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Comment l'ex-actrice de Twilight a prouvé qu'elle était autre chose que la meuf d'un vampire hyperchaste.

"J'essaie de naviguer dans ma carrière au feeling", disait Stewart ce midi lors de la conférence de presse de Personal Shopper -qui a essuyé les premières huées de la compétition du 69ème Festival de Cannes. Deux ans après Sils Maria qui avait valu le César à Kristen Stewart, le nouveau Olivier Assayas avec K-Stew a été fraîchement reçu. C'est un peu injuste mais c'est le jeu cannois, et Kristen ne méritait certainement pas ça, elle qui a vraiment bien géré -"au feeling" donc- sa carrière d'ex-enfant star et ex-bellâtre de Twilight. La preuve en ces moments-clés de sa carrière.

Le clone de Jodie dans Panic Room

Dans le huis clos psycho et high concept de Fincher Kristen Stewart (11 ans au moment du tournage) est la fille diabétique de Jodie Foster : une gamine forte et grande gueule qui tient tête à Jodie. On parie évidemment que l'actrice, qui a remplacé Nicole Kidman partie être jurée à Cannes, a dû se revoir elle-même, dirigée par Scorsese à 14 ans dans Taxi Driver. Le film ne joue par réellement sur cette idée (il s'agit plus pour Fincher de faire un exercice de style et de faire passer sa caméra dans une anse de cafetière) mais ce moment (l'ex-enfant star materne une future star) a une sacrée tronche de moment historique et fondateur.


La danseuse de Sur la route
Plus que son rôle de stripper un poil attendu dans Welcome to the Rileys, plus que son rôle de Joan Jett boudeuse et fermée dans The Runaways, c'est son incarnation de Marylou dans Sur la route qui marque sa filmo juste avant la sortie de l'ultime Twilight qui l'a transformée en superstar apparemment calibrée. Egérie de cette adaptation de Kerouac entre Sam Riley et Garrett Hedlund, elle enflamme un film par ailleurs pantouflard -par exemple lors de cette scène de danse incandescente qui met enfin du beat sur la route.


La guerrière de Blanche-neige et le Chasseur
Il s'agissait pour le studio Universal de lancer une franchise de fantasy en imitant le carton Alice au Pays des Merveilles de Disney, et en réinventant une princesse de conte de fées en guerrière en armure. Et ça marche, mille fois mieux qu'Alice. Blanche-neige se transforme au cours du film de demoiselle séquestrée en chef de guerre en armure qui n'a besoin d'aucun homme pour vaincre Charlize Theron. Absente de la suite-prequel La Reine des glaces, Stewart a récemment révélé que les scripts de La Reine des glaces qu'on lui faisait lire était "tous merdiques".


La césarisée de Sils Maria
Vous connaissez l'histoire de ce genre de coup de foudre de cinéma entre réalisateur(rice) et comédien(ne). De fait, Sils Maria a valu à K-Stew le César de la Meilleure actrice dans un second rôle, face à Marianne Denicourt ou Charlotte Le Bon. Un succès d'actrice mais pas en salles (232 352 entrées) mais un renouvellement direct de son CDD assayassien pour Personal Shopper. Et, de fait, Kristen fait un boulot remarquable en agissant d'abord en retrait total de la superstar Juliette Binoche puis en la dominant petit à petit.


La superstar de Café Society
Elle est doublement présente à Cannes 2016. Chez Woody Allen en ouverture, et chez Assayas en compét. Café Society est là aussi pour garantir un tapis rouge glamour à la Croisette : mission accomplie puisqu'on ne voit qu'elle dans Café Society, éclipsant aisément le reste du casting, même Jesse Eisenberg, même Blake Lively, par le simple fait de sa présence : "Elle multiplie les poses classieuses, les regards envapés, promenant son évident star-power avec aisance, mais sans génie", estimait notre Frédéric Foubert dans sa critique du film. Et si en fait c'était ça son génie ? De pouvoir dealer faiclement avec son statut de star ?


La survêtue de Personal Shopper
La réponse est peut-être chez Assayas. Elle joue encore l'assistante d'une star -comme dans Sils Maria- mais qui est ici hors champ : l'enjeu du rôle de Kristen sera de faire la paix avec l'esprit de son frère mort grâce à son don de médium. Kristen dialogue avec son image de star et Assayas en est conscient : de la première scène nue (clinique et médicale) au vrai climax où le réalisateur la rend sexy en se rhabillant, Personal Shopper -jugé ici même "théorique et fumeux"- ne devient véritablement intéressant que lorsqu'il est totalement amoureux de K-Stew qui démontre encore qu'elle est en osmose avec son star power et son aura.

Critique : Personal Shopper : Kristen Stewart et du parquet qui grince ne font pas un film