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Pour son premier film, Rachida Brakni s’est intéressée au sort de ces femmes qui visitent leurs compagnons ou leurs fils en prison. « De sas en sas » résume bien le parcours de la combattante que cette démarche implique: les visiteuses passent littéralement d’une pièce à l’autre, chacune d’elles étant un passage obligé avant la suivante. Fouille, déshabillage, re-fouille, maquillage, attente… Le tout dans une chaleur étouffante (pas de clim’, c’est le plein été) et dans une insalubrité dégradante. Brakni admire à l’évidence ces victimes collatérales de la justice mais ne les sanctifie pas pour autant. Certaines sont des langues de vipère, d’autres font preuve de dangereuse passivité ; les « gentilles » ont des défauts, les « méchantes » ont des qualités. C’est une population profondément humaine (on n’oublie pas les matons, qui échappent à la caricature) que la réalisatrice autopsie avec un sens aigu de la mise en scène. Le travail sur le son et le cadre, remarquable, traduit l’enfermement et la promiscuité qui touchent aussi bien les détenus (qu’on ne verra jamais) que leurs visiteuses. Le dispositif mis en place par Brakni finit cependant par ronronner et la lassitude, vécue par les protagonistes, par nous gagner. Peu importe, en réalité. De sas en sas est une proposition de cinéma suffisamment originale pour passer outre.