Affiches sorties de film mercredi 26 octobre 2022
Memento Distribution/ Pyramide/ Shellac

Ce qu’il faut voir en salles.

L’ÉVÉNEMENT
LA CONSPIRATION DU CAIRE ★★☆☆☆

De Tarik Saleh

L’essentiel

L’auteur du Caire confidentiel signe un nouveau thriller récompensé du Prix du scénario au dernier Festival de Cannes mais qui ne convient qu’à moitié.

Tarik Saleh avait fait sensation avec Le Caire Confidentiel (2017), thriller poisseux situé sous l’ère Moubarak qui n’avait pas plu aux autorités. Avec cette Conspiration du Caire, primé pour son scénario à Cannes, il n’a même pas tenté de poser un pied dans un pays où il est désormais jugé « indésirable » et s’est replié en Turquie. Le héros de ce nouveau long-métrage est Adam, fils d’un pêcheur qui a l’opportunité inespérée d’intégrer l’université d’Al-Azhar du Caire, « épicentre du pouvoir de l’Islam sunnite ». C’est à travers ses yeux de novices que l’on pénètre dans ce Saint des saints en pleine effervescence après la mort du Grand Iman, équivalent du Pape pour la religion catholique.  La désignation de son successeur dépasse les murs d’enceinte et des membres de la sureté de l’état vont se servir d’Adam pour noyauter l’institution de l’intérieur. Tarik Saleh a envisagé ce thriller d’espionnage comme un film de prison classique. Belle idée qu’il ne convertit qu’à moitié, la faute à un scénario usant de trop grosses ficelles. Reste une mise en scène immersive d’une grande efficacité et cette impression fiévreuse du danger permanent.  

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

MON PAYS IMAGINAIRE ★★★★☆

De Patricio Guzman

Tout à coup, le réel frappait à la porte. A la fin de La Cordillère des songes, envisagé comme un somptueux poème visuel sur l’identité du Chili millénaire, Patricio Guzman se retrouvait confronté aux luttes très contemporaines en voyant tout à coup, dans la rue, la population se soulever à cause de l’augmentation du prix des transports. Quelques mois plus tard, le documentariste exilé revenait à ses premières amours : le reportage et le cinéma direct. Fini la philosophie ou la fable : ici Guzman filme donc l’action, les femmes révoltées et la révolution en cours - qu’il regarde forcément au prisme de celle qu’il avait enregistrée en 73. Ce cri de douleur et d’espoir se révèle aussi beau que ses essais philosophiques précédents dont ce Pays Imaginaire (utopie qui renvoie autant au futur rêvé qu’au Chili de demain) pourrait être une coda brute et réelle. 

Gaël Golhen

 

PREMIÈRE A AIME

LES AVENTURES DE GIGI LA LOI ★★★☆☆

De Alessandro Comodin

Gigi, policier sympa, patrouille dans un petit bled de la province italienne. Et puisqu’ici, rien n’arrive vraiment, il faut s’inventer des histoires : décréter, par exemple que ce passant est suspect, que cette nouvelle collègue sera l’élu de son cœur... Gigi est souvent seul au volant, seul face à ses chimères et les voix hors-champs qui s’adressent à lui ne semblent s’incarner que dans son imaginaire. Le cinéaste Alessandro Comodin (L’Eté de Giacomo) ne fait pas de ces élucubrations un sujet en soi. Les croyances de son héros suffisent à dessiner un monde un peu absurde, un peu incertain mais dont la fragilité discrète finit par nous le faire aimer tout à fait. Gigi joue aussi les Julio Iglesias du bitume, roucoulant Sono un Pirata, Sono un Signore dans son bolide. La belle aventure. Le film a été récompensé d’un prix spécial du Jury mérité à Locarno cet été.

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

L’ECOLE EST A NOUS ★★☆☆☆

De Alexandre Castagnetti

Dans la droite lignée (trop pour ne pas donner le sentiment d’un bégaiement) de La Cour des miracles, cette comédie entend porter un message sur l’éducation et célébrer les enseignants qui font un pas de côté. En l’occurrence, une prof qui profite d’une grève générale pour tenter une nouvelle méthode : laisser faire à ses élèves ce qu’ils veulent. Solidement interprété, rythmé, L’Ecole est à nous perd cependant de son impact à cause d’un trop plein de bonnes intentions.

