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Kelly McGillis dans "Top Gun", en 1986.

Kelly McGillis dans "Les Accusés", en 1988.

Kelly McGillis à Los Angeles, en 2010.

Kelly McGillis dans "Top Gun", en 1986.

Kelly McGillis dans "Witness", en 1985.

Kelly McGillis dans "Top Gun", en 1986.

Kelly McGillis à Los Angeles, en 2010.

Kelly McGillis dans "Les Accusés", en 1988.

Kelly McGillis à Los Angeles, en 2010.

Alors que Teva diffuse ce soir à 20h40 le formidable Witness de Peter Weir, où en est aujourd'hui Kelly McGillis ?

Il existe de nombreux artistes qui connaissent un immense succès pendant une courte période. Ce succès peut se caractériser par exemple par quelques films qui ont triomphé à une certaine époque, une couverture médiatique énorme à un moment donné, ou un Oscar de la meilleure actrice pour un rôle isolé. Et puis soudain, plus rien (ou presque), ces artistes tombent subitement dans l'oubli et l'anonymat aussi vite qu'ils ont attiré la lumière. Ils disparaissent de l'écran radar sans rien laisser d'autres que des souvenirs plein la tête, des souvenirs nostalgiques de cinéphiles.

Parfois dû à un retrait choisi, tout simplement pour changer de vie, élever des enfants, ou évoluer vers d'autres sphères. Ou à l'opposé, ce retrait peut être provoqué à cause du vieillissement, du temps qui passe, et donc, du manque d'intérêt des studios et des productions. Ces disparitions soudaines sont d'autant plus surprenantes qu'elles se développent d'une façon exponentielle avec le temps. En effet, aujourd'hui, combien de Mary Elizabeth Mastrantonio, de Meg Ryan, ou de Rebecca de Mornay presque oubliées pour une Meryl Streep toujours au sommet ? Une carrière est un travail de longue haleine, un investissement perpétuel. Et il faut compter sur une bonne dose de chance aussi.

A travers cette rubrique baptisée "Mais qu'est devenu(e)... ?", nous vous proposons régulièrement de vous replonger dans une époque, une période, une filmographie, une histoire. Celle d'un comédien ou d'une actrice qui aura marqué le septième art de son empreinte avant de disparaître aussi vite qu'il ou qu'elle était venu(e).

Mais qu'est devenue... Kelly McGillis ?

Il aura suffi d'une scène, d'un plan, d'un regard. En 1985, une ravissante blonde à la pureté exacerbée explose au générique de Witness, de Peter Weir, dans le rôle d'une mère amish protégeant son fils témoin d'un meurtre. Aux côtés du flic Harrison Ford et du jeune Lukas Haas, le monde entier découvre la grâce de Kelly McGillis, beauté naturelle et diaphane de 27 ans. Les scènes cultes et naturalistes se succèdent dans ce premier film hollywoodien du réalisateur australien - de la scène de danse, au montage de la grange, en passant par un moment dans la paille et une vision topless achevée par une porte qui se referme -, et Witness propulse d'une façon aussi soudaine que magique sa jeune interprète dans la lumière.

L'année suivante, celle qui n'était encore considérée que comme une jeune actrice prometteuse - Witness lui avait en effet offert une nomination aux Golden Globe Awards et aux BAFTA Awards ainsi que de figurer dans la liste des meilleurs espoirs hollywoodiens de l'année -, allait devenir un sex-symbol planétaire grâce au rôle de Charlotte "Charlie" Blackwood, l'instructrice sexy dont les talons claquent dans les travées de l'académie Top Gun, le triomphal et cultissime long clip du regretté Tony Scott sorti en 1986.
Avec le jeune Tom Cruise, 23 ans à l'époque, la belle blonde à la mâchoire carnassière et à la plastique irréprochable forment l'un des couples mythiques et emblématiques des années 80. Leurs ébats en ombres chinoises entre une partie de beach-volley torse nu et une promenade en moto à gueuler après un F-16 au décollage sont encore dans toutes les mémoires, et dans le cas contraire, il suffit de trois notes du tube Take my breath away de Berlin pour nous remémorer ces images ancrées dans l'inconscient collectif.

