J'étais un peu triste de constater qu'il n'y avait toujours pas de scène de sexe entre votre personnage et celui de Bill Nighy dans Indian Palace.(rires) Ah on voit que vous êtes Français ! Et je vois que vous rougissez (rires). Le truc c'est qu'une scène pareille aurait sans doute fait fuir les spectateurs. Qui a envie de voir ça franchement ? Quand on a joué M, la boss de James Bond, pendant tant d'années, un personnage comme Evelyn c'est relaxant ?On pourrait le croire, mais non. Il y a un aspect très perturbant, pour moi, chez Evelyn : quand je la regarde, j'ai l'impression de me voir dans le miroir. Quand j'ai accepté le rôle pour la 1ère fois, je ne voyais que moi chez Evelyn... et j'ai eu un peu de mal à l'accepter. C'était une sorte de lutte intérieure pour me rappeler qu'en réalité je n'ai aucun rapport avec elle. Mais au départ c'était très troublant, physiquement je me retrouvais trop en elle. Par contre, un autre point commun ne me dérangeait pas du tout : comme Evelyn, j'aime l'Inde. Vous avez un conseil pour Ralph Fiennes ? Il a l'air moins badass que vous en M le pauvre.(rires) Non, je n'ai pas de conseil pour Ralph... Quand je jouais M je me concentrais sur son point de vue, celui d'une femme dans cette position, ses responsabilités. C'était franchement merveilleux : j'ai contrôlé le MI-6 et le MI-5 ! Incroyable. Et bien sûr, il y a le public : les jeunes regardent les James Bond, mes petits-fils sont très fiers de moi pour ça. Peut-être que ça les attirera un peu plus vers le cinéma... Tout ce que je fais, en réalité, c'est dans ce but : attirer les gens vers le 7e art.On va revenir sur des moments forts de votre carrière. Pour rester sur Bond, comment était votre 1ère rencontre avec Brosnan et Craig ?Pierce, comme Daniel... Tous les deux étaient très, très nerveux. C'est une responsabilité énorme de jouer ce personnage. Ils ne le disaient pas, mais ça se voyait. Moi-même j'étais nerveuse de mon côté. Mais je n'avais pas encore réalisé à quel point c'était symbolique que M soit joué par une femme. J'avais vu Bernard Lee l'incarner, et montrer tout le talent du personnage. Je me suis dit que cette femme que je jouais, d'où qu'elle vienne, devait avoir au moins les mêmes capacités. En particulier le fait de « lire » les gens : de les voir pour ce qu'ils sont vraiment, sans trop leur parler, avant de lâcher une réplique qui résume tout parfaitement... D'ailleurs j'aimerais revoir Goldeneye aujourd'hui. J'aurais le recul qui me manquait pendant toutes ces années. Elle avait des super répliques, ça je m'en souviens.Plus récent : PhilomenaVous vous souvenez quand elle va chez le petit ami, et qu'elle voit les vidéos ? Dans ces vidéos, le petit enfant n'était pas son fils, son fils c'était le garçon qui marchait sur le chemin derrière... J'ai été amené à connaître la vraie Philomena, pas très longtemps, mais j'ai appris à la comprendre. Je pourrais en parler des heures. C'est une inspiration constante. Et... (très émue) la tragédie de toute l'histoire, pour moi, réside dans cette scène. Elle ne voit pas son fils alors qu'il est là, devant elle, et continue de chercher partout. Elle m'a dit à quel point elle l'aimait, et comment son amour pour son fils n'avait jamais cessé. Ça me fait du bien d'avoir cette présence avec moi... C'est une histoire très triste pourtant.Changement de registre : Les Chroniques de RiddickJe ne l'ai jamais vu. Ne me posez pas de question dessus, s'il vous plaît ! (rires) Vin Diesel était tout à fait charmant, vraiment, mais je n'ai pas vu ce film. Ce n'est pas le seul : il y a aussi Chambre avec vue, Terre Neuve... Il y en a plein que je n'ai pas vus. Je préfère les voir beaucoup plus tard. Par exemple j'ai regardé Iris (sorti en 2001 NDLR) il y a 2 mois et j'ai pu avoir un point de vue de spectateur. Si je regarde un film récent, je ne vais voir que le travail, les défauts : « oh, pourquoi j'ai... mais qu'est-ce que... » Voilà la raison.La Ferme se rebelle (Home in the range)(rires) J'ai une anecdote assez spéciale : on était à Hollywood pour les Oscars. C'était l'année où il y avait Jake Gyllenhaal pour Brokeback Mountain. Du coup plein de gens étaient en colère à cause du côté gay. Eh bien vous n'allez jamais le croire, mais alors que j'étais à l'arrière d'une voiture, à attendre qu'on entre... un de ces types a surgi avec une pancarte qui disait « Homo in the range » et l'a plaquée contre la voiture. Je suis sortie rouge de colère et j'ai crié « ne soyez pas si stupide ! C'est un dessin animé qui parle de vaches ! De vaches ! » (rires). Je n'y croyais pas (rires).Le Secret du docteur Whitset ?C'était mon tout premier film. Je crois que la plupart de mes scènes ont été coupées... Je préfère me souvenir de La Dame de Windsor. C'était déjà un film de John Madden, on l'avait fait pour la télé, puis Harvey Weinstein l'a vu et a dit « ce n'est pas de la télévision, c'est un grand film ». Et il a fait ce qu'il fallait pour concrétiser ça. C'est à partir de là que j'estime avoir réellement décollé. Avant j'étais surtout une actrice de théâtre spécialisée dans Shakespeare.Un thé avec Mussolini ?J'avais déjà travaillé avec Franco Zeffirelli, parce qu'il avait fait Roméo et Juliette, et d'ailleurs c'était pareil pour Maggie (Smith, camarade de longue date de Judi qu'on retrouve aussi dans les 2 Indian Palace). Le tournage était merveilleux : des femmes britanniques qui profitent de Florence. On se connaissait tous, on voyait qu'on avait grandi, évolué. Que de chemin parcouru... Franco a des soucis de santé à présent, mais là il était au top. Quant à Maggie, ça fait depuis 1958 qu'on se donne la réplique en fait... Je pense que je vais le regarder à nouveau celui-là aussi !Pour finir, quel souvenir gardez-vous pour l'instant de Indian Palace 2 ?La scène où on est tous sur des petites motos en train d'essayer de rouler en ligne droite : c'était un cauchemar (rires). Bon j'étais moins effrayée que lorsqu'on a tourné une scène un peu similaire il y a quatre ans. Par contre j'avais très peur pour Bill, ce n'est pas son truc. Richard (Gere) lui, est plutôt à l'aise en moto. Mais rassurez-moi, ceux qui ont des difficultés ça ne se voit pas à l'écran ?Non, soyez tranquilleComme quoi, c'est dingue ce qu'un minimum de jeu d'acteur peut donner (rires).Interview Yerim SarIndian Palace Suite Royale de John Madden avec Judi Dench, Maggie Smith, Bill Nighy, Richard Gere, à découvrir dans les salles
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- Judi Dench : "De Bond à Indian Palace, tout ce que je fais, c'est pour attirer les gens vers le 7e art"
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