Toutes les critiques de Gladiator

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Le glorieux Maximus (Russell Crowe), est promis à une grande carrière politique. Mais sa naissance modeste ne le protège pas des jalousies du pouvoir. Il sera dégradé, évincé par le fils de l'empereur. On brûle sa maison, sa femme, son fils, et il devient esclave. Désormais vengeur de sa propre mémoire qui se confond avec celle de la dignité de Rome, il reviendra sauver la citée de la décadence.
    On brûle sa maison, sa femme, son fils, et il devient esclave. Désormais vengeur de sa propre mémoire qui se confond avec celle de la dignité de Rome, il reviendra sauver la citée de la décadence.Voilà donc Gladiator, et voici que le péplum, en tant que film de combats, retrouve le chemin de notre désir cinéphile. Voilà que les jeux du cirque, en tant que spectacle de masses, prennent une dimension critique, spéculant sur notre propre situation face aux images, au pouvoir, à la manipulation. Pour qu'une telle actualité soit réalisée et que la superproduction de Ridley Scott devienne une affaire rentable il a fallu que, de Spartacus (1961) à Gladiator (1999), une opération ait lieu sur le corps du Péplum tel que l'avait laissé Kubrick. Cette opération est un saut qui se lit dans le passage du "us" de "Spartacus" au "or" de "Gladiator". Et si ce saut s'affiche ainsi à l'entrée du film, c'est parce que c'est lui qui nous fascine.Maximus, "L'esclave qui a défié l'Empire", est un héros dans la pure tradition de cette figure, jeune encore, au temps des Romains. Le Péplum permet de rendre plausible une telle figure dans la fiction. Il est donc là, imaginé par Ridley Scott, tout auréolé des parfums de l'Olympe, fort du nectar d'Ambroisie dans lequel ses parents, les Grecques, ont baigné. Cependant nous le savons, nous l'attendons, ses mouvements ne sont plus tout à fait ceux de la tradition. Car, si le général Maximus est enfant du mythe, c'est sur le mode d'une reconstitution bio-technologique. Voilà le saut.Gladiator est à Spartacus ce que Ripley première génération (Alien I, II, III), est au sergent Ripley IV, qui traverse le temps et la mort même, perchée sur sa particule d'ADN. Ainsi le général Maximus est plus fort, plus intelligent, plus animal aussi que Spartacus (Kirk Douglas), mais très largement moins sentimental, moins soumis aux bouleversements des passions qui sont pourtant le pivot où s'accrochèrent les destinées romaines.
    Rappelons l'importance de l'amitié dans la conscience politique des romains : "...si l'on écartait de l'ordre naturel la relation d'amicale sympathie, pas une maison, pas une ville ne resterait debout, et l'agriculture ne saurait subsister" (Cicéron). Kubrick avait mis cela en scène. Dans Spartacus, la liberté qu'arrache l'esclave à l'Empire est d'abord celle d'avoir des amitiés, un amour, un enfant. Aujourd'hui Scott filme la disparition, l'absence ou la perversion fondamentale des sentiments qui ne sont possibles dans Gladiator que sous forme de rêve, d'utopie.Bref, Maximus déposant son nom propre devient Gladiator, un mutant, un nouveau genre de Terminator que les studios recouvrent de chair humaine en trempant son acier à la source de la culture occidentale, dans la Rome Antique. C'est du grand spectacle, bien rôdé, bien huilé, une entreprise réussie.Gladiator
    De Ridley Scott
    Avec Russell Crowe, Joaquin Phoenix, Connie Nielsen
    Etats Unis, 1999, 2h35.
    - Lire la chronique de Alexandre (Oliver Stone, 2005).