Deux ans plus tard, auréolée de ces deux cartons qui lui ont apporté crédibilité - Witness - et succès monumental - Top Gun -, Kelly se tourne vers un projet qui lui tient particulièrement à cœur : Les Accusés. Une histoire de viol et de procès que prépare Jonathan Kaplan et qui narre le combat de l'avocate Kathryn Murphy pour défendre Sarah Tobias, une jeune femme qui a été violée par trois hommes dans un bar sous l'œil passif, voire complaisant, des autres clients de l'établissement. Un film fort et puissant, sans compromis, pour lequel Jodie Foster - dans le rôle de Sarah Tobias - recevra l'Oscar de la meilleure actrice en 1989, alors que Kelly proposera avec le rôle de Kathryn Murphy l'une de ses plus belles prestations.
Précisons que ce projet tenait particulièrement à cœur à Kelly. Il lui rappelait l'un des pires épisodes de sa vie : en février 1982, Kelly et sa colocataire avaient été agressées et violées par deux hommes qui étaient entrés de force dans leur appartement de New York. C'est cet épisode tragique qui poussa Kelly à accepter ce rôle, comme pour boucler la boucle avec l'un de ses plus profonds traumatismes.

Ce troisième succès en trois ans aurait pu (dû ?) définitivement assoir Kelly McGillis comme l'une des plus grandes stars hollywoodiennes des années 80 et 90. Il marquera pourtant le début de sa chute.
L'année suivante, en 1989, elle épouse en deuxième noce Fred Tillman et elle donne naissance dans la foulée à une première fille, Kelsey. Puis, au début des années 90, un scénario de Joe Eszterhas est en train de créer le buzz à Hollywood et toutes les plus belles et jeunes actrices du moment sont prêtes à se battre pour faire partie du projet. Il s'agit d'un thriller sexy intitulé Basic Instinct et le réalisateur Paul Verhoeven est en train de rechercher la mante religieuse qu'il opposera à Michael Douglas. Dans la short-list du réalisateur hollandais figure notamment Kim Basinger, Michelle Pfeiffer, Geena Davis, Ellen Barkin, Sharon Stone et Kelly McGillis, mais c'est surtout entre ces deux dernières que le cinéaste hésite.
La seconde grossesse de Kelly au moment du casting - elle donnera naissance à une deuxième fille, Sonora - aura raison de cette compétition. Kelly se retire du projet, et la méconnue Sharon Stone monte les marches du Festival de Cannes en mai 1992. Elle en redescend deux heures plus tard dans la peau d'une star planétaire.

Dès lors, Kelly se consacre à l'éducation de ses deux filles. Pendant une dizaine d'années, on ne la verra que rarement, apparaissant par exemple en 1994 dans L'Irrésistible North de Rob Reiner, ou la comédie romantique Premier Regard d'Irwin Winkler, mais il n'est déjà plus question de premiers rôles et Kelly sait qu'après une douzaine d'années de présence médiatique et artistique en pointillés le train est définitivement passé.

Elle divorce de son deuxième mari en 2002 et s'enrôle dans quelques séries ou téléfilms inédits en dehors des frontières américaines. Dans le bar qu'elle a créé à Key West (en Floride) et qu'elle a baptisé le "Kelly's", elle rencontre Melanie Leis qui officie alors en tant que barmaid dans l'établissement de l'actrice. C'est le coup de foudre entre les deux femmes. Après une nouvelle tentative de retour - notamment à travers quelques rôles d'homosexuelles comme en 2008 dans la série The L Word -, Kelly met un terme aux rumeurs qui courent depuis plusieurs années sur son compte et fait publiquement son coming-out lors d'un entretien au site SheWired.com.

Ces dernières années, après avoir travaillé en tant que soutien psychologique avec des drogués et des alcooliques dans le cadre du Seabrook House Drug Alcohol Rehab Center, Kelly est revenue à ses premières amours, et elle donne aujourd'hui, à 58 ans, des cours d'art dramatique à la New York Studio for Stage & Screen, à Asheville, en Caroline du Nord, où elle vit avec sa femme, Melanie, épousée en 2010.