vue buté de son héroïne, jusqu’à l’absurde et la névrose. Dans un écrin formel très sobre, baigné d’une lumière estivale étouffante et mis sous tension par les synthétiseurs post-Carpenter de Zombie Zombie, ce portrait de femme "prête à tout" distille progressivement son malaise. Tandis que Constance échafaude son plan de reconquête professionnelle, la chronique déprimée d’un retour aux sources provinciales se double d’un thriller psychologique chabrolien. Dans le rôle de cette quadra qui préfère aiguiser ses dents plutôt que de se faire boulotter par la concurrence déloyale de la jeunesse (plus séduisante, moins coûteuse), Marina Foïs est bluffante. Avec ses cheveux peroxydés de femme fatale et sa tenue de jogging kitsch d’éternelle ado, l’ex-Robin des Bois compose le genre d’anti-héroïne mi-humaine mi-monstrueuse qu’affectionne tant Isabelle Huppert : c’est un bloc de volonté granitique niché dans un corps fluet, un Terminator en talons hauts. Mise en valeur par un solide casting, sa présence tour à tour espiègle et glaçante, presque burlesque par moments, donne à ce film (un peu trop) rondement mené ses brisures imprévisibles. Eric Vernay