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L’écran est encore noir que les cartes sont déjà distribuées : celles de la démarche intime, subjective et émotionnelle qui a conduit Frédéric Chaudier, en deuil de son propre père, à planter sa caméra dans une unité de soins palliatifs pour observer la manière dont des patients en fin de vie sont pris en charge jusqu’à leur décès. Bien sûr, certaines séquences arrachent le coeur (...). Mais la compassion émerveillée du cinéaste pour les patients (de doux martyrs dont les cadavres
sont filmés tels des gisants) comme pour l’entourage médical (tous des saints), l’abîme du mauvais goût (un toilettage aux allures de Vidéo Gag) et la naïveté de nombreux procédés audiovisuels évacuent dans leur élan un élément essentiel : par quelque bout qu’on la prenne, la mort est quand même et avant tout une sacrée saloperie.
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Dehors, par moments, le film affronte le bruit, la vitesse de la ville. Dedans, il se nourrit du silence et des lumières changeantes - du soleil par la fenêtre, les néons des salles de réunion, la pénombre d'une chambre sans veilleuse. Les portes s'ouvrent, des patients dévoilent leur corps fracassé, leur colère, leur peur, les familles témoignent, les soignants évoquent leur désarroi. Que dire à ceux qui demandent l'arrêt des soins, comme cet homme de 32 ans entièrement paralysé, avec qui le documentariste parvient à communiquer ? Avec ce film sombre et lumineux, Frédéric Chaumier invite en douceur à la réflexion, et rend hommage à son père, aux malades et aux soignants. A la vie.
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Sept ans après avoir perdu son père, Frédéric Chaudier retourne au centre de soins palliatifs Jeanne-Garnier et filme, pendant plus d’un an, le quotidien de malades et de leurs soignants. On admire la dévotion, la gentillesse des infirmiers envers des patients, jeunes et vieux, qu’ils accompagnent le plus dignement possible dans leurs derniers moments.
Tout comme eux, on s’attache aux malades: vieux monsieur ronchon mais plein d’humour, trentenaire atteint d’un locked-in syndrome en attente d’une euthanasie en Suisse. Un film dur et bouleversant qui nous rappelle qu’il faut savoir parler de la mort pour continuer à vivre.
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Ce documentaire, tourné dans une unité de soins palliatifs, est avant tout un film d'auteur, réalisé avec une sensibilité bouleversante. (...) Ce documentaire n'est pas une enquête, mais une quête. De sérénité, de sagesse et d'amour des autres.
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La douleur du cinéaste n’interfère jamais celles ressenties par les patients et le personnel soignant. Bonheurs fugaces, espoirs étranglés, renoncements… tout est saisi ici avec pudeur et délicatesse. Eprouvant ? Souvent. Bouleversant ? Toujours.
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Frédéric Chaudier ne fait pas mystère de vouloir liquider son deuil. Ce désir égoïste est assumé à travers l'habillage du film, entrecoupé de séquences animées au symbolisme très lisible et de plans de Paris rappelant qu'au dehors, la vie continue, porté par une musique sentimentale.
Ces défauts - car c'est bien de cela qu'il s'agit, les procédés sont trop apparents, leur réalisation pas très inspirée - sauvent peut-être le film. Ils distraient un peu du spectacle de la mort, que, fidèle au programme énoncé par le titre, Frédéric Chaudier veut faire voir, de gré ou de force.