Dans Un Village français, dont la saison 4 est actuellement diffusée sur France 3, Robin Renucci incarne Daniel Larcher, le maire et médecin de Villeneuve. « Pas un rambo », comme il dit, mais un homme bon, qui tente d’aider les Juifs rafflés. Rencontre avec un comédien subtil…
Nous sommes en juillet 1942, les rafles de Juifs ont commencé. Que va faire Daniel ?En proposant que le groupe de Juifs étrangers, arrivés par convoi, soient logés dans l’école du village plutôt qu’entassés dans la gare, il a eu une idée généreuse. Mais la situation va s’éterniser. D’où d’énormes cas de conscience, notamment quand les Allemands vont lui demander de séparer les enfants des parents… Que représente votre personnage pour vous ?Il représente la France grise : ni toute noire, ni toute blanche. Les gens qui ont dû coopérer avec l’occupant nazi. Pas collaborer, mais composer, pour que ça passe sans trop de problèmes. Le préféreriez-vous plus révolté ?Il est beaucoup moins impulsif que moi. Parfois, en tournant des scènes, je bous intérieurement. Mais Daniel résiste à sa façon, par exemple en apportant des soins aux juifs, alors qu'il n'en a pas le droit. Mais ce n'est pas un héros. Le contraire aurait été dommage pour la série, qui nous montre des humains faillibles, pas des Rambo. On ne s'identifie pas à des surhommes. Qu'aimez-vous particulièrement dans ce rôle ? C'est intéressant de jouer en faisant abstraction de l'Histoire que nous avons apprise, puisque les personnages, eux, ne la connaissaient pas. Daniel Larcher fait partie des 90% de gens qui, sans le savoir, participaient à un désastre. L'histoire d'un Village Français pourrait-elle se poursuivre après 1945 ? J'aimerais bien, car une grande partie de notre modèle de société, comme la Sécurité sociale, s'est construite à cette époque, sous l'impulsion du Conseil national de la Résistance. Ce serait dommage de ne pas mettre en orbite l'histoire des Trente Glorieuses. Que vous inspire le succès de cette série ?Elle peut faire réfléchir, susciter des discussions dans les familles et à l'école. Les jeunes ont besoin des témoignages de ceux qui ont vécu à cette époque. La regardez-vous en famille ? Quand c'est possible, oui. J'ai quatre enfants. Ils y voient un parallèle avec le contexte politique actuel et la montée des idées d'extrême droite en Europe. Mais le Village ne donne pas de leçons, uniquement des clés pour éclairer le présent. Comment votre famille a-t-elle vécu la guerre ?Je suis Bourguignon par mon père et Corse par ma mère. Côté Corse, ils luttaient contre l'invasion fasciste italienne. Mon grand-père cachait des armes et mon oncle est resté toute une nuit dans un arbre, avec les Italiens au-dessous. Mon père a été prisonnier dans une ferme en Allemagne pendant cinq ans. La qualité d'Un village français vous donne-t-elle envie de jouer d'autres séries ?Non. Pour moi, il ne s'agit pas d'une série mais d'une grande histoire racontée sur la durée. Et je n'aime pas la récurrence, elle anesthésie le spectateur. Je veux rester dans le mouvement. Interview Anne-Charlotte Bonnet pour Télé 7 Jours
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