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Le comédien qui avait joué dans Alien, Midnight Express ou Elephant Man vient de disparaître.

Il fut la première victime d'Alien, le monstre émouvant d'Elephant Man ou bien le fabricant de baguettes Ollivander dans la série des Harry Potter... Après plus de 60 ans d'une carrière solide et variée, jalonnée d'authentiques chef-d'oeuvres, l'immense acteur anglais John Hurt s'est éteint à l'âge de 77 ans des suites d'un cancer, comme l'ont annoncé ce matin plusieurs médias britanniques.

Fils de pasteur, John Hurt est né le 22 janvier 1940 en plein coeur de l'Angleterre près de Chesterfield, au cœur de l’Angleterre. Il se destine d'abord à la peinture et devient professeur de dessin à la Saint Martin’s School of Art de Londres, mais il est vite rattrapé par la passion du théâtre et intègre la Royal Academy of Dramatic Art au début des années 60. Il travaille d'abord au théâtre et à la télévision avant d'obtenir à partir des années 70 des seconds rôles puissants dans des films essentiels. On croise sa silhouette longiligne et on entend sa voix basse et si chaude dans L'Etrangleur de la place Rillington ou le Cri du sorcier. Mais en 78, changement de registre : il incarne Max, l'héroïnomane anglais aux lunettes rondes, plongé avec le héros Billy Hayes au coeur des prisons turques dans Midnight Express d’Alan Parker. Bafta, Golden Globe du meilleur second rôle, nomination aux Oscars : sa carrière est lancée. 

Ce qu'il aligne au tournant des années 80 est vertigineux. 1979. Il est la première victime d'Alien de Ridley Scott puisque c'est de son ventre que sort l’extraterrestre dans une scène devenue  culte si vite qu'il la parodiera dans La Folle Histoire de l’espace de Mel Brooks. 1980. Il est d'abord John Merrick, l'Elephant Man de David Lynch (qui avait d'abord pensé à Jack Nance pour le rôle). Impeccable de dignité, de grandeur et d'émotion monstrueuse, Hurt s'affirme comme un acteur hors-norme, à la maîtrise physique, vocal typiquement britannique. Et ce regard....

 


Quelques mois plus tard il est dans La Porte du paradis de Cimino où il joue Billy Irvine, un pilier du syndicat, alcoolique et faible. Il impose pour longtemps une silhouette capable de se dissoudre dans l'Ouest sauvage.

Suivront des dizaines de films variés (vraiment) qui tracent une carrière sinueuse, mais où l'on croise les plus grands : Sam Peckinpah (Osterman Week-end), Gus Van Sant (Even Cowgirls Get The BLues) Stephen Frears (The Hit), Jim Jarmusch (Dead Man) ou Lars Von Trier (Melancholia). Se confondent aussi sur son CV tous les genres (avec une une prédilection pour la SF dystopique puisqu'il fut le héros de 1984 et joua dans V For Vendetta avant de monter à bord du Transperceneige). Mais Hurt, où qu'il aille, conserve la même intensité, la même classe, et ce regard altier, intense capable de briser la glace ou bien de tuer ses adversaires sur place. Récemment il avait été le génial Control dans La Taupe de Thomas Alfredson et on peut le voir actuellement sur les écrans dans Jackie de Pablo Larrain.