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Crise d'identité et découverte de la réalité brûlante du monde, le scénario d'Avril ne manque pas d'ambition. Hélas, malgré quelques scènes convaincantes (dans la première partie notamment, au couvent) et la prestation ambigüe de Sophie Quinton, la fiction s'égare plus d'une fois dans les digressions ultrasignifiantes et l'esthétisme un tantinet grandiloquent. Singulier mais maladroit.
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- Fluctuat
Secret, foi, amour, amitié, art, homosexualité, liberté... Avril mêle de nombreux thèmes, sans réussir à tous les traiter. Petites touches de sens et petites touches de couleur s'imbriquent dans une tentative de discours symbolique ... alourdi par son omniprésence. Au final, le tableau foisonne de coups de pinceaux qui manquent de rythme et de de légéreté.
Fraîcheur de la pierre et des voûtes, tenues austères, tâches manuelles, couleurs grises... On se croirait d'abord dans le tableau de Vermeer. A la seule différence qu'on se trouve dans un couvent et non chez une crémière. Au centre, Avril, jeune soeur sur le point de prononcer ses voeux. Seulement vingt ans au compteur et autant dans ce couvent, où on l'a abandonnée bébé. C'est-à-dire qu'elle ne connaît rien de la vie. Silence, calme, obéissance et foi constituent son pain quotidien, dont elle ne se plaint pas. Les seules couleurs dont elle profite, ce sont celles qu'elle étale en cachette sur le papier. De jolies fleurs épanouies, enfermées dans son cahier d'art... Lorsqu'Avril entame une retraite de quinze jours avant ses voeux définitifs, sa complice soeur Bernadette, pleine de compassion pour elle, lui annonce une sacrée nouvelle : Avril aurait un frère jumeau, quelque part. Quinze jours de retraite, n'est-ce pas le moment idéal pour prendre un peu le large ? Et pourquoi pas s'offrir de petites vacances dans la vraie vie, bien accompagnée ?Un peu long, un peu fastidieux, le film s'élance lentement dans l'univers tristoune du couvent et peine ensuite à s'envoler. Comme s'il avait du mal à aller de l'avant. Coïncidence ? C'est si daté qu'on s'interroge aussitôt sur l'époque avant d'apprendre, au bout d'une bonne demi-heure sinon plus, une fois sorti du cloître, que l'action se situe à la fin des années 1980. On se demande d'ailleurs bien pourquoi, d'autant que les protagonistes ne cessent de passer au mange disque des tubes clairement estampillés sixties. Et qu'Avril, elle, se verra offrir un maillot de bain franchement seventies. Etranges anachronismes, que l'on relève sans en comprendre l'utilité, sinon celle de colorer un brin tout ça, de donner un petit cachet.Une simple métaphore
On ne s'attardera pas sur la mise en scène plutôt transparente, hormis pour évoquer un point précis : le développement du jeu symbolique entre l'héroïne et les couleurs. Avril, qui possède un joli coup de pinceau, découvre la vie. Ce faisant, sa vie se peuple progressivement de couleurs. La jeune fille s'épanouit comme une fleur, elle qui en peignait lorsqu'elle était enfermée. Pour la première rencontre avec son frère, elle a besoin de le dessiner. Pour s'émanciper définitivement, elle repeindra la chapelle de sa retraite d'une façon toute personnelle... Tout ça, et plus encore, compose une métaphore picturale filée tout au long du film. Elle est limpide, son sens évident s'impose. Jolie idée certes, et jolies scènes colorées au passage, mais qui portent un discours simpliste et une symbolique trop appuyée.Heureusement, en tête d'affiche Sophie Quinton et Miou-Miou sont d'une justesse absolue, bien dans leurs rôles, touchantes et très accordées. Autour, la mère supérieure est une caricature de folle, il faut le dire, mais c'est bien la seule. Les trois garçons tirent avec talent leur épingle du jeu. Nicolas Duvauchelle (dernièrement vu dans Hell de Bruno Chiche) en particulier, interprète finement un rôle pas toujours évident, fait de gentillesses et de silences, confirmant sa présence jamais forcée. Et le plus beau, c'est le coeur du film. Les quelques moments où Avril se libère véritablement de sa robe de bure, enfile le fameux maillot de bain, goûte à l'océan, s'amuse. Là, les comédiens sont ensemble au-delà du jeu, une vraie atmosphère naît, l'image se met à pétiller doucement, le reste peut s'oublier...Maladroit, souvent en mal de rythme, plombé en plus par une fin aussi candide qu'alambiquée, le premier long de Gérald Hustache-Mathieu ne sera sans doute pas primé comme ses deux courts-métrages (Peau de Vache, notamment César du meilleur court-métrage en 2003, et La chatte andalouse, Prix du Public de plusieurs festivals). Mais le casting y est, la direction aussi, et un certain potentiel dans les idées. A suivre, donc.Avril
Un film de Gérald Hustache-Mathieu
Avec : Sophie Quinton, Miou-Miou, Nicolas Duvauchelle, Clément Sibony, Monique Mélinand, Genevieve Casile
Sortie en salles : 14 juin 2006
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