A bord d’un combi jaune très seventies, Agnès Vahramian et sa bande sillonnent la France pour l'émission C’est plus que des vacances diffusée 20h35 sur France 2. Pour l’île de Beauté, c’est Michel Fugain qui fait office de guide. Poétique et touchant.
A bord d’un combi jaune très seventies, Agnès Vahramian et sa bande sillonnent la France pour l'émission C’est plus que des vacances diffusée 20h35 sur France 2. Pour l’île de Beauté, c’est Michel Fugain qui fait office de guide. Poétique et touchant.Entre la Corse et vous, c’est une grande histoire d’amour depuis 1969. Vous entraînez Agnès dans le village perché de Sant’Antonino, en Balagne, où vous avez loué votre première maison. Quels souvenirs en gardez-vous ?Cette maison appartenait à Ariane, comtesse de la Rochefoucault. Elle me l’avait louée pour une poignée de cerises. Là-haut nous étions seuls au monde avec un piano à queue, où je composais des chansons en rentrant de la plage. On y descendait à pied, par une piste qui est devenue la route principale. C’est là que tout a commencé. La Corse s’est infiltrée en moi petit à petit.Au point d’y acheter, il y a vingt-et-un ans, votre propre maison, à l’Ile Rousse, près de Calvi.Un jour, un ami corse m’a demandé: «Comment se fait-il que tu n’aies pas de maison ici?» Un autre jour, il est revenu en me disant : «On te l’a trouvée!». Elle appartenait à un jeune homme, fils unique, ce qui a facilité les choses car, ici, les maisons restent dans la famille. On voit encore les contours du pailler d’origine – un cube de pierre dans lequel les bergers stockaient la paille- autour duquel on construisait petit à petit pour agrandir. Cette demeure a une âme.Pourquoi avez-vous choisi de vous y installer à temps plein depuis six ans ?Marre de Paris, du monde. Ici, on est 250 000 : moins que dans le 15ème arrondissement de la capitale ! J’ai l’impression de vivre dans une communauté. C’est très doux. J’ai rencontré ma blonde, Sanda, ma compagne roumaine, en Corse et nous avons suivi le proverbe d’un ami juif : «Si tu veux te défaire de tes problèmes et de ton passé, traverse une eau.» Après la mort de ma fille Laurette (décédée d’une leucémie en 2002), je me noyais. Ici, je suis revenu à la surface et j’ai regagné l’innocence.Jamais blasé par la beauté de l’île, vous en aimez aussi les habitants, notamment Pierrot, le facteur…J’ai vécu trente-quatre ans en vallée de Chevreuse, où chacun restait chez soi. Ici, il y a toujours quelqu’un qui passe une tête. Sur le marché, on connaît Grégoire, le primeur, Julie, la poissonnière. On reforme la Corse autour de la table, comme dans le pailler de Pierrot, une institution. Là-haut, on fait la paix des braves. Chirurgien, vigneron, maire, procureur, flic et voyou, tout le monde mange à la même table. C’est un peu Pagnol, un peu Giono et j’espère que ça existera encore longtemps. En ce moment, je fais découvrir tout ça à Stéphane Guillon, qui vient d’acheter une maison. Il est le plus heureux des hommes !Que partagez-vous avec les Corses ?Je suis Grenoblois. J’ai des racines paysannes. Je suis montagnard, comme les Corses, qui ne sont pas des marins mais très attachés à leur terre. Ici, on mange de la charcuterie ! Il y a une reconnaissance immédiate entre nous.Vous sentez-vous davantage inspiré sur cette île ?Je vais fêter mes 45 ans de carrière et j’ai composé ici autant qu’ailleurs. Mais sur des projets au long cours, comme celui que je mène actuellement (voir encadré), la Corse me nourrit. Ici, la lumière est toujours belle, vous êtes obligée de le dire dans votre article ! Ça vous donne la patate, et vous aide à franchir les haies, malgré les coups durs. J’ai la même énergie qu’à 30 ans!Interview Emmanuelle Touraine du magazine Télé 7 jours.
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