Buster Keaton est un acteur, réalisateur, scénariste, humoriste et producteur américain né la 4 octobre 1895 à Piqua, au Kansas, et décédé le 1er février 1966 à Hollywood. De son vrai nom Joseph Frank Keaton Junior, il est avec Charlie Chaplin l'acteur le plus célèbre du début du XXème siècle et de l'ère du cinéma muet. C'est d'ailleurs par contraste avec Charlot qu'il est surnommé "L'homme qui ne rit jamais".
Il grandit au sein d'une famille d'acteurs de cabarets. Il rejoint ses parents sur scène dès l'âge de trois ans, avec le surnom de "Buster", pouvant se traduire par "casse-cou" ou encore "pote". La famille forme les Three Keatons et se produit à travers les Etats-Unis, notamment sur la scène du Bill Dockstader's Wonderland Theatre de Wilmington.Ce n’est qu’en 1917 qu’il décroche ses premiers rôles au cinéma dans les films muets de Roscoe 'Fatty' Arbuckle, notamment Fatty Boucher (1917), Fatty cuisinier (1918) et Fatty au village (1919). Voulant maîtriser son art dans toutes ses dimensions, Keaton passe derrière la caméra et choisit de réaliser ses propres films. Il joue son premier grand rôle dans le court métrage La Maison démontable, en 1920. Il enchaîne ensuite avec d’autres courts, notamment, Frigo déménageur ou Frigo à l'Electric Hotel (1922), dans lequel il prouve véritablement son talent de comédien et forge son expérience de metteur en scène. C’est durant cette période que naît le personnage de Malec, introverti et ne souriant jamais, image qui collera à la peau de l’acteur et qui lui vaudra le surnom de "l’homme qui ne rit jamais", en opposition à Charlie Chaplin.
Premier long métrage
Keaton excelle dans le genre burlesque. Il se lance alors dans le long-métrage avec un premier film, Les Trois Ages en 1923. Il s’agit d’une parodie du film Intolerance de D.W. Griffith. Puis il enchaîne avec Les Lois de l'hospitalité la même année.C’est toujours autour d’un homme dépassé par les évènements que cet "homme qui ne rit jamais" construit ses gags. Mais avant tout, Keaton impose, tout comme Chaplin ou Lloyd, un personnage immédiatement reconnaissable du public par son aspect vestimentaire, avec son costume et son chapeau de canotier. Keaton devient maître de la comédie burlesque. Il construit ses gags avec une précision telle qu’on parle de mécanique Keatonienne. Mais il sait toujours surprendre son public, avec des gags étonnants d’adresse comme celui de sa transformation en une vieille femme dans Sherlock Junior en 1924 (film sur le tournage duquel il se brisa le coup suite à une cascade).Dans le milieu des années 20, Buster Keaton est au sommet de son art. Il joue dans La Croisiere du Navigator ou encore Le Mécano de la General, réalisé en 1927, où il fait une partie de Mikado géante avec des grandes bûches de bois. Sa collaboration dans la réalisation de ses films avec Edward Sedgwick nous a légué de grands films comme La Caméraman (1928), Le Figurant (1929) et Le metteur en scène (1930)
.L'arrivée du cinéma parlant
Mais, à la fin des années 1920, Keaton se trouve complètement démuni face au cinéma parlant. Son art visuel ne fonctionne plus et ses premiers essais ne sont pas convaincants. La voix ne colle pas au personnage. En 1928, suite à l’expiration de son contrat avec le producteur indépendant Joe Schenck, il en signe un nouveau, sans aucun enthousiasme, avec la MGM. Celle-ci s’empare alors de Buster Keaton. Elle fait travailler ses gags par une équipe de scénaristes, le fait doubler pour les cascades (alors qu’il les réalisait toutes lui-même depuis ses débuts) et veut faire de ce génie comique un pur produit commercial. L’homme se bat pendant un temps, puis abandonne.N’étant plus maître de son art et n’ayant plus aucune autonomie artistique, Keaton va peu à peu se faire de plus en plus discret. Pendant quarante ans, il continue de réaliser et de jouer dans un grand nombre de films sans grande réussite : Le roi de la bière (1933), La fiesta de Santa Barbara (1935), Ditto (1937), San Diego I love you (1944) ou encore Eve éternelle (1946).
Un déclin inexorable
Durant cette période, la vie sentimentale de Keaton bat de l’aile. Marié à Natalie Talmadge, une actrice de cinéma muet également et belle-sœur du producteur Joe Schenck, il divorce en 1932. Le comique sombre peu à peu dans l’alcool et trouve refuge chez sa deuxième épouse, Mae Scriven, avec laquelle il restera trois ans. Et c’est avec sa troisième épouse, Eleanor Norris, qu’il finira ses jours.En 1950, Il fait une apparition aux côtés de Gloria Swanson, William Holdenet et Erich Von Stroheim dans le remarquable film de Billy Wilder, Boulevard du crépuscule. Dans ce long-métrage, nommé dans trois catégories lors des Oscars, la participation de Keaton est mineure. C’est seulement pour faire allusion à l’époque du muet que le réalisateur fait appel à lui, tout comme H.B. Warner et Anna Q. Nilsson.Deux ans plus tard, plusieurs vieux films de Keaton son retrouvés dans sa maison de Hollywood, qui appartient désormais à James Mason. Un travail de restauration et de préservation est alors effectué sur les bandes et des films comme Le mécano de la général ou Sherlock Jr. sont redécouvert.
Dernier tour de piste
En 1956, Charles Chaplin offre à Keaton un rôle à ses côtés dans son dernier film, Les Feux de la rampe, qui a le mérite de réunir les deux génies comiques avant de mettre fin à leurs carrières respectives. Trois ans plus tard, Buster Keaton reçoit un Oscar pour l’ensemble de sa carrière. L’acteur voit également sa biographie portée à l’écran, même si plusieurs détails du films ne correspondent en rien à la réalité. Donald O’Connor interprète Keaton dans L’homme qui n’a jamais rit, réalisé par Sidney Sheldon. Il tournera encore quelques films jusqu’en 1966, notamment Film, un court métrage muet de Samuel Beckett réalisé en 1965.Buster Keaton meurt le 1er février 1966 d’un cancer du poumon, à Woodland Hill en Californie. Il ne se savait absolument pas atteint d’une telle maladie, persuadé qu’il ne s’agissait que d’une bronchite.En dix ans de carrière seulement, à savoir les années 20-30, Keaton a réussi à jouer et réaliser une dizaine de films qui marquent définitivement l’histoire du cinéma. Son œuvre cinématographique est considérée comme une référence du genre burlesque. Il est incontestablement le grand poète du cinéma muet.