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C’est en France qu’on trouve l’héritier du cinéma social anglais. Il s’appelle Louis-Julien Petit. Entre Ken Loach et Stephen Frears, le cinéaste impose depuis son premier film, Discount, un cinéma citoyen. Dans Les Invisibles, ses héroïnes sont les femmes SDF, celles qui errent de refuge en refuge à la recherche d’un peu de chaleur. Louis-Julien Petit redonne un visage à celles qu’on ne voit plus. C’est à l’Envol, un centre d’accueil de jour, qu’elles viennent se poser sans jugement. Mais le centre est condamné à fermer pour cause de non-rentabilité – car même les structures sociales doivent être rentables ! – et ces femmes vont perdre leur point d’attache. Commence alors un combat collégial pour retourner la fatalité, une de ces histoires comme le cinéma les aime, où le système D et le vivre-ensemble triomphent du mal. Bien sûr, on sait que dans la vraie vie, tout est bien plus complexe et d’ailleurs, le réalisateur ne tombe pas dans le conte de fées. Mais sa mise en scène dynamique, ses dialogues percutants, sa galerie de personnages touchants donnent au film une vitalité communicative. Auquel s’ajoute le point fort de son film : la mise en lumière d’autres invisibles de la société, les travailleurs sociaux. En mettant en avant l’énergie de la lutte des responsables du centre, interprétées avec force et conviction par Corinne Masiero et Audrey Lamy, Louis-Julien Petit nous donne envie de lutter, à notre tour, contre l’inacceptable.