Reuben Gonzales

Le pianiste et performer canadien Gonzales, Jason Charles Beck pour l'état civil, appartient à cette espèce de musiciens trop rare, celle des passe-murailles capable de sauter d'un genre à l'autre sans se perdre.  Issu d'une famille d'origine juive polonaise, Gonzo entre dans la musique dès l'âge de trois ans et par le biais du piano, dont il apprend les bases grâce à son grand frère, avant de suivre une formation classique achevée à la fac. Il démarre sa carrière en tant que pianiste de jazz et compositeur, écrivant des pièces en collaboration avec son frangin. Dans les années 90, il se reconvertit dans la pop avec le groupe Son et signe pour trois disques avec la Warner. La première livraison de la série s'intitule Thriller et voit le jour l'année suivante, en 96. Contrairement à ce que son titre laisse présager, l'opus rappelle davantage la musique d'Elvis Costello ou de Prince que celle de Michael Jackson. La galette connaît un succès modéré, en dépit de la fréquente diffusion du single "Pick Up The Phone" sur les ondes américaines. Le groupe récidive un an après avec le EP Filler, puis édite en 98 l'album Wolfstein, dont le concept tourne autour des loups-garous. L'orientation plus complexe et plus sombre du disque témoigne mieux des talents de songwriter du canadien. Le manque d'investissement du label dans la promo du CD participe à l'échec commercial de l'oeuvre de Son et incite les deux parties à se séparer quelques mois plus tard.  Jason s'exile l'année suivante à Berlin où il va créer le personnage burlesque de Chilly Gonzales, un MC et super-vilain juif, après avoir été hélé de cette manière dans la rue. S'inspirant de l'univers du cabaret et des spectacles de Dada, il commence à effectuer sous ce patronyme exotique des shows d'electro-pop et de hip hop foncièrement cheap et déjantés puis enrichit sa discographie d'un nouveau single, "Let's Groove Again", et d'un EP, O.P. Original Prankster, qui lui permettent de signer sur le label Kiti-Yo. Il publie alors Gonzales Über Alles pour le nouveau millénaire, puis l'album The Entertainist quelques mois plus tard. Suivront en 2002 et en 2003 Presidential Suite et Z. Son nouveau style musical et ses prestations délirantes attirent l'attention de la critique et du public et lui offrent donc un début de notoriété dans le milieu indé.  En 2004, Gonzo change une fois de plus de registre en publiant Solo Piano, oeuvre instrumentale très sérieuse inspirée des gnossiennes et des gymnopédies de Erik Satie et édité sur le petit label No Format !. Aussi sobre que raffinée, la galette est acclamée par la presse spécialisée et permet surtout à son auteur d'élargir sensiblement son public. Le pianiste entame au même moment une carrière d'arrangeur et de producteur en travaillant avec Jane Birkin sur son album Rendez-vous ainsi qu'avec sa compatriote et colocataire Feist. Les deux musiciens vivent en effet sous le même toit et partagent leur appart avec la chanteuse Peaches. Egalement canadienne, cette dernière avait fondé quelques années plus tôt avec Gonzales le groupe The Shit et s'est ensuite illustrée à ses côtés sur scène et sur disque. Suite à l'immense succès du premier album de Feist Let It Die, Gonzo est sollicité par différents artistes dont le trublion Katerine, le MC Teki Latex (de TTC) ou encore le chanteur Christophe Willem (de La Nouvelle Star). Il collaborera également avec le collectif hip hop electro Puppetmastaz et contribuera à la réalisation du deuxième disque de Feist. Le producteur désormais parisien fait paraître en parallèle le DVD From Major To Minor, dans la lignée de Piano Solo. En 2008, il revient dans les bacs avec Soft Power, un album de pop branché seventies dont le son rappelle surtout la musique des The Bee Gees et de Billy Joel.  Toujours dans l'optique de créer l'évenement en gardant toutefois une dimension esthétique, Gonzales se produit en mai 2009 dans une salle parisienne pour tenter de battre le record du concert le plus long de l'histoire. C'est en présence d'un huissier du Guinness World of Records et de nombreux invités que le Canadien assure 27h de concert dans la salle du Ciné 13. (voir la vidéo des dernières minutes de sa performance)  En 2010, il se lance encore dans une nouvelle aventure en faisant ses premiers pas d'acteur dans Ivory Tower, comédie décalée réalisée par l'un des membres des Puppetmastaz. Peaches, Tiga et Mocky complètent le casting de ce film ovni sur deux frères qui s'affrontent pendant un tournoi d'échec.