- Fluctuat
Cabrera revient, et nous pensions (sans mentir) assister à une grande leçon de mise en scène. L'auteur du très beau L'Autre côté de la mer, fait malheureusement fausse route. Nadia et les hippopotames hésite entre la comédie légère et le road-movie godardesque (Week-end quand tu nous tiens !).
Il faut savoir une chose : les oeuvres de Cabrera se ressemblent toutes. Dans Nadia et les hippopotames, nous retrouvons cette volonté de concilier deux tendances cinématographiques : le réalisme poétique (la grâce) et le drame social (la violence sordide du chômage). Déjà, dans L'Autre côté de la mer, le personnage interprété par Roschdy Zem se révoltait sans amertume contre ce monde où l'intégrisme religieux engendrait la pourriture, le sordide et l'hypocrisie. La violence de Nadia et les hippopotames est occasionnelle.
Décembre 1995. La France est paralysée par la grève des transports en commun. Une jeune femme, Nadia, qui vit du RMI, élève seule depuis six mois son fils Christopher. Un jour, elle croit reconnaître le père de l'enfant dans un reportage télévisé, tourné gare d'Austerlitz sur les cheminots grévistes, et décide de partir à sa recherche...Cette errance en forme de road-movie est un moyen pour Cabrera d'ancrer son film dans le réalisme le plus concret. Toucher là où ça fait mal, tel est le fil conducteur de ses films. Mais sa mise en scène est totalement invisible. Le résultat donne des dialogues très abstraits, une absence flagrante d'atmosphère, des retournements de situations maladroits (la séquence où l'on assiste à un monologue de Thierry Frémont encourageant ses amis à continuer la grève) et une interprétation totalement flemmarde (aucune direction précise).Nadia et les hippopotames
De Dominique Cabrera
Avec Ariane Ascaride, Marilyne Canto, Thierry Frémont
France, 1999, 1h40.