Ce qu’il faut voir en salles
L’ÉVÉNEMENT
FURIOSA : UNE SAGA MAD MAX ★★★★★
De George Miller
L’essentiel
On n’osait pas en rêver, pourtant George Miller signe un nouveau chef-d’œuvre de sa saga chromée. Sans Max le Dingue au générique, mais avec une fureur inentamée
Furiosa (l’origin story du personnage de guerrière rebelle qui volait la vedette à Mad Max jdans Fury Road ) allait-il décevoir ? Être une nouvelle douche froide façon Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre ? Pas de panique : le film vous saute à la gorge d’emblée et ne vous relâchera que deux heures et demie plus tard. George Miller est en pleine possession de ses moyens. Au sommet de sa virtuosité de storyteller, maître de son royaume, ce Wasteland de sable, de chrome et de sang qu’il explore ici dans les moindres recoins. Furiosa est un chef-d’œuvre de world-building, pas très loin d’Avatar 2, où le cinéaste s’éclate à peaufiner sa vision, à "augmenter" son univers. Et en regardant ce film, la façon dont il grandit au fur et à mesure de sa projection, dont il vous emporte comme un torrent, on a l’impression d’être le lecteur d’un vieux grimoire retrouvé dans les sables de l’outback australien qui ressemblerait aussi beaucoup à notre futur imminent.
Frédéric Foubert
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A BEAUCOUP AIME
MARCELLO MIO ★★★★☆
De Christophe Honoré
Chiara Mastroianni joue Chiara Mastroianni. Catherine Deneuve, sa mère ; Melvil Poupaud et Benjamin Biolay, ses ex et Nicole Garcia et Fabrice Luchini… la réalisatrice et son partenaire d’un futur projet, dont Chiara passe des essais. Dans le nouveau Christophe Honoré, tout est vrai donc et pourtant rien ne l’est vraiment. Car très vite, un élément inattendu rabat les cartes. Chiara, qu’on ne cesse de ramener à ses parents, va décider de s’approprier l’identité de son père. De devenir Marcello et de l’imposer à un entourage. Sur ce point de départ, Honoré déploie une comédie irrésistible, hymne au septième art, dans ce qu’il peut avoir de poétique et vertigineux dans sa manière de gommer les frontières entre fiction et réalité. Et c’est parce qu’il ne cesse jamais de regarder devant lui que ce Marcello mio ne se noie jamais dans la nostalgie tout en y puisant une énergie émerveillée qui l’embrase.
Thierry Cheze
Lire la critique en intégralitéFOUDRE ★★★★☆
De Carmen Jaquier
1900, un soleil brûlant frappe les massifs montagneux d’une vallée suisse où ne règne qu’un silence assourdissant. Cette quiétude, Elisabeth est sur le point de l’ébranler : envoyée au couvent à 12 ans, elle est forcée de revenir cinq ans plus tard dans la ferme familiale afin d’assumer son nouveau rôle d’aînée lorsque sa grande sœur Innocente, qualifiée d’enfant du diable par tout le village, décède mystérieusement. En essayant de déceler la vérité, Elisabeth se lie d'amitié avec trois jeunes hommes et une ferveur sexuelle prend alors contrôle de son corps. Et quoi de plus bruyant que le désir féminin qui s’éveille ? Sans jamais tomber dans une banale représentation des premiers émois, Foudre aborde de manière sensorielle et pudique la jouissance autant émotionnelle que sexuelle d’une jeune femme en construction. Un coming of age onirique et saisissant.
Lucie Chiquer
Lire la critique en intégralitéHEROICO ★★★☆☆
De David Zonana
Pour fuir le paysage dangereux de la vie populaire mexicaine, de nombreux jeunes hommes rejoignent le collège militaire en quête d’un respect familial et national. Pourtant, les humiliations et les tabassages sommaires que font subir leurs supérieurs aux futurs soldats les plongent dans une tout autre violence. Heroico explore en un peu moins d’une heure et demie la sexualité, l’impunité dans les organisations hiérarchiques ou encore la normalisation de la violence en ligne sans jamais se presser. Entre les exercices quotidiens, la régularité brutale des fanfares et les plans zénithaux qui font se confondre les soldats dans une masse uniforme, le film de David Zonana n’a rien à jalouser aux classiques qui dépeignent la dissolution identitaire des recrues dans l’armée. A travers la beauté symétrique de sa photographie et son calme inconfortable, Heroico nous entraine dans l’horreur des jeux de domination et de corruption.
Bastien Assié
Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première GoPREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME
COLOCS DE CHOC ★★☆☆☆
De Elodie Lélu
Lorsqu’Yvonne, une ancienne avocate féministe touchée par la maladie d’Alzheimer perd définitivement la tête, son beau-fils et sa petite-fille sont contraints d’emménager chez elle. Dans ce mélo plein de bons sentiments qui fait la part belle aux joies de la coloc intergénérationnelle, tout est un peu gros: les dialogues censés imiter le langage des ados, la grand-mère qui brûle ses soutiens- gorge dans le jardin… Les personnages, plutôt attachants, évitent au film de ressembler à un spot de prévention contre Alzheimer.
Emma Poesy
PREMIÈRE N’A PAS AIME
CHIEN BLANC ★☆☆☆☆
De Anaïs Barbeau- Lavalette
42 ans après Samuel Fuller, Anaïs Barbeau-Lavalette s’attaque au roman-monstre de Romain Gary. Mais plutôt que de se réapproprier l’œuvre, le film en reprend simplement les grandes lignes sans jamais chercher à imposer sa patte. Derrière le portrait conventionnel de l’Amérique des années 1960, l’histoire de ce chien blanc, dressé pour s’attaquer aux noirs, est négligée. Anaïs Barbeau- Lavalette (La Déesse des mouches à feu) signe une adaptation étonnamment dévitalisée, source d’ennui.
Yohan Haddad
Et aussi
Les Aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale, de Bill Kroyer
Mystère sur la colline aux gâteaux, de Will Ashurst
Uchronietzsche parabolique, de Alexandre Bellas
Les reprises
Les Moissons du ciel, de Terrence Malick
La Vengeance du dragon noir, de Joseph Kuo
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