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Le film montre parfaitement les louvoiements pathétiques de cet homme à l'intérieur de la vérité (...).
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Rithy Panh donne la parole à Douch, qui dirigea, sous le régime khmer rouge, le centre de détention S21, où plus de 12 000 prisonniers furent tués entre 1975 et 1979. Un documentaire précieux, rigoureux et honnête, victoire de l'éthique et de l'humanité sur la barbarie.
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Le film de Rithy Panh, acte de foi total dans son cinéma, désormais capable de déminer les mensonges et les justification des coupables, nous donne à voir le masque si peu trompeur du mal.
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par Jacques Mandelbaum
Toutes les critiques de Duch, le Maître des forges de l'enfer (Documentaire)
Les critiques de la Presse
Kaing Guek Eav dit Duch (...) Récemment condamné à trente-cinq ans de prison, a accordé au cinéaste Rithy Panh, qui se met intelligemment en retrait le privilège d'un entretien qu'il faut bien qualifier d'exceptionnel Entre orgueil et déni, argutie et demi-aveu, tout le nuancier rhétorique du bourreau y passe, avec un front et une douceur qui sidère.
Si l’exercice n’est pas des plus agréables, il n’en reste pas moins indispensable, et les réflexions engendrées ne pourront s’imposer à d’autres. Une leçon d’histoire, et surtout d’humanisme.
Nouvelle pierre à un édifice filmique d’une ampleur comparable au Shoah de Claude Lanzmann, Duch rappelle que les atrocités de l’histoire sont commises par des êtres banals. L’homme, tous les hommes, sont potentiellement capables du pire, pour peu que certaines circonstances historiques ou politiques favorisent le réveil de la bête immonde.
A la frontalité du récit de ces crimes répond une précision dans le travail du cadre et du montage. Exigence cinématographique rendant cette confession plus insoutenable encore.
En 2002, pour le terrifiant documentaire S21 – La Machine de mort khmère rouge, Rithy Panh recueillait les témoignages des rares survivants du camp S21 et de leurs geôliers. Des mots pour ne
pas oublier les horreurs d’un régime génocidaire dont Duch fut l’une des chevilles ouvrières. Neuf ans plus tard, le cinéaste donne la parole à ce même Duch. L’homme a vieilli, ses traits se sont adoucis. Ses propos aussi, du moins essaie-t-il de nous le faire croire. L’ancien directeur ne nie pas ses crimes mais les excuse. La faute au régime, à la théorie marxiste, à tout sauf à lui.
Face à ce numéro de prétoire, Rithy Panh ne parle pas mais montre. Des documents d’archives à charge, des extraits de S21 où sont détaillées ses exactions. Duch se cabre, en arrive même à rire. Se lance dans des comptes d’épicier de la mort, sans être nullement gêné par la monstruosité de ses précisions. Le mal à l’état pur.
Accompagnant, sans le contester, l'autoportrait de Duch, ces images contribuent à la désorientation du spectateur confronté à une succession de séquences, prélevées sur les 300 heures enregistrées, montées comme des "blocs de mémoire" indépendants de leur énonciation initiale