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Le nouveau film de Keren Yedaya affiche une volonté assumée : celle de disséquer la violence et la complexité d’un inceste en étudiant les sentiments contradictoires d’une jeune fille pour un père qui est aussi son bourreau. Malgré les sévices qu’elle subit, la victime renforce involontairement les murs de sa propre geôle. Malheureusement, af n de décrire l’ambivalence de cette relation de maître à esclave, la réalisatrice israélienne se croit obligée d’aligner les scènes éprouvantes. Entre deux moments chocs (viol, scarifi cation, gangbang balnéaire…) viennent s’intercaler des plans fi xes interminables sur le quotidien déprimant de l’héroïne, par ailleurs boulimique, qui passe son temps à se brosser les dents. Diffi ile à la longue d’éprouver de l’empathie pour ce "film à message" par trop complaisant.
Toutes les critiques de Loin de mon Père
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Nous ne mélangerons pas éthique et esthétique et nous contenterons d’affirmer que c’est le film qui nous a le plus marqué de la journée et qu’il produit un effet physique fort. Un moment de vrai cinéma, mais éprouvant.
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On retrouve, dans ce film, la réflexion implacable et pessimiste de la cinéaste sur la condition des femmes broyées, leur place dans la famille et dans la société. Une oeuvre de combat encore plus offensive : une dénonciation de l'oppression pure. Une épreuve de force pour les deux comédiens principaux, qui se donnent tout entiers au gouffre.
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Une oeuvre puissante et courageuse. "Loin de mon père" est le récit d’un combat impitoyable, par lequel une jeune femme s’affranchit de ses entraves et se reconnecte à sa féminité, en disposant pour la première fois de son corps. Le parcours aura été éprouvant mais, sans l’absolue conviction de Keren Yedaya, qui repousse en son nom les limites du figurable, il aurait été vain.
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Keren Yedaya y passe d'une certaine âpreté réaliste à la mise en scène frontale d'une relation incestueuse en huis clos, avec le parti pris d'en montrer la routine dans toute son abjection. Il n'est donc pas certain que tous les spectateurs aient le courage d'assister jusqu'au bout à ce film qui a fait le choix, discutable, de l'exhibition plutôt que de l'évitement du sordide.
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À travers le drame de Tami, qui ne parvient pas à sortir de l'emprise de son père, le regard délibérément précis d'une réalisatrice féministe sur l'inceste. Courageux, mais pénible à supporter.
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Dans ce récit à quasi huis clos répétitif et souffrant de longueurs, on n’éprouve aucune empathie pour les personnages, pas même pour Tami, qui multiplie les crises de boulimie et d’automutilation pour exprimer son mal-être et lancer un appel au secours. Dommage.
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Le huis-clos est étouffant. La prestation – remarquable - des acteurs ne sauve pas une intrigue enlisée dans l’innommable.
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Malheureusement la réalisatrice ne parviendra jamais à (...) transcender son sujet et faire plus de son long-métrage, qu’un enchaînement de scènes barbares.
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Tout le film reposant sur la frustration-jalousie de sa fille par rapport à la nouvelle élue, l'installation du film perd toute sa vigueur pour retomber dans un schéma simplificateur qui lui nuit. Louable dans ses intentions et son parti pris non esthétisant, "Loin de mon père" perd tout son potentiel par une construction bancale contradictoire à ses prérogatives.
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Sans dialectique, respiration, ligne de fuite, son film devient aussi pénible et excessif que le phénomène que la réalisatrice entend dénoncer.(...) Est-il nécessaire de nous plonger durablement la tête dans une cuvette de chiotte sale pour nous dégoûter de la merde ?
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La naissance cinématographique de Tami arrive bien tard : notre œil et notre esprit sont trop épuisés de souffrance, de sexe glauque et de relations de pouvoir malsaines sans aucune bienveillance tempérante pour être réceptif à cet espoir impromptu.
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Keren Yedaya enchaîne complaisamment des scènes équivoques dont on ne sait si elles jouent sur le voyeurisme, la compassion, l'ambiguïté, le sensationnalisme, tout en nous laissant nous débrouiller avec elles (...) l'absence de point de vue provoque une paradoxale indifférence et c'est ce qui pouvait arriver de pire au film.
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L’inceste est dépeint non pas comme un lien monstrueux, mais plutôt comme une relation complexe, ambivalente, suffocante et proche de la dépendance. Investie de cette idée, Keren Yedaya livre un film dérangeant, nauséeux, radical.
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La réalisatrice Karen Yedaya s’enferme dans un processus de provocations, répétées inlassablement pendant plus d’1H30. (...) Elle ne pousse jamais la réflexion, ne contextualise pas les choses et se contente de provocations gratuites. Dommage pour l’interprétation remarquable mais film inutile et abject.