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Retrouvant l’inspiration de John John, entre fiction et documentaire, le cinéaste philippin déploie tout son art pour suivre deux vieilles dames dans l’adversité. (...) À l’instar de ses héroïnes, qui savent qu’entre les grandes étapes obligées (la visite à la prison, les errances administratives d’un bureau à l’autre), leur croisade se gagnera sur de petites choses, Mendoza alterne, dans sa mise en scène, les séquences spectaculaires (la procession funéraire sur l’eau) et les plans plus modestes, toujours admirablement composés. La vérité des personnages et le constat glaçant sur une société où l’argent peut tout acheter paraissent alors d’autant plus poignants qu’ils sont sublimés par une mise en scène qui réinvente le néoréalisme.
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Dans Lola, tout est question de survie, comme l’illustre l’ultime rencontre entre les deux grands-mères. Au diable les morts, la vengeance, la rétribution ou le soulagement, on cause arthrite et maris défunts (les hommes sont fantomatiques, inutiles ou en prison).On en chanterait Vivre ou survivre de Balavoine.
Toute la beauté de Lola, à l’image de la séquence avec la bougie, est d’illuminer avec une simple flamme minuscule et vacillante. D’ériger le dérisoire en geste d’élégie. -
La nourriture est la condition première de la survie. Mais Lola est aussi un film sur la circulation de l'argent. Le premier plan est celui d'un échange de billet, tout ce qui s'ensuit souligne le prix des choses (du cercueil aux photos d'identité). Mendoza dépeint le troc des légumes et des canards, la mise en gage d'un poste de télévision, le grappillage des pesos, le vol d'un client au marché. Les magots roulés et tenus par un élastique sont soigneusement enveloppés dans des mouchoirs, comme des talismans. (...) Loin de la violence qui lui fut reprochée dans Serbis et Kinatay, et tournant comme toujours caméra à l'épaule, imbibé par la fièvre de la rue, avec une inégalable dextérité, Brillante Mendoza signe une chronique d'une impressionnante humanité.
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Mieux que personne, il sait donner de la chair et de l'odeur à ce qu'il regarde en ajoutant, dans sa fiction, des petits morceaux de documentaire et d'images prises à la volée. La critique se pince bizarrement le nez face à ce cinéaste qui, selon elle, filme trop vite pour être honnête. Mendoza peut aller à la vitesse qu'il veut, c'est un cinéaste. Forcément un cinéaste.
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Rares sont les cinéastes qui maitrisent à ce point l'art de faire fusionner la réalité documentaire et la fiction narrative. Mendoza, qui s'impose ici comme un maître de la peinture à l'eau de pluie, nous offre, sur fond de misère lacustre, des images mouvantes qui sont autant de toiles détrempées, accrochées à jamais à nos mémoires.
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Voilà, après le très impressionnant « Kinatay », le nouveau film de Brillante Mendoza, un des plus importants cinéastes d’aujourd’hui. Avec sa caméra numérique et ses actrices bien sûr, il nous donne à voir un magnifique cinéma, la société et les êtres qui font son pays, ces Philippines qu’il aime et filme comme personne. Défilent sur l’écran la saison des pluies, des corps voûtés et fatigués qui déambulent dans les quartiers pauvres d’une ville dont on ne choisit pas toujours les trottoirs, un cercueil qui échappe à ceux qui le portent et tombe maladroitement sur une frêle embarcation ou encore une procession funéraire sur un fleuve qui mène deux familles à une vérité, à un aboutissement. Un film bouleversant d’humanité : Brillante Mendoza est bien l’héritier du Jean Renoir qui filmait lui aussi, il y a soixante ans, un autre fleuve.
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Brillante Mendoza nous montre sans fard les ravages du temps qui passe. Superbe.
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Rien ne sera épargné au deux héroïnes voûtées de Lola, qui comme Umberto D. (Vittorio de Sica), cumulent vieillesse et pauvreté, mais tentent de rester digne dans l'adversité. Sans misérabilisme ni angélisme, Mendoza les montre aussi dans leurs travers, détaillant leurs combines plus ou moins honnêtes pour parvenir à leurs fins, légitimes. « Tous sont justifiables, personne n'est juste » : ainsi se définissait la « formule tragique » selon Camus. Sous ses abords chaotiques, le cinéma accidenté de Mendoza respecte à la lettre ce stimulant équilibre.
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Caméra à l’épaule, il photographie la réalité philippine : alors que tout se liquéfie autour d’elles, les grands-mères courage luttent contre les éléments, dans une société matérialiste en diable (la télé diffuse des jeux d’argent, c’est un vol de téléphone portable qui est à l’origine de l’assassinat, la justice accepte les petits "arrangements" financiers, etc.). Le film – très pudique – émeut car Mendoza, qui dépeint une humanité misérable mais fière, reste au plus près de ses personnages et trouve en ses comédiennes deux interprètes extraordinaires.
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Mais au-delà de la peine ou de la honte qu'il provoque, ce meurtre va surtout coûter cher en tracasseries de toutes sortes et en dépenses imprévues. D'un côté, il faut trouver de quoi payer des funérailles. De l'autre, financer un procès. Et voilà comment l'argent devient l'enjeu d'un film passionnant. Les images, tournées dans un quartier de Manille inondé toute l'année, ont beau impressionner, elles ne sont jamais «esthétisantes», et l'histoire, rocambolesque, est traitée sans manichéisme ni bons sentiments.
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Drame banal que le cinéaste philippin filme en quasi-temps réel au travers des incessants déplacements de cette aïeule épuisée dans un quartier inondé et insalubre. Nous immergeant ainsi à ses côtés, sans manichéisme ni commisération douteuse, au sein de cette extrême pauvreté.
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Les plans sont beaux et simples et puis la caméra se replie dans le wagon, où sévit un cinéaste cynique qui, filmant le même décor, fait des zooms obscènes sur les miséreux et n'est là que pour servir d'anti-modèle à Mendoza. Rien de plus pénible que de se voir ainsi administrer, à la fois, le film, et le commentaire élogieux et fait maison de sa méthode. C'est un vrai gâchis surtout, parce qu'ailleurs le film est vraiment beau, et confirme qu'à la condition qu'il se libère de ce genre de manie, le cinéma de Mendoza a de beaux jours devant lui.