Thierry Cheze

MEDUSE ★★☆☆☆

De Sophie Lévy 

Deux sœurs, un jeune homme, un huis-clos, les effluves de l’amour, ou bien celles de la jalousie. Il y a dans Méduse la fraîcheur d’un premier long, sa volonté de raconter des humains enfermés dans des dilemmes impossibles et des traumatismes ineffaçables. Sa réalisatrice Sophie Lévy, inspirée par Fassbinder, Bergman ou Cassavetes, s’approprie le mythe de la méduse (quand un sujet est frappé par le sort, il devient une victime et simultanément un bourreau potentiel). Elle filme trois acteurs à fleur de peau, reclus dans une grande villa. Les deux femmes sont sœurs. L’une, Clémence (Anamaria Vartolomei,), est restée hémiplégique et privée de la parole à la suite d’un accident d’auto. L’autre, Romane (Roxane Mesquida), saine et sauve après le drame, doit éternellement s’occuper d’elle. Sauf que Romane s’amourache d’un jeune pompier, Guillaume (Arnaud Valois) qui intègre le huis-clos et se met vite en tête de sauver la sœur aphone, au grand dam de son amante. S’immiscent alors, dans la grande bâtisse vitrée, la jalousie, la rancœur, la frustration...  Sophie Lévy aime ses personnages et soigne l’esthétique de sa mise en scène. Mais son film, pourtant, ne tient pas la distance. A cause d’un scénario vraiment trop cousu de fil blanc et d’un goût un peu trop prononcé pour le psychologisme qui finit par devenir pesant.

Estelle Aubin

BOWLING SATURNE ★★☆☆☆

De Patricia Mazuy 

Il y a quelque chose d’envoûtant car malaisant sans pour autant qu’on se sente manipulé dans le nouveau Patricia Mazuy (Peaux de vaches). L’histoire de deux demi- frères aux tempéraments diamétralement opposés – un policier ambitieux et un marginal sans réel but dans une existence faite d’errance – qui se retrouvent, après la mort de leur père, autour d’un bowling, laissé par ce dernier en héritage. Le climat à couper à couteau de violence vous happe dès les premiers plans, grâce au remarquable travail à la lumière de Simon Beaufils (Antoinette dans les Cévennes) et cette atmosphère tient en haleine au fil d’un récit cependant trop lisible, une fois passé un moment- choc dont on vous laisse la surprise. Cette réflexion autour de la masculinité toxique faisant fi de tout naturalisme aurait gagné à être resserrée et dépouillée de quelques symboles et archétypes sur- signifiants.

Thierry Cheze

STRAIGHT UP ★★☆☆☆

De James Sweeney 

Straight up est un bonbon pop, où les yeux se perdent et l’esprit patauge. Le film est indéniablement généreux. Couleurs criardes, bouches bavardes, plans qui défilent à la manière d’un Powerpoint. Mais l’intrigue, elle, est on ne peut plus banale. Un homme gay se convainc qu’il aime les femmes. Il en rencontre une, mais entre eux, amitié ou amour, on(ils) ne sait(savent) trop bien. Les clichés sont un peu trop de sortie, une complaisance malvenue aussi.

Estelle Aubin

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

LE MONDE D’APRES ★☆☆☆☆

De Laurent Firode 

Enfoncer des portes ouvertes, bruyamment, les unes après les autres, et à un rythme régulier. Si Le Monde d’après avait un slogan, tel serait-il. Le film prend ses quartiers dans un immeuble parisien, un soir post-Covid-19, mais les masques et les grandes leçons de morale, autoproclamées bienfaitrices, sont encore de sortie. Sur le palier, des personnages se croisent, taillent le bout de gras et s’empoignent sur le confinement, le sexisme, l’Islam et tout autre sujet dans l’ère du temps. Rien ne fonctionne, ni les scènes cocasses mais guère comiques, ni le jeu encombrant des acteurs, ni le didactisme convenu et fétide des répliques. Ni la société. Seule réjouissance, sa durée, une heure et des poussières.

Estelle Aubin

LA PROIE DU DIABLE ★☆☆☆☆

De Daniel Stamm 

Nouvel exorcisme pour le réalisateur du Dernier Exorcisme. Après dix ans à bosser sur des séries d’horreur (Scream, Fear the Walking Dead, Them…), Daniel Stamm revient à son sous-genre de prédilection. La Proie du diable fait le portrait d’une religieuse, violentée dans son enfance par une mère possédée par Satan, qui intègre une école d’exorcisme récemment ouverte par le Vatican pour mieux régler ses comptes avec le Malin… La mise en place du film est séduisante et, le temps d’une première scène de désenvoûtement plutôt réussie (faisant un usage ingénieux de la chevelure d’une petite fille démoniaque), on croit qu’on va s’amuser un peu. Mais les péripéties qui suivent sont totalement expédiées, filmées sans entrain par des gens manifestement pressés de rentrer chez eux. Reste la conviction de l’actrice principale, Jacqueline Byers, assez attachante en nonne rock’n roll.

Frédéric Foubert

 

Et aussi

Derniers jours d’un médecin de campagne, de Olivier Ducray

Du TGM au TGV de Ruggero Gabai

Herederos de la Bestia de Diego Lopez et David Pissaro

Hopper de Phil Grabsky

La Malédiction des Dunois de Patrice Blanchard

Plancha de Eric Lavaine

Sur le fil du Zénith de Natyel Pontalier

 

Les reprises

Brazil, de Terry Gilliam

Casque d’or, de Jacques Becker

L’Ours, de Jean- Jacques Annaud