Jeune premier fétiche de plusieurs films de Leopoldo Torre Nilsson, et chanteur populaire, il passe à la mise en scène avec Conica de un nno solo (1965), chronique semi-autobiographique de l'enfance marginalisée, qui veut émouvoir et convaincre, à la manière du premier Pasolini, avec un néoréalisme tempéré par les ruptures narratives et les mélodies de Cimarosa, Vivaldi et Bach. Este es el romance del Aniceto y de la Francisca, de omo quedó trunco, comeno la tristeza... y unas pocas cosas más (1966) pousse plus loin encore le mélange de tradition et de modernité, puisque le goût du mélodrame y fait bon ménage avec une distanciation tout à fait contemporaine. El dependiente (1967), sans doute sa meilleure réussite, intègre l'évocation de l'ambiance feutrée de la province à une description presque clinique de comportements « sur le fil du rasoir », toujours au bord de l'hystérie. Cette trilogie en noir et blanc est pleine de nuances et de suggestions dans l'utilisation des ellipses et des temps morts. Cependant, Favio modifie l'axe de sa recherche formelle en passant à la couleur : il abandonne l'austérité, ne recule plus devant l'emphase, essaie de toucher un large public. Il y parvient en donnant un tour d'écrou à l'idéalisation du gaucho dans Juan Moreira (1973), mais confond le lyrisme et le kitsch lorsqu'il récupère la fable et le feuilleton radiophonique de Nazareno Cruz y el lobo (1974). Après la comédie Sõnar, sõnar (1976), il s'éloigne du cinéma, d'autant plus qu'il n'est pas en odeur de sainteté auprès des militaires. Il y revient de manière fracassante, en faisant revivre une idole sportive du péronisme, le boxeur Gatica, el Mono (1993) : il retrouve par la même occasion ses expériences stimulantes sur la dilatation du temps, la rhétorique populaire, la combinaison de la distance et de l'émotion. Enfin, il élabore un immense montage de documents à la gloire du péronisme, Perón, sinfonía del sentimiento (1999).