Première
Il y a quelque chose de rugueux dans la manière dont Mine du diable dévoile ses premières scènes, dont le noir et blanc mystique ternit l’éclat des rêves dorés. La couleur nous est arrachée, l’espoir avec. Celui de Jorge surtout, jeune chauffeur qui traîne sa moto- taxi et sa misère dans la banlieue de Lima. Débute alors sa ruée vers l’or vertigineuse, sur le toit des Andes péruviennes. Le mal des montagnes nous prend, celui du Diable aussi. Les rares lueurs sont celles des lampes torches, dans ces galeries minières hantées par les croyances et les superstitions, là où les corps sont sacrifiés pour quelques sous et où les âmes finissent par s’évaporer, anonymement. Le récit devient documentaire, ou l’inverse. La caméra contemplative de Matteo Tortone n’en devient pas pour autant insipide, elle explore les affres de ce métal précieux avec une beauté cruelle.
Lou Hupel