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Vice-Versa, Anomalisa, Le Garçon et le Monde, Shaun le Mouton et Souvenirs de Marnie sont en lice.

L’année 2016 marquera la remise du 15e Oscar du film d’animation. Cinq films concourent pour l’occasion : Vice-Versa, Anomalisa, Le Garçon et le Monde, Shaun le Mouton et Souvenirs de Marnie. Avant la création de cette distinction en 2002, seuls trois projets animés avaient été honorés aux Oscars : Blanche-Neige et les Sept Nains, en 1939, Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, en 1989, et Toy Story, en 1996, mais ils n’avaient pas été en compétition contre d’autres projets, puisqu’il s’agissait de statuettes remises "pour (leur) contribution spéciale dans l'histoire du cinéma". En 1992, pour la première fois, un long-métrage animé était nommé dans la catégorie meilleur film : La Belle et la Bête. C’est cependant Le Silence des Agneaux qui remporta le trophée. Depuis, cela s’est reproduit seulement deux fois : en 2010 avec Là-Haut et un an plus tard avec Toy Story 3. Ces deux-là étaient également nommés parmi les films d’animation et ils ont d’ailleurs été honorés dans cette catégorie.

Alors que la 88e cérémonie des Oscars approche à grands pas (elle se tiendra dans la nuit de dimanche à lundi à Los Angeles), zoom sur ses candidats.

Vice-Versa de Peter Docter
Pixar est le grand gagnant de cette catégorie depuis sa création. Sur 14 prix, le studio en a remporté la moitié ! Le Monde de Nemo a été oscarisé en 2004, suivi par Les Indestructibles l’année suivante. A partir de 2008, quatre projets du studio ont été récompensés coup sur coup : Ratatouille, Wall-E, Là-Haut et Toy Story 3. Rebelle a également reçu la statuette en 2013.

Pete Docter a donc déjà été honoré il y a sept ans pour Là-Haut, et son nouveau film fait figure de favori cette année : il a déjà remporté 60 prix, dont le Golden Globe du meilleur film d’animation. Notons qu’il est également nommé à l’Oscar du meilleur scénario original, en plus de cette catégorie. Il faut dire qu'il est précédé d’excellentes critiques, étant notamment apprécié pour son concept original (les émotions prennent vie dans la tête d’une fillette) et son traitement bouleversant. Vice-Versa a été chaleureusement accueilli par le public : fort de 856 millions de dollars récoltés dans le monde, il s’agit du 3eplus gros succès de Pixar. 

 


On a pleuré devant Vice Versa

Anomalisa de Charlie Kaufman et Duke Johnson
Face au budget phénoménal de Vice-Versa (officiellement 175 millions de dollars sans compter sa promotion), les concurrents ne boxent pas vraiment dans la même catégorie, même s’ils sont chacun à leur manière très réussis. Anomalisa a par exemple coûté une poignée de millions de dollars, grâce à une campagne Kickstarter. S’il en a rapporté "seulement" 2,4 millions, il a été acclamé par la critique et a notamment reçu 18 prix durant la saison des cérémonies américaines. Sa présentation à la Mostra de Venise a particulièrement marqué les esprits.

Ce film d’animation indépendant a plus de points communs thématiques avec Inside Out qu’on pourrait le croire de prime abord, même s’il s’adresse avant tout aux adultes, contrairement au Pixar qui parvient à toucher aussi bien les petits que les grands. Il s’intéresse aux pensées intimes d’un homme malheureux, et met au point toutes sortes de stratagèmes (notamment une utilisation très particulière des voix) pour plonger les spectateurs dans l’esprit hors du commun de son "héros". Animé en stop motion à l’aide de marionnettes et de décors amovibles minuscules, Anomalisa a demandé une préparation particulièrement minutieuse.

Anomalisa : un étrange et superbe conte de fées pour adultes

Ce projet fait à première vue figure d'outsider, mais s'il remporte la statuette, le message sera fort de la part des membres de l'Académie, car ce sera la première fois dans l'histoire des Oscars que le prix du meilleur film d'animation ne sera pas remis à une production familiale. Car si plusieurs longs-métrage ayant reçu le prix s'adressaient aussi aux adultes (notamment Rango en 2011), ils étaient jusqu'ici tous visibles par des enfants.

 


Shaun le Mouton de Mark Burton et Richard Starzak
Egalement filmé en stop motion, le dernier-né des studios Aardman s’inspire de leur série animée à succès, avec une production pour toute la famille. L’humour est au rendez-vous, hommes et animaux y baragouinent toujours un langage incompréhensible, et le seul changement majeur est que Shaun et ses copains vont vivre la majeure partie de cette aventure en ville, et non dans leur campagne douillette. Le style "so British" du studio a déjà conquis les Oscars il y a 11 ans avec Wallace et Gromit : Le Mystère du Lapin-Garou. Shaun a ses chances, donc, surtout qu’il a reçu 99% d’avis positifs dans la presse anglophone ! En revanche, son succès au box-office n’atteint pas celui de son aîné : il a rapporté 83,5 millions de billets verts contre 192,6 pour Le Lapin-Garou et 224,8 pour Chicken Run.

 


Souvenirs de Marnie de Hiromasa Yonebayashi 
Si la distribution de Souvenirs de Marnie, via GKIDS, a été très limitée aux Etats-Unis (il est sorti dans 57 salles contre 4946 pour Vice-Versa), le long-métrage du créateur japonais d’Arrietty a été soutenu dans la presse, apprécié pour sa poésie et son animation classique. Nommé à cinq reprises, le studio Ghibli a jusqu’ici reçu un Oscar, en 2003, pour Le Voyage de Chihiro. Cette jolie histoire d'amitié sera-t-elle à la hauteur ?

 


Le Garçon et le monde d’Ale Abreu
Dans ce film d’animation brésilien, un petit garçon part à la recherche de son père. Sa quête initiatique le mène de découverte en découverte par le biais de la musique, plutôt qu’en misant sur des dialogues. Si sa sortie américaine est passée inaperçue (19 salles, moins de 100 000 dollars de recettes), son accueil fût chaleureux après sa double victoire au festival du film d’animation d’Annecy (prix du public et meilleur film). Un joli coup pour GKIDS, qui a réussi à imposer deux films d’animation indépendants aux Oscars, doublant ainsi quelques grosses productions du genre comme Snoopy, Les Minions ou Le Voyage d’Arlo.

Le Garçon et les Monde : Quasiment sans dialogues, ce conte confine à l’hypnose

 


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