Première
Adapter La Petite Sirène en live-action, vraiment ? L’univers aquatique du film d’animation et ses personnages marins, allant du poisson tropical jusqu’à la mouette, paraît pourtant peu taillé pour le monde humain, à l’opposé d’un Cendrillon, ou bien même d’un Mulan, qui peut miser sur sa dimension épique afin de créer du grand spectacle. Disney a décidé pourtant de s’y aventurer en accordant le personnage d’Ariel au monde qui nous entoure, en transformant la jouvencelle rousse en jeune femme afro-américaine, interprétée ici par la popstar Halle Bailey. Si les emphases racistes pathétiques de certains utilisateurs sur les réseaux sont venues un temps bousculer sa force tranquille, celle- ci réussit pourtant à tirer brillamment le film vers le haut. Sa présence et son sourire tape-à-l’œil constituent même les seules composantes attrayantes de ce tohu-bohu visuel, misant sur un photoréalisme difforme, bien loin des prouesses de l’avant-gardiste Avatar : La Voie de l’Eau.
Rob Marshall se perd et nous perd, lui, dans une mise en scène insipide, où le mouvement semble proscrit, tout particulièrement durant les séquences musicales où l’ensemble paraît tellement figé que les personnages semblent (littéralement) être en apnée. Les deux nouvelles chansons de Lin-Manuel Miranda n’apportent malheureusement pas grand chose, tandis que le travail sur les costumes frise le ridicule, avec un Javier Bardem en habit de Triton sorti tout droit d’une fan-fiction d’Aquaman.
Yohan Haddad