Sound of freedom : un petit navet inoffensif (ou presque) [critique]

Le phénomène de l’été 2023 au box-office américain ne mérite pas tout le bruit qu’il a produit

Alors, c’est ça Sound of Freedom ? Le succès- surprise de l’été en salles américaines (plus de 180 millions de dollars de recettes pour 15 millions de budget) sort bien en France grâce au distributeur de films religieux catholiques Saje (qui possède à son catalogue le film anti-avortement Unplanned et la production du Puy du fou Vaincre ou mourir). Et ce qu’on découvre n’est pas le brûlot complotiste tant annoncé : il s’agit simplement d’un mauvais thriller bien paresseux, vanity project de l’acteur Jim Caviezel (l’acteur de La Passion du Christ, catholique intégriste, qui est une des superstars du complotisme américain) qui joue un agent fédéral bien américain parti sauver des mômes sud-américains d’un réseau pédophile (on appelle ça un white savior dans le jargon des clichés). Sound of Freedom est par-dessus tout interminablement apathique, et comporte de loin la scène d’action la plus mollassonne qu’on ait vu en 2023. Tout cela n’est pas bien grave, sûrement ? Il y a pire, en fait : en esthétisant le calvaire subi par des enfants dans de beaux plans bien composés (musique angélique et traits de lumière paradisiaque à l’appui), le réalisateur a l’air de les transformer en véritables martyrs -et de justifier par-là leurs atroces souffrances, qui deviennent une inspiration pour les fidèles. Non, vraiment, vous avez mieux à faire de votre argent et de votre temps que passer 2h11 devant Sound of freedom. Revoir Man on Fire, par exemple, autrement plus puissant sur tous les plans.

De Alejandro Monteverde. Avec Jim Caviezel, Bill Camp, Mira Sorvino… Durée 2h11. Sortie le 15 novembre 2023