westworld-finale
hbo

Le deuxième chapitre nous a tellement baladé dans son labyrinthe virtuel et temporel, qu'on a fini par lâcher prise.

La question n'est pas tellement de savoir si l'on a compris, au bout du compte, la saison 2 de Westworld. D'une manière générale, on ne peut pas dire que la série n'a pas donné de réponses aux questions qu'on se posait, au terme de la saison 1. Sauf que le chemin a été tellement tortueux, le labyrinthe tellement alambiqué, qu'à l'arrivée, on n'a même plus envie de savoir.

Certes, on a bien percuté que le but de Delos était de copier les cognitions des millions de visiteurs du parc, afin de perfectionner la transposition de l'esprit humain dans un nouveau corps (et d'avoir ainsi la capacité de fabriquer la vie éternelle). Oui, on a bien compris que les androïdes esclaves avaient réussi à s'enfuir dans un Eden numérique (la fameuse "Valley Beyond"). D'accord, on a aussi parfaitement intégré le fait que Dolores, cachée dans un clone de Charlotte Hale, avait choisi d'aller se confronter au monde réel, pour mieux anéantir l'espèce humaine (à qui elle en veut décidément beaucoup). Et on a également parfaitement assimilé le fait que Bernard a été l'instrument de Ford, dans tout ça. Mais comment en est-on arrivé là ? Pourquoi ? Et quel intérêt au final ? On est bien incapable de vous le dire aujourd'hui...

Westworld : premières révélations sur la saison 3

Maintenant qu'elle est bouclée, la saison 2 de Westworld laisse, à nous comme à beaucoup de gens, une vilaine impression générale. Le sentiment qu'on a assisté à un jeu de dupes sans joie. Un casse-tête délibérément insoluble, qui nous a trimbalé d'une timeline à une autre, d'une réalité à une autre, pour mieux nous perdre en chemin. Comme si Jonathan Nolan et Lisa Joy, échaudés par les découvertes et les théories des fans en 2016 (notamment sur le jeune et le vieux William), avaient décidé de rajouter un niveau (voire plusieurs) de difficulté, histoire de s'assurer que personne ne pourrait décoder leur histoire, avant la résolution finale.

C'est indéniable, il fallait vraiment être ultra-motivé, pour suivre le fil d'Ariane des deux showrunners cette année, et ne pas se perdre dans leur labyrinthe. Bien souvent, on s'est senti trop con, pour remonter le fil de cette histoire aux couches infinies. Et il faut bien avouer que, les épisodes passant, l'agacement a pris le pas sur le plaisir. Et ce ne sont pas les introductions incroyablement anecdotiques des parcs Indien et Japonais (Raj World et Shogun World), qui nous aurons fait nous lever la nuit...

Si le casting reste impressionnant (Jeffrey Wright et Tessa Thomson ont été particulièrement bluffants cette année), si la photographie et les décors demeurent magnifiques et si le concept général de Westworld s'avère toujours aussi intrigant, suivre le drama HBO s'est apparenté, cette année, à une corvée. Jusqu'à ce final de 90 minutes, symptomatique de la saison 2, boursouflé et épuisant.

"Je comprends parfaitement les critiques", commente Jonathan Nolan dans EW, avant de se défendre : "Si certaines personnes n'ont pas réussi à suivre, c'est comme ça... Mais si vous prenez le premier film sur lequel j'ai travaillé, en l'occurrence Memento, il était carrément raconté à l'envers ! Alors personnellement, j'ai toujours eu une grande confiance dans la capacité d'un certain public à suivre une narration compliquée et non linéaire, mais aussi à l'embrasser et à l'apprécier pleinement. Ce sont pour ces gens-là que nous faisons cette série".

Des gens probablement plus brillants que nous. Peut-être plus misanthropiques aussi. Parce que le message véhiculé, au bout du compte, par cette saison 2, a de quoi nous faire tomber de la chaise : globalement, Nolan et Joy nous disent que la race humaine est brisée, qu'elle est égoïste, vouée à sa propre destruction, incapable d'évoluer réellement et d'apprendre des erreurs du passé... A l'inverse, les héros de la série - les gentils «hôtes» - sont présentés comme des successeurs parfaits aux Hommes, dont le destin serait potentiellement de remplacer leurs créateurs défectueux.

"Je sais que je suis en décalage avec le grand moment d'optimisme qui régit en ce moment l'humanité et cette grande chaleur humaine que nous vivons chaque jour...", lance Nolan dans EW, avec sarcasme. "Non mais sérieusement c'est un désastre. Un désastre total. Et chaque fois que j'allume les infos, je tombe sur une tonne de choses qui rappelle nos ratages. Honnêtement, je suis entouré par les merveilles des créations de l'humanité. J'ai des enfants et Lisa me rappelle chaque jour combien il y a de la beauté dans l'humanité. Mais dès qu'on regarde les infos, on voit à quel point c'est la merde (...) C'est comme si nous n'arrivions pas à comprendre certaines choses. Nous y revenons encore et encore. C'est comme s'il y avait un défaut, une faille dans notre code - et c'est le prémisse de notre deuxième saison - et ça nous suit, partout où nous allons. On ne s'en sort juste pas. Toutes les belles choses que nous faisons, nous trouvons toujours un moyen de tout gâcher." C'est marrant, on commence à se dire la même chose d'une certaine série...

A lire aussi sur Première

Evil : la divine surprise (critique)

La nouvelle création de Robert et Michelle King (The Good Wife) prend la forme d'un thriller mystique angoissant et passionnant, qui arrive enfin en clair, sur TF1, cette nuit...