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Jim, Lawrence et Priam : les rôles les plus marquants de Peter O'Toole

Lord Jim

Le chef-d??uvre de Joseph Conrad adapté à l?écran par Richard Brooks le réalisateur de La chatte sur un toit brûlant tient aussi (surtout ?) grâce à la performance de Peter O?Toole. Un grand film d?aventures, thématiquement passionnant puisqu'il montre la faible distance qui sépare le lâche du héros. O'Toole retrouve un personnage aussi ambigu et énigmatique que Lawrence D'Arabie. Ce n'est qu'en prenant conscience de sa propre humanité et en ne se rêvant plus en icône parfaite que son Jim accédera enfin à la dimension de héros. L'acteur s'affirmait ici définitivement comme le poster boy aux yeux bleus et, après Lawrence, s'installait dans son statut d'icône existentielle de la contre-culture qui le poursuivra jusqu'à la fin de sa vie (et lui vaudra ses échecs à répétition aux Oscars) 

Anton Ego dans Ratatouille

A l?origine, c?est un autre acteur qui devait jouer Anton Ego, le critique gastronomique aigri qui trouve sa rédemption en goûtant la ratatouille de Rémy. Mais en reprenant le film, Bird change tout ? de la direction artistique au casting vocal. Et c?est lui qui impose O?Toole dans ce rôle redesigné à sa dimension (les sourcils, la maigreur, le regard). Son speech final est l'un des moments les plus émouvants de toute la filmo Pixar  

Lawrence d'Arabie

Comme beaucoup de chefs-d'oeuvre, Lawrence d'Arabie est le produit d'une rencontre improbable de talents - le chef op' Freddie Young, le scénariste Robert Bolt et l'acteur Peter O'Toole -, dont aucun n'était désiré par Lean au départ. Le cinéaste avait d'abord pensé à Marlon Brando pour le rôle de Lawrence avant de se fixer sur le comédien Albert Finney, qui avait refusé l'offre. C'est finalement sur les conseils de Katharine Hepburn que Lean fait appel à un acteur inconnu et alcoolique, Peter O'Toole, qui deviendra l'incarnation magnétique du colonel Lawrence. O?Toole capte avec un talent saisissant toute l?ambiguité d?un homme dont on se demande s?il s?agit d?un héros ou d?un imposteur. Avec <em>Lawrence</em>, O?Toole créait la figure ultime du héros moderne, un type qui se définit moins par ses actes que par la somme de questions qu'il pose. Et surtout, Lawrence établissait malgré lui le standard des rôles qui vont lui coller à la peau pendant des décennies : des hommes à l'obsession dévorante. 

Quoi de neuf pussycat ?

Cette comédie burlesque réunissait Peter Sellers, Peter O'Toole, Romy Schneider, Capucine, Ursula Andress, Paula Prentiss, Richard Burton, Françoise Hardy... et Woody Allen, auteur du scénario. Le pitch ? A Paris, le rédacteur en chef d'une revue féminine est amoureux de Carole (Romy Schneider) mais ne résiste pas aux charmes de toutes les autres femmes qui l'entourent. Il consulte un psychiatre, le docteur Fassbender (Peter Sellers, doté d'un accent allemand), lui-même grand obsédé devant l'éternel.O'Toole incarne avec un sens parfait du timing et de la dérision le rédac chef surexcité. Il reprenait surtout un rôle prévu au départ pour Warren Beatty et tentait de se réinventer en acteur de comédie à succès. En vain. 

Priam dand Troie

Comme un ultime retour à la légende : on raconte que Lawrence d'Arabie portait toujours sur lui une version de l'Iliade et de l'Odyssée. Et que, quand il se décida à écrire, il se fit la main sur une traduction des deux ouvrages d'Homère... Dans cette version hollywoodienne (et très recommandable) du combat des Troyens contre les grecs, O'Toole incarne Priam, le père d'Hector et de Pâris. Il lui prête sa vieillesse noble, sa diction lente et assurée, et surtout une forme d'acceptation sourde du destin qui se joue. Roi en sursis, il vient prier Achille (Brad Pitt beau comme un Dieu grec) de récupérer le corps de son fils tué. Le destin ne change pas, mais par son regard, par sa voix frêle, fêlée, par son interprétation subtile, l'émotion bruisse de partout dès qu'O'Toole apparaît dans le cadre. Sa dernière GRANDE performance. 

Henri II dans Un Lion en Hiver

Après quelques rôles décevants, O'Toole revient en force dans le rôle de ce roi torturé et signe l'une des prestations les plus fortes de sa carrière. Face à lui, Katharine Hepburn s'approprie l'intelligence d'Aliénor, mais O'Toole, qui venait d'être Henri II dans un élégant (mais ennuyeux) <em>Becket</em>, fait merveille dans la peau du vieux lion. Il impose sa puissance de jeu shakespearienne, sa violence rentrée dans un huis clos métaphorique et tempétueux. On découvre ici sa technicité théâtrale et sa maîtrise de la dramaturgie classique qui pouvaient faire des merveilles au cinéma.    

Eli Cross dans Le Diable en boîte

Il y a eu les femmes, l'alcool, <em>L'homme de la Manche</em>, les <em>parties</em>, <em> Caligula</em>... Après la déliquescence des 70's O'Toole réaffirme sa puissance dans <em>Le Diable en boite</em> qui le sauve du ridicule. Il y incarne un réalisateur christique, Eli Cross, sadisant le jeune Steve Railsback. Une perf magistrale (dans tous les sens du terme) qui fait pleinement écho à la légende d'O'Toole. Flamboyante, fragile, fascinée par les abymes de l'âme humaine tout est résumé dans une composition over-the-top, démiurgique, folle, qui rappelle à l'industrie quel acteur génial et protéiforme se cache derrière son regard azuréen. 

Peter O'Toole en 7 rôles

Habitué des rôles épiques (<em>Lawrence d'Arabie</em> pour David Lean, ou <em>Lord Jim</em> dans l'adaptation de Conrad par Richard Brooks) auxquels sa blondeur flamboyante et ses yeux bleu profond donnaient une dimension tragique supplémentaire, O'Toole a été l'un des acteurs les plus populaires des années 60-70 avant d'être éloigné des plateaux à cause de tous les excès. Malgré toutil reste l'un des acteurs les plus fascinants de son époque. La preuve avec ces rôles les plus marquants...

A l'occasion de la disparition de Peter O'Toole retour sur ses rôles les plus marquants au cinéma, de Lord Jim à Lawrence d'Arabie en passant par Priam