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Ceux qui connaissent Michel Franco (Después de Lucia, Chronic) sont coutumiers de ses films insoutenables qui, derrière un vernis faussement policé, décrivent des agissements parfaitement ignobles qui incitent à l’indignation ou au dégoût. On aime ou on déteste se faire manipuler par le cinéaste mexicain, adepte d’un cinéma frontal et bulldozer. Avec Les filles d’avril, Franco s’assagirait-il ? Il y dépeint une famille a priori “normale” constituée de Valeria, ado enceinte à 17 ans, de Clara, sa sœur aînée trentenaire, et d’Avril, leur mère prof de yoga. À la naissance de l’enfant, tout le monde consent des efforts pour faire vivre la famille élargie –il y a aussi le père, Mateo, rejeté par ses parents. Jusqu’au jour où Avril part en vrille… Il n’y a pas, contrairement à d’habitude, de grande scène terrifiante de sadisme dans Les filles d’avril, du genre de celles qui vous poussent à quitter la salle. C’est un film plus insidieux, qui instille petit à petit son poison à travers un personnage extrêmement dérangeant de femme-vampire prête à tout pour conserver son ascendant invisible sur les autres et une forme de jeunesse éternelle. La vérité qui éclate progressivement éclaire sous un jour nouveau les scènes inaugurales et certains comportements a priori “normaux”. Glaçant.