Que les Romains se mettent aux abris, par Toutatis, puisque les Gaulois Astérix et Obélix ressortent la potion magique ce soir dans Astérix et Obélix contre César, la première adaptation live des héros des bandes dessinées imaginées par René Goscinny et Albert Uderzo. Succès d'édition indémodable depuis la parution d'Astérix le Gaulois en 1961 (il s'en est vendu depuis 350 millions d'albums à travers le monde), la saga avait déjà par le passé donné lieu à sept adaptations en dessin animé, qui avait tout dépassé le million de spectateurs.Mais pour voir les irréductibles Gaulois prendre vie en chair et en os au cinéma, il aura donc fallu attendre 1999 et le film de Claude Zidi, point final d'un parcours du combattant jalonné de multiples adaptations avortées et d'une production qui aura finalement pris près de sept ans avant d'aboutir au résultat final, que l'on pourra redécouvrir ce soir à l'occasion de la diffusion du film sur TF1.Claude Lelouch et Louis de Funès s'y cassent les dentsPourtant, le potentiel cinématographique d'Astérix explose dès les années 1960 aux yeux du cinéma français, alors que les ventes des albums passent de 6.000 (pour Astérix le Gaulois) à plus d'un million d'exemplaires (1,2 million pour Astérix et les Normands en 1967). Le premier à vouloir d'y frotter est un certain Claude Lelouch. Pour ce faire, il souhaite faire confiance à des acteurs méconnus du grand public, qui seraient choisis pour leurs ressemblances physiques avec les héros de la BD. Mais le projet n'ira pas au-delà de ces première ébauches, et c'est alors qu'entre en scène un autre grand nom du cinéma français.C'est en effet au tour de Louis de Funès de s'intéresser au petit Gaulois, qu'il aimerait incarner à l'écran, et qui s'est notamment entretenu avec Albert Uderzo à ce sujet. Mais le projet tombe finalement à l'eau pour de multiples raisons : le planning très chargé de l'acteur en premier lieu, mais aussi parce que celui-ci voulait incarner un Astérix dépossédé de sa célèbre moustache. Une idée farfelue qui aurait sans doute totalement déstabilisé les fans et qui explique en partie l'échec du projet, qui aurait pu voir Lino Ventura enfiler les braies d'Obélix.Sept ans de productionAprès des années d'oubli, le projet d'un Astérix en prises de vue réelles refait surface au début des années 90, en 1992 plus exactement. Le tout jeune Thomas Langmann se met en tête de produire un projet Astérix avec l'aide de son père Claude Berri. Il parvient à convaincre Sylvie Uderzo puis son père, avant de s'assurer l'obtention des droits d'exploitation auprès d'Anne Goscinny, le fille de René Goscinny, décédé en 1977. Son premier projet, centré sur le trio composé par Gérard Depardieu, Christian Clavier et Jean-Marie Poiré (ces deux derniers se seraient retrouvés après le carton des Visiteurs), convainc finalement Claude Berri de s'engager sur le projet en 1994.Problème : le trio se désengage du projet pour tourner ensemble la comédie Les anges gardiens. Pendant ce temps, Claude Berri contacte Claude Zidi, qui accepte de s'engager sur le projet. Du trio d'origine, seul Gérard Depardieu est pressenti pour revenir, mais ses engagements extérieurs exigent de décaler encore le calendrier de quelques mois. Le rôle d'Astérix, lui, reste vacant après le désengagement de Clavier.Le rôle est alors offert à Daniel Auteuil, qui passe même des essais en costumes en compagnie de Depardieu. Mais les différents retards dans la production dus au calendrier de tournage du futur Obélix inquiètent Auteuil, qui décide finalement de partir sur un autre projet. Finalement, Christian Clavier, recontacté alors qu'il vient de finir le tournage des Couloirs du temps, la suite des Visiteurs, parvient à se libérer pour jouer le rôle du Gaulois moustachu.Le casting de cette co-production à l'échelle européenne au budget faramineux (270 millions de francs, soit plus de 40 millions d'euros) se complète peu à peu par un casting de choc convoquant pour la plupart de vieux briscards de la comédie française : Michel Galabru en Abraracourix, Sim en Agecanonix, Claude Piéplu, dont c'est le dernier rôle à l'écran (il doublera cependant le lieutenant Isidore Poulard dans Chicken Run un an plus tard), en Panoramix, Jean-Pierre Castaldi en Caius Bonus... Astérix et Obélix contre César étant également produit par l'Allemagne et l'Italie, certains acteurs des deux pays se joignent à la distribution : Marianne Sägebrecht, révélée par Bagdad Café, incarne l'épouse du chef du village Bonemine, tandis que Gottfried John (GoldenEye) prend les traits de César lui-même.Un tournage compliquéClaude Zidi et Claude Berri ne sont cependant pas au bout de leurs peines : alors qu'ils espèrent offrir le rôle de Tullius Detritus à Roberto Benigni, le fantasque italien refuse, occupé par le tournage de La vie est belle. Ce n'est finalement qu'à la fin de ce dernier qu'il accepte enfin de s'engager sur le projet.Mais le principal coup du sort qui frappa la production d'Astérix et Obélix contre César survient le 18 mai 1998, pendant le tournage, qui eut lieu en partie dans les studios de La Ferté-Alais. Ce jour-là, Gérard Depardieu est victime d'un grave accident de moto à quelques kilomètres de là, dans la forêt de Rambouillet. Un accident sur lequel est récemment revenu Claude Zidi dans les colonnes de Télé 7 Jours : "Le 18 mai 1998, à 9h du matin, un assistant m'appelle, catastrophé: “Gérard vient d'avoir un accident à deux kilomètres d'ici.” Je tournais une scène dans le parc du château de Rambouillet. Je fonce avec ma voiture sur le lieu de l'accident. Je trouve Depardieu allongé de tout son long sur l'herbe au bord de la route, ce qui a amorti sa chute. Sa moto est encastrée dans des barbelés. […] Il a fait un vol plané d'une vingtaine de mètres et s'en est sorti vivant par miracle, avec une blessure au genou et des côtes cassées, raconte le réalisateur. Quarante jours plus tard, cette force de la nature était sur pied pour tourner la séquence de fin du festin".Réarrangé pendant ces quarante jours d'absence, au cours desquels Claude Zidi tourne toutes les scènes n'incluant pas le Gaulois "un tout petit peu enveloppé", le tournage se termine dans les temps pour la sortie française, prévue le 3 février 1999. Une sortie qui se fit sous un accueil plutôt mitigé de la critique. Cela ne l'empêcha pas d'être un triomphe public avec 8,7 millions d'entrées, ce qui en fit le plus gros succès de l'année 1999, devant le Tarzan de Disney et Star Wars : la Menace Fantôme. Il aura fallu du temps, mais la saga en live action d'Astérix pouvait enfin débuter sous de bons auspices.L'histoire d'Astérix et Obélix contre César : 50 ans avec J. C.Tout va très bien pour César : il a conquis la Gaule et s'apprête à envahir la Grande-Bretagne. Tout irait même encore mieux si un petit village, peuplé de gaulois belliqueux et gavés de potion magique, de ne lui résistait pas. Mais un devin retors, la folie passagère d'Astérix, l'enlèvement de Panoramix et les manigances de Détritus, Romain félon, vont leur donner du fil à retordre... Astérix et Obélix contre César est diffusé ce soir à 20h55 sur TF1.
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