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L’idéal serait que le spectateur en sache le moins possible avant de voir ce film qui réussit un judicieux mélange des genres. La découverte d’un cadavre en forêt ouvre en effet le récit sur le mode du thriller, avant que des éléments de fantastique puis une approche plus réaliste des années lycée ne brouillent les pistes. La structure du récit, qui retourne en arrière à plusieurs reprises pour montrer les mêmes événements sous d’autres angles, évoque Elephant de Gus Van Sant. Mais le dispositif est ici utilisé à d’autres fins, en l’occurrence pour manipuler le spectateur, qui trouve à chaque relecture des faits de quoi remettre en cause ce qu’il croyait établi. Le risque de voir l’ensemble virer au procédé n’est pas toujours écarté, mais il est contrebalancé par deux atouts maîtres. D’une part, l’interprétation exceptionnelle de jeunes comédiens peu ou pas connus qui font sortir leurs personnages des clichés dans lesquels ils risquaient de s’engluer. D’autre part, l’attachement du cinéaste aux petits détails d’une époque qu’il a connue à l’âge de ses héros.
Toutes les critiques de Simon Werner a disparu...
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Fabrice Gobert intrigue, inquiète puis séduit avec Simon Werner a disparu. Le cinéaste nous plonge dans les couloirs d'un lycée de la banlieue parisienne, en 1992, où un adolescent manque à l'appel.
On a l'impression de goûter tout à tour aux mystères d'une série à la façon de «Twin Peaks», à une chronique mélancolique proche de John Hughes (La Folle Journée de Ferris Bueller), et à un suspense digne d'Elephant de Gus Van Sant. Preuve qu'avec ce film diantrement excitant, Fabrice Gobert a parfaitement digéré ses nombreuses influences.
De jeunes acteurs doués (Ana Girardot, Jules Pelissier, Arthur Mazet) donnent corps à des élèves dont on découvre les motivations au gré de flash-backs permettant de varier les points de vue. Une construction qui rappelle Pulp Fiction ou Rashomon.
Le talent de Gobert est d'avoir su accommoder ces divers ingrédients à sa sauce en réalisant l'une des meilleures surprises de cette rentrée. Simon Werner a disparu est une véritable trouvaille. -
Outre son indéniable maîtrise esthétique (le film arbore une élégance formelle, une séduisante lumière artificielle, une utilisation efficace de la musique de Sonic Youth), Simon Werner a disparu... donne donc une petite impression de déjà-vu, et la manière dont il résout le mystère dans lequel il nous a embarqués ressemble à une pirouette. Mais c'est dans l'exploration des fantasmes de ses protagonistes qu'il puise son originalité. (...) Ce que filme Fabrice Gobert, c'est le trouble contagieux qu'elles engendrent, attisé par des élucubrations n'ayant d'autres sources que les rapports que certains garçons ont avec certaines filles, que les mômes ont avec leurs parents, avec les profs, avec eux-mêmes.
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L'intrigue ? Elle ne relève pas de la catégorie Stephen King. Le dénouement, tout sauf une apothéose, éloigne les hantises, les obsessions croisées et recroisées en chemin : trafic de drogue, homosexualité, pédophilie. Le principe de réalité paraît banal, et brutal, au regard des fantasmes en circulation, en libre association, pendant tout le film. Simon Werner a disparu... est, à sa façon, un polar, mais l'exaltation vient d'ailleurs. La vraie enquête, celle que mène Fabrice Gobert, porte, avant tout, sur l'adolescence, ses chimères et ses mirages. Ses mises en scène.
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Film d’ados, enquête policière, drame, thriller : enveloppé d’une musique planante signée Sonic Youth, ce film mêle les genres avec bonheur. Le découpage complexe en plusieurs parties - les points de vue successifs de quatre protagonistes sur les événements -, est habile, fluide et bien écrit. Cette structure éclaire les faits ou les obscurcit, nous balade en beauté, tout en affinant la personnalité des personnages, stéréotypés à l’américaine (le beau gosse, la bombe, le boulet, le solitaire, etc.). Les adolescents révèlent ainsi leur goût pour le drame, leur vie secrète et fantasmée loin d’un quotidien plombant, leur besoin de se faire des films. Du conte de l’enfance (une forêt, une cabane cachée, des adultes perçus comme des monstres) au final d’un réalisme banal, ce thriller existentiel distille une sourde angoisse. Un premier film à suivre.
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En plus de malmener nos nerfs, le novice, en lice à Cannes 2010 dans la sélection Un Certain Regard, s'illustre par la justesse de ton et par la qualité de sa direction d'acteurs. Tous méritent le tableau d'honneur. Parmi eux, un certain Jules Pelissier, un ancien de la Nouvelle Star 2008.
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(...) avec ce premier long-métrage, Fabrice Gobert nous propose une oeuvre singulière dont le scénario, découpé en tranches de temps, s'assemble à la façon d'une grille de mots croisés. Ce ne pourrait être qu'un simple exercice de style virtuose, s'il n'y avait une réelle maitrise de l'intrigue, une sympathique justesse de temps, un parti pris esthétique convaincant, un sens aigu de la bande-son, le tout enveloppé d'une BO vivifiante (...).
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(...) on ne fait que suivre les fausses pistes. Le véritable disparu, ce n'est pas Simon Werner. C'est ce désarroi adolescent que Fabrice Gobert perçoit très bien. Mais qu'il oublie dans une vaine mécanique alambiquée.
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Oui, forcément, ce premier film d'une jeune réalisatrice s'inscrit sous l'influence des teen films de Gus Van Sant et de Sofia Coppola, ce qui n'est évidemment pas une mauvaise chose en soi ! D'autant qu'on y rencontre aussi une atmosphère habitée, des personnages attachants, un réel suspense, une ambition cinématographique sincère. On s'intéresse donc à ce microdrame situé dans les années 90, mais on attendra tout de même la suite avant de crier au génie.
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Le cheap intégral de ce produit qui voudrait ressembler à Elephant rappelle davantage les pastiches postés par les internautes à longueur de journée pour trois francs six sous. Le seul mystère est que le chef-op Agnès Godard et le meilleur groupe du monde (Sonic Youth) se fourvoient dans cette version arty de Plus belle la vie.