Toutes les critiques de Le Président

Les critiques de Première

  1. Première
    par Alex Masson

    Ce documentaire sur Georges Frêche ne dévoile rien qu’on ne savait déjà sur les contradictions du défunt, président
    de la région Languedoc- Roussillon (il est mort en octobre dernier), incarnation de la gouaille à la méridionale. L’intérêt,
    réel, est ailleurs, notamment lorsqu’Yves Jeuland s’attarde sur les deux conseillers qui poussent le président à aller toujours plus loin dans le coup d’éclat. Le vrai sujet du documentaire apparaît alors : révéler ce qu’est la politique française aujourd’hui, à savoir un art de la communication au détriment des convictions.

Les critiques de la Presse

  1. Télérama
    par Juliette Bénabent

    Mais, au-delà de cette person­nalité rabelaisienne, Yves Jeuland - déjà auteur du formidable Paris à tout prix, en 2001 - livre un véritable document sur la vie politique. Parfois drôle et scorsesien, Frêche étant flanqué d'hommes de main : en costard brillant, ruminant des chewing-gums ou grillant des cigarettes, ses hommes le recoiffent, lui ouvrent les portes, lui glissent des notes pendant ses interviews. Un document effrayant, aussi, lorsqu'il dévoile le cynisme du système : le président, en larmes pendant un meeting, évoque son père « parti à pied de Toulouse, les sabots sur le dos », avant de s'esclaffer, le lendemain, avec toute son équipe, devant une arnaque si réussie - Frêche père était un officier installé. La réalisation est discrète, sans interviews ni commentaire. La politique apparaît avec ses passions, ses tricheries - « en campagne, on peut raconter n'importe quoi et mentir » -, ses perdants d'un jour, vainqueurs le lendemain. Comme un jeu. Le constat est sinistre, le film, passionnant.

  2. Nouvel Obs
    par Vincent Monnier

    Une histoire totalement fausse, révélera-t-il dans une scène d’anthologie du documentaire d’Yves Jeuland (« Paris à tout prix ») où l’on voit l’équipe de Frêche s’alcooliser gaiement juste avant le verdict des urnes. Pendant les six mois de ce qui sera sa dernière campagne, le réalisateur a suivi l’inénarrable président comme son ombre, ayant accès aux conciliabules comme aux coulisses, filmant tout sans que personne ne lui demande le moindre droit de regard. Le résultat donne un formidable portrait en mouvement d’un personnage truculent, insupportable, rabelaisien, cynique : « J’ai fait trois campagnes intelligentes, je les ai toutes perdues, déclare l’intéressé dans le film. J’en ai fait 27 de rigolotes, avec des histoires de cul et tout ça, et je les ai gagnées. »

  3. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    En recueillant comme pain bénit ce discours décomplexé, ne serait-ce pas plutôt le réalisateur qui pêche par naïveté ou inconscience ? En tout cas, Le Président scelle ce qu'on nomme en langage entrepreneurial un marché gagnant-gagnant. Pour Georges Frêche, paix à son âme, qui fait la démonstration que l'étalage public du vice lui est compté comme une vertu. Pour Yves Jeuland, qui s'approprie sans le discuter le sulfureux bénéfice de cet histrionisme populiste.

    Les seuls perdants sont les spectateurs, encouragés à entrer dans la connivence de ce remugle politicien, sauf à passer pour des ravis de la crèche. Il faudrait donc pouvoir rire (jaune) de cette satire documentaire avec la claire conscience que si la politique se réduisait à cela, on aurait bientôt fini de rire.

  4. Le JDD
    par Danielle Attali

    L’homme politique ne mâche jamais ses mots. Toujours un brin provocateur, mais lucide, le "président", comme tous l’appellent, nous surprend quand il écrase une vraie larme lors d’un meeting où soudain l’émotion le submerge. De son coup de gueule contre Arnaud Montebourg ("Il est fêlé, il y a longtemps que je le sais") à sa victoire, on aura vu l’élu traverser les derniers mois de sa vie, fidèle à ses convictions, se régalant aussi d’affronter les médias. Le film se déroule sans commentaire, laissant toute la place à son sujet. C’est son point fort. De même qu’il ne prétend pas faire le portrait de Frêche, personnage homérique "qui ne veut pas quitter la scène". Le doc s’achève sur l’installation de la statue de Lénine à Montpellier, ultime et ironique pied de nez à ses détracteurs.