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Comment Roland Joffé, le gars qui a fait The Mission (1986) ou encore la Cité de la Joie (1992) a-t-il pu commettre Captivity ? Besoin d’argent ? Dépression latente ? Envie de surfer lui aussi et comme tant d’autres sur la très rentable vague Saw ? Il faut bien admettre que cette jeune fille séquestrée dans cet étrange sous-sol n’a d’autre atout que son seul physique alors que l’intrigue est quand à elle quasi inexistante. On aurait pu espérer un minimum d’ingéniosité dans l’élaboration du scénario (l’un des atouts de Saw justement) mais il faut admettre que le seul ressort scénaristique est aussi fin qu’une charge de taureau bulgare dans un magasin de porcelaine. Inutile d’évoquer le jeu des acteurs qui ne semblent jamais vraiment croire à ce qui leur arrive : cela tombe bien nous non plus. Mais pour nous, il est possible de s'échapper (de la salle) rapidement. C'est une chance.
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Captivity, réalisé par le pied gauche de Roland Joffé, ressemble à du hachis parmentier. Ce bout de boyau rempli des restes de Saw et de rognons de Hostel voit Elisha Cuthbert se faire kidnapper, puis torturer par un psychopathe masqué qui lèche des cotons-tiges imbibés de sang. Par pitié, restez à la plage.
Toutes les critiques de Captivity
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Télé 7 jourspar Philippe Ross
Refrain aussi connu que lassant. Rolland Joffé, réalisateur de La Déchirure et Mission (Palme d'or), nous avait habitués à mieux. Un suspense horrifique convenu.
- Le JDDpar Stéphanie Belpêche
On croyait, à tort, que ce huis clos, précédé d'un buzz, s'intercalerait entre Saw et Hotel. S'il se fend d'une scène d'ouverture prometteuse, Roland Joffré aborde nos phobies quotidiennes sans grande intensité et survole le vrai sujet du film (le syndrome de Stockholm). Dommage.
- Fluctuat
A l'annonce de Captivity, l'association du pitch et du nom de Roland Joffé a suffit à nous faire lever un sourcil. C'est quoi ce truc, pourquoi lui ? Le mec de Vatel et Mission dans un thriller horrifique ? Inutile d'espérer, c'est le bide total alors que pourtant on n'était pas loin de l'expérience sadienne.
- Exprimez-vous sur le forum CaptivityC'est pas qu'on commence à trouver ça louche mais ce revival du film de torture a tendance à devenir tellement à la mode depuis quelques temps qu'on s'interroge. Après les récents Hostel 2 (pour le pire) et Motel (pour le meilleur), c'est à se demander si Hollywood ne répond pas, consciemment ou inconsciemment peu importe, à l'état de guerre que vit actuellement l'Amérique. Sans aller jusque là, on peut néanmoins s'étonner d'une certaine complaisance ou d'un cap passé par Hollywood. A la fois inutile d'aller chercher si près, le genre n'a pas attendu l'Amérique pour connaître ses lettres de noblesse. C'est aux Japonais qu'on doit les meilleurs (les pires ?) films de torture et de séquestration, de la série Tokugawa de Teruo Ishii aux Guinea Pig. Devant leur degré de perversité inouïe, les Américains restent des enfants de choeur. Mais après tout, c'est d'abord une histoire de conception de la morale.Captivity donc. Précédé d'une réputation sulfureuse entièrement conçue par son plan marketing (série d'affiches interdites à L.A, promesse de scènes insoutenables, etc), bêtement conditionné on demandait à voir. D'autant qu'un coup d'oeil à la fiche du film faisait apparaître tout en haut le nom de Roland Joffé, qu'on a encore du mal à situer par rapport au projet. Qu'est-ce que l'académicien (deux oscars et une palme d'or pour Mission, quand-même) pouvait bien foutre dans un thriller horrifique tout droit inspiré du nullissime Saw ? Sinon dans un vague sursaut de désespoir pour relancer sa carrière, on se le demande encore. Sur un scénario de Larry Cohen (un habitué du genre qu'on a connu en meilleur forme dernièrement sur son Master of Horror), Captivity est sans broncher le truc le plus nul qu'on ait vu dernièrement. Pourtant il faut lui reconnaître à la base deux trois idées.Façon La bête aveugle (Masumura, adapté d'Edogawa Rampo), le film démarre sans préambule sur l'histoire d'un top-model (Elisha Cuthbert), séquestrée par un maniaque dans une cave rigoureusement aménagée pour en faire sa chose. Elle y découvre ses affaires personnelles, des vidéos filmées chez elle, et surtout qu'un homme est retenu captif dans une cellule jouxtant la sienne. Rapidement et sous l'oeil omniscient de leur bourreau (avec une capuche en permanence sur la tête, risible), ils tentent de s'évader alors que tout a été organisé pour qu'ils finissent au lit.On comprend vite où Roland Joffé veut nous mener. Il essaie, laborieusement, d'insuffler une dimension érotique et perverse qui voudrait trouver son cheminement théorique dans la réflexivité qu'il sous-tend par rapport au corps et à l'image. Le tueur découpe des photos de la pin-up, collecte tout sur elle, la filme en permanence, et la réinvente dans une sorte de comics books mettant en abîme le modus operandi mis en scène par le film. En quelque sorte, il la fait passer de la fiction (l'image) au réel puis de nouveau la fiction (la sienne).Tout ça est bien sûr loin du résultat. Incapable de créer toute tension érotique, Roland Joffé s'épuise à faire changer de chaussures son actrice toutes les dix minutes, sans arriver par un seul plan à rendre un minimum d'émoi fétichiste. C'est bien le problème, jamais Captivity n'est à la hauteur de la mécanique qu'il veut défendre. Joffé ne sait pas quoi faire du corps d'Elisha Cuthbert qui pourtant dans le genre babe FHM est une icône promise à toutes les perversions et manipulations sadiennes. Se contentant paresseusement de suivre un script aux retournements de situations grotesques tout en essayant vainement de créer une intimité dans l'horreur complètement invraisemblable, auquel s'ajoute un semblant d'enquête policière inutile, le cinéaste est largué. Dans ce pur fiasco, les acteurs rament, décrédibilisant la moindre scène avec un potentiel. Tandis que le sound designer confond bombe atomique et bruit d'ouverture d'un tiroir en métal (à répétition, encore mieux). C'est simplement énorme, un pur suicide artistique en permanence enfoncé par le manque de rigueur narrative (on devine tout, très vite) et la crainte de se confronter à ce que propose concrètement le sujet. Finalement plutôt timoré voire timide ou complexé, Captivity ruine scrupuleusement son potentiel (un délire ludo-érotico-pervers autour d'Elisha Cuthbert, ça ne se refuse pas) et finit par se hisser à peine au-dessus de Saw, c'est dire. Captivity
Un film de Roland Joffé
Avec Elisha Cuthbert, Daniel Gillies et Pruitt Taylor Vince
Sortie en salles le 8 août 2007[Illustrations : © TFM Distribution]