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The Souvenir constitue le quatrième long de Joanna Hogg, venue au cinéma en 2007. Et si ce nom parle surtout aux cinéphiles pointus, ce diptyque apparaît comme la porte d’entrée idéale à son cinéma, sorte d’aboutissement de son travail doublé d’un retour aux sources, puisque largement inspiré de sa propre vie et de ses débuts derrière la caméra, puisqu’elle y revisite même Caprice, son court de fin d’études. On y suit la première passion amoureuse vécue par une jeune femme dans les bras d’un homme instable et possiblement mythomane mais qui a su poser sur elle ce regard qui lui a permis pour la première fois de croire en elle et de s’affranchir d’une famille aimante mais castratrice. The Souvenir raconte la puissance des premiers emballements du cœur puis la fin abrupte de cette histoire et son deuil violent qui passe par le prisme du film qu’il va lui inspirer. Le tout mû par un paradoxe étonnant. D’une précision fascinante dans ses cadres et son écriture, Hogg ne s’appuie pourtant sur aucun scénario, reconstruisant son film au jour le jour dans un geste cinématographique saisissant. Elle laisse le spectateur s’emparer de cette histoire en omettant volontairement certaines pièces du puzzle qui se joue sous ses yeux. Et pourtant jamais on ne décroche, aimanté par celle qu’Hogg a choisi comme interprète principale : Honor Swinton- Byrne, fille à la ville comme à l’écran de Tilda Swinton. Il émane d’elle une douceur, une cinégénie et une capacité démentes à faire vivre par un simple regard ou un geste en apparence banal toute la joie comme toute la douleur du monde. Du (très) grand art.