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La farce commence par une balle perdue. Dans une misérable cité ouvrière de Palerme, une famille défavorisée « compense » le meurtre accidentel de sa petite fille par l’achat d’une grosse berline. Dans la veine des comédies noires italiennes des années 60-70, cette chronique de la misère ironise sur l’opportunisme de ses personnages grotesques. Magistralement interprété, le film manque de peu son but en ne jouant pas la carte du burlesque à fond. Les effluves sentimentalistes de la fin viennent gâcher une amoralité jusqu’au-boutiste qui aurait été bienvenue.
Toutes les critiques de Mon Père va me tuer
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce mariage de bouffonnerie et de tragique compose un improbable mélange de comédie italienne et de film noir.
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Le réalisateur Daniele Cipri impose sa personnalité par un astucieux montage et une image délicieusement années 1970.
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"Mon père va me tuer" renouent avec l'esprit d'Ettore Scola et Dino Risi. Gros plans grimaçants, beaufs ventripotents : Daniele Cipri fait du cinéma comme d'autres dégueulent. (...) Telle est la conclusion du film le plus férocement incorrect de l'année.
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Ce n'est pas qu'il (le réalisateur) ignore l'histoire du cinéma italien. Il lorgne plutôt du côté de Fellini (pour le grotesque) et de Pasolini (pour la violence tragique), sans renoncer à ce qui faisait le caractère de ses films avec Maresco. Cette accumulation donne parfois à Mon père va me tuer l'aspect d'un monument surchargé dans lequel on erre en butant sur des figures de plus en plus grotesques.
A cet égard, le réalisateur tire de Toni Servillo une représentation de l'abjection qui va nettement au-delà du numéro d'acteur. Il n'y a rien de réaliste dans le jeu du comédien. Il compense son physique qualunque par une violence dans l'expression du visage et de la voix qui tétanise aussi bien ses partenaires (son pauvre fils Tancredi, incarné par Fabrizio Falco) que le spectateur, qui ne croit pas qu'on puisse être encore plus bête, plus cupide, plus égoïste.
Tout l'art de Servillo et Cipri est de laisser subsister en ce personnage de Nicola Ciraulo une minuscule étincelle d'humanité qui empêche qu'on le prenne à la légère. Ce n'est pas un de ces monstres à la Dino Risi, que l'on montrait au peuple pour lui donner bonne conscience. C'est le représentant légitime de ce peuple que Cipri présente à l'écran.
Plus le film avance vers son inexorable conclusion (annoncée dès le prologue), plus le ciel de Palerme se plombe. Le décor de la cité de logements sociaux où vivent les Ciraulo ressemble de plus en plus à un pénitencier où les détenus n'auraient pas commis d'autre crime que d'être pauvres. Un peu à notre insu, la colère de Cipri nous a guidés de l'amusement sceptique que provoque la farce à l'indignation que suscite la tragédie
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Cette comédie-bouffe dont les protagonistes sont des cousins à la mode sicilienne des personnages d’« Affreux, sales et méchants » repose sur l’abattage de ses deux interprètes principaux.
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Deux points faibles cependant : la facture très classique, on a perdu toute l'invention formelle de ses précédents travaux avec Franco Maresco. Et le récit s'effiloche un peu, réduisant la chronique à l'anecdote. Restent les comédiens, quelques scènes fortes, des dialogues bien sentis et un beau dernier plan rappelant la sensibilité de Cipri derrière l'impassibilité apparente.
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Le conteur dans la file d'attente fait durer le suspense. C'est la principale faiblesse du scénario, qui se perd en route et dans les allers-retours entre passé et présent.
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Cette farce cruelle séduit souvent par le jeu vivifiant de ses acteurs livrés à des situations grotesques. C’est parfois trop versé dans le pittoresque mais assez théâtral et déjanté pour surprendre.
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Daniele Ciprì continue d'explorer un terrain aussi original qu'incertain : la tragédie grotesque, qui essaie d'alléger une trame sociale des plus sombres par un traitement caricatural et maniéré.
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Une résurrection distanciée et biscornue des farces italiennes des années 1960-1970. Tony Servillo (...) [est] parfait en pater familias hystérique. Mais on reste dans une dérision de la dérision. La candeur du genre est morte.
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Si par séquences, le charme opère, grâce au talent du cinéaste et à l'interprétation de Toni Servillo, "Mon père va me tuer" hésite trop entre drame et comédie pour convaincre et émouvoir, surtout que la révélation finale est prévisible dès les premières minutes.
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Le réalisateur de Vinvere soigne cette chronique de la famille italienne coulée dans un univers de métal et aux lumières blanches. Une austérité plastique à la fois magnifique et funeste (...) qui fait péter les plombs à ses personnages. Sauf qu'entre cette pesanteur et un désir de comédie débridée, le film peine parfois à trouver son équilibre.
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Difficile d'imaginer que, dans une autre vie, Daniele Cipri est aussi le chef opérateur de Vincere de Marco Bellocchio. Cette fois, il se fait le chantre de la télévision berlusconienne. Difficile d'imaginer pire schizophrénie.
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En tant qu’ersatz ou pense-bête, cette comédie est regardable.
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Entre comédie burlesque dérangeante et chronique sociale de la pénurie, le film ne choisit pas. Un balancement qui peut plonger le spectateur dans la perplexité, voire le malaise.
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La laideur de la réalisation est doublée par celle du regard porté sur ce bon peuple pittoresque, à l’aise dans la connerie, seulement digne et héroïque dans le malheur. Au pays du néoréalisme et des comédies de Mario Monicelli, on se croit coincé dans un mauvais rêve.(...) Enfin arrivé au bout du calvaire de la projection, au cas où on croiserait Daniele Ciprì, on a simplement envie de savoir comment on dit dégueulasse en italien : schifoso !