Cocaine Bear Crazy Bear
Capture d'écran

La réalisatrice nous raconte les coulisses de ce film inspiré d’une histoire vraie, qui est également le dernier long-métrage de Ray Liotta.

Dévoilée hier, la bande-annonce de Cocaine Bear (titré Crazy Bear chez nous pour une raison qui nous échappe) promet une comédie loufoque et sanglante, autour d’un ours qui a ingéré des quantités hallucinantes de cocaïne. Un scénario inspiré d’une histoire vraie, survenue en 1985 en Géorgie, où un trafiquant s’était débarrassé en urgence d’une cargaison de drogue depuis son avion de tourisme. Avant qu’un ursidé un peu curieux ne mette la patte dessus… Ray Liotta, comportement des ours et effets spéciaux numériques : rencontre avec la réalisatrice Elizabeth Banks, qui signe avec Cocaine Bear son troisième film.

Visiblement le film s’éloigne beaucoup du fait divers d’origine, beaucoup moins spectaculaire qu’un ours défoncé à la coke qui s’attaque aux promeneurs. Avant de voir la bande-annonce, je pensais que Cocaine Bear serait un thriller avec quelques éléments comiques, mais en fait c’est purement une comédie.
Disons que le script s’inspire de l’histoire vraie de cet ours - qui a été retrouvé mort dans les bois après avoir ingéré 35 kg de cocaïne - mais prend énormément de libertés. Donc oui, c’est une comédie avant tout, avec un peu de gore et pas mal d’éléments horrifiques. L’ours est évidemment au centre du projet, mais pour autant le film n’oublie pas de développer ses personnages. Ce qui est vraiment marrant, c’est de les mettre en position d’infériorité face à un ours totalement cocaïné.

Un ours entièrement en effets spéciaux numériques. Une première pour vous.
Ouais, et c’était d’ailleurs ma priorité : ne pas se foirer sur l’ours ! Il fallait qu’il soit totalement photoréaliste et crédible, sinon le public ne suivrait pas et tout le film allait se casser la gueule. On a fait des tas de recherches sur l’ours noir, on a regardé des heures et des heures de documentaires pour comprendre son comportement et sa façon de bouger. Je ne voulais surtout pas d’un animal cartoonesque - même si on pouvait se permettre quelques libertés, parce que qui sait à quoi ressemble vraiment un ours sous cocaïne ! - car l’idée de base est suffisamment dingue pour ne pas en rajouter. Donc au-delà de l’ours, j’ai demandé aux acteurs de jouer ça ultra straight, sans artifices. Le truc, c’est que ça ne m’intéressait pas de tourner Cocaine Bear sur fonds verts, donc on a mis en boîte la quasi intégralité du film en décors réels, dans les bois, avec un comédien qui faisait l’ours. Ensuite, les gens de Weta en Nouvelle-Zélande ont géré les effets spéciaux numériques et ils m’ont guidé à travers ce processus totalement nouveau pour moi.


Cocaine Bear sera aussi le dernier film de Ray Liotta, décédé en mai dernier.
J’ai eu une chance phénoménale de tourner avec lui. C’était quelqu’un qui mettait absolument tout dans ses rôles et qui dégageait une chaleur pas croyable dans la vraie vie. Toute l’équipe l’aimait. Il était d’une finesse dingue, capable d’incarner à fond son rôle d’antagoniste tout en intégrant parfaitement à son jeu le thème central du film, qui est la parentalité. Alden Ehrenreich - qui joue son fils - et O'Shea Jackson Jr. étaient en admiration devant lui. Je ne sais pas quoi vous dire de plus sur Ray à part que c’est une légende absolue.

C’est votre troisième long-métrage en tant que réalisatrice, après Pitch Perfect 2 et le reboot de Charlie’s Angels. Des projets très éloignés les uns des autres. Sauriez-vous définir ce qu’est un film d’Elizabeth Banks ?
Je ne sais pas si je saurais vraiment mettre le doigt dessus, en tout cas je pense qu’il y a des liens évidents. En fait, si on y réfléchit, je ne fais que des comédies : Pitch Perfect 2 est une comédie à l’intérieur d’un film musical et Charlie’s Angels est une comédie au sein d’un film d’action. Avec Cocaine Bear, je fais la même chose au coeur d’un film d’horreur. Et puis j’aime bien multiplier les points de vues et les histoires au sein du même projet, que le public s’identifie à tout un groupe de personnages. J’ai une profonde envie de divertir, au sens noble du terme, et c’est toujours ce qui me guide.

Charlie’s Angels a été une grosse déception au box-office, avec seulement 73 millions de dollars récoltés. Quelles conclusions tirez-vous de cet échec ?
Pfff… J’ai vu Charlie’s Angels au cinéma dans une salle pleine, et le public a visiblement adoré. Pour moi, c’est tout ce qui compte. Je fais des films pour les spectateurs, par pour l’équipe marketing. Est-ce que j’avais envie que plus de gens voient mon travail ? Bien sûr. Mais il y a des choses qui me dépassent en tant que réalisatrice. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour garder ma vision intacte. C’est de ça dont je suis la plus fière, et également de la performance de Kristen Stewart, qui a montré une facette d’elle très rare au cinéma. 

Vous trouvez que le marketing autour du film n’a pas été à la hauteur, ou du moins n’a pas visé juste ?
Ce sont vos mots, pas les miens (Rires.)

Crazy Bear, avec Keri Russell, Ray Liotta, Alden Ehrenreich… Le 15 mars 2023 au cinéma.