Le classique d’Eric Rohmer sorti en 1983 est à l’honneur ce soir de « Place au cinéma » sur France 5, présenté par Dominique Besnehard
La deuxième des « Comédies et Proverbes »
Le cinéma d’Eric Rohmer fonctionne par cycles. Et dans la foulée de ses « Six contes moraux », le cinéaste a enchaîné entre 1981 et 1987 par une autre série, celle des « Comédies et proverbes », dont – comme son nom l’indique – chacun des six titres illustre un proverbe ou une citation passée dans le langage populaire. Avant Pauline à la plage, troisième du genre, il y eut La Femme de l’aviateur en 1981 et Le Beau mariage en 1982. Après, il y eut Les Nuits de la pleine lune en 1984, Le Rayon vert en 1986 et L’Amie de mon amie en 1987. Sorti en 1983, Pauline à la plage peut se lire comme une réponse du cinéma d’auteur à deux énormes succès populaires de ces années- là : Hôtel de la plage et La Boum. Une œuvre sur la passion amoureuse où la langue rohmérienne fait une fois de plus merveille. On y suit Marion, toute jeune divorcée, le temps d’un été passé avec son cousine Pauline sur la côte normande. Un été riche en histoires d’amour inattendues. Le tout capté par la grâce du directeur de la photo Néstor Almendros, plus particulièrement influencé ici par les œuvres de Matisse.
Deux débutants au casting
Pour Pauline à la plage, Eric Rohmer retrouve trois acteurs du Beau mariage tourné quelques mois plus tôt : Féodor Atkine, Pascal Greggory et Arielle Dombasle. Mais il va aussi pour l’occasion offrir à deux comédiens leur premier rendez- vous avec le cinéma : Amanda Langlet et Simon de La Brosse. Découverte en 1979 dans le feuilleton Les Quatre cents coups de Virginie face à Anicée Alvina, celle qui tient le rôle-titre de Pauline à la plage retrouvera par deux fois Rohmer en 1996 dans Conte d’été puis en 2004 dans Triple agent. Interprète de Sylvain, ado en quête de rencontres amoureuses dans cet été normand, Simon de La Brosse, a lui été repéré par Dominique Besnehard alors qu’il travaillait comme garçon de café dans le quartier parisien de Montmartre. Dans la foulée de Pauline à la plage, il sera l’un des plus flamboyants espoirs du cinéma français des années 80, enchaînant notamment Garçon ! de Claude Sautet, L’Effrontée de Claude Miller, Désordre d’Olivier Assayas, Travelling avant de Jean- Charles Tacchella, Les Innocents d’André Téchiné avant sans doute son sommet : La Petite Voleuse de Claude Miller aux côtés de Charlotte Gainsbourg. Son destin se finira hélas tragiquement. Il se suicidera en 1998. Il avait seulement 32 ans.
Un des films de chevet de Quentin Tarantino
Célébré à son époque en recevant l’Ours d’argent du meilleur réalisateur au festival de Berlin, Pauline à la plage est aussi passé à la postérité grâce à des admirateurs célèbres, au premier rang desquels un certain Quentin Tarantino qui le conseillait à chacun des clients du vidéo- club dans lequel il bossait avant d’embrasser la carrière de cinéaste.
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