Cette rentrée 2016 est un vrai bon cru, du côté des sitcoms.
C'est déjà parti pour le rentrée des séries. Les chaînes américaines ont donné, depuis quelques jours, le coup d'envoi de la saison 2016-2017. Et une fois n'est pas coutume, la collection s'annonce assez réjouissante, du côté des comédies. On a vu pour vous les dernières nouveautés. Alors que faudra-t-il suivre cette année ? Et quelles seront les sitcoms à éviter ?
La plus excitante : SPEECHLESS
Producteur et scénariste de Friends pendant 8 ans (et aussi créateur du spin-off Joey, mais on évitera de le mentionner), Scott Silveri pourrait bien avoir signé un nouveau coup de maître. Speechless raconte l'histoire de Maya et Jimmy DiMeo et leurs trois enfants, dont le plus grand, JJ, souffre d'infirmité motrice cérébrale (IMC). Incapable de parler ou de marcher, il communique via un ordinateur. Pour qu'il puisse mener la vie la plus normale possible, sa mère est prête à tout sacrifier. La petite famille quitte ainsi son quartier de classe moyenne, pour emménager dans une banlieue huppée de Californie, dont le lycée local offre des prestations uniques, pour l'insertion des handicapés.
On en pense quoi ?
Minnie Driver mène toute cette petite troupe d'une main de fer, dans un gant de velours. Mais ce qui fonctionne le mieux dans cette sitcom douce-amère, ce sont indéniablement les enfants. Impossible de ne pas s'attacher à Ray, Dylan et JJ, tout juste bluffants. Sans oublier John Ross Bowie (de Big Bang Theory), parfait en père apaisant et un peu dépassé. Il y a dans Speechless une alchimie étonnamment perceptible, dès l'épisode 1, qui fait déjà penser aux meilleurs années de Malcolm ou Raising Hope. Souvent drôle et percutante, la série sait aussi se montrer impertinente sur le fond. Elle fait passer de vrais messages et réussit à parler franchement et simplement de handicap, sans jamais chercher à apitoyer le spectateur. Alors d'accord, tout ça déborde de bons sentiments. Mais Speechless livre en sus un réjouissant discours de tolérance qui fait du bien.
Diffusée chaque mercredi soir, sur ABC.
La plus rafraîchissante : THE GOOD PLACE
Superstar de la télé américaine depuis une décennie, l'ancienne Veronica Mars (qui finira House of Lies en 2017) s'invite carrément au Paradis. Enfin presque. Kristen Bell incarne ici Eleanor, une jeune femme d'une trentaine d'années... qui vient de mourir. Elle découvre alors qu'il y a bien une vie après la mort. Elle est accueillie dans The Good Place par Michael, une sorte de Saint-Pierre qui lui explique le fonctionnement des lieux. Il lui révèle surtout que seule une petite poignée de gens extrêmement vertueux ont droit à ce "Paradis". Tous les autres se retrouvent dans "The Bad Place", où mille tourments les attendent. Rapidement, Eleanor va comprendre qu'elle a été confondue avec une homonyme. Égoïste, mesquine et sans intérêt, elle n'aurait jamais dû entrer dans ce Jardin d'Eden. Et bien sûr, elle va tout faire pour y rester !
On en pense quoi ?
Oui, Kristen Bell use et abuse de sa jolie frimousse, pour semer le chaos dans l'au-delà. Mais elle éclaire vraiment de tout son charme cette douce comédie, dont il se dégage une agréable fantaisie sage. Radieuse et vraiment drôle, elle s’appuie sur le talent avéré de Michael Schur (déjà créateur de Brooklyn Nine-Nine et Parks and Recreation), qui regorge de bonnes idées, pour s'éclater avec son concept. On prend un malin plaisir à découvrir à quoi ressemble la vie après la mort et la série ne manque pas de mystères, capables de nous tenir en haleine pendant encore une bonne grosse poignée d'épisodes. Reste que The Good Place manque tout de même d'un peu de fond, pour être définitivement réussie. Mais c'est bien connu : la perfection n'est pas de ce monde !
Diffusée chaque lundi soir, sur NBC.
La plus lunaire : HIGH MAINTENANCE
En 19 petits épisodes (de 5 à 12 minutes), postés sur Viméo depuis 2012, la web-série High Maintenance a réussi à se faire remarquer et à créer le buzz, au point d'intéresser HBO. La chaîne premium a décidé de reprendre cette dramédie unique, pour l'adapter à la télévision. Mais pas question de formater quoi que ce soit. Ben Sinclair et Katja Blichfeld, co-créateurs, scénaristes et réalisateurs du show, ont eu carte blanche, pour poursuivre leur délire du Net sur le petit écran. Bonne idée, puisque le résultat est assez... indéscriptible. Sinclair interprète toujours le personnage central, "The Guy" (le type), un petit dealer de drogue, qui se promène à vélo dans les rues de la Big Apple, pour effectuer ses livraisons (marijuana, champignons hallucinogènes...) à divers clients.
On en pense quoi ?
C'est là toute la beauté de High Maintenance : "The Guy" est en fait un simple point d'entrée. Il n'est pas vraiment le héros de la série, mais le vecteur des petites histoires, qu'il nous permet de découvrir, en déboulant ainsi dans l’appartement et l’intimité de ses clients. On retrouve, heureusement, dans cette version HBO, le ton complètement perché des webisodes. Parfois amusante, cette pure dramédie mise avant tout sur l'humain et une espèce de poésie urbaine, aussi hypnotique que déconcertante. Car il faut bien l'avouer, High Maintenance n'est pas de ces comédies qu'on dévore d'un oeil, une part de pizza à la main et le smartphone dans l'autre. Exigeante et pas toujours accessible, elle souffre en plus ici de la durée des épisodes télé (une trentaine de minutes, soit 3 fois plus que sur le web), pour totalement passionner sur la longueur. Reste une vraie curiosité "underground", à découvrir absolument.
Diffusée chaque vendredi soir, sur HBO.
La plus décevante : SON OF ZORN
Sur le papier, elle avait quelque chose de très, très excitant. L'histoire de Zorn, un personnage de cartoon, guerrier légendaire du pays de Zephyria, qui décide de s'installer en Californie, pour renouer des liens avec son fils et son ex-femme, qui eux, sont bien réels. Un mélange animé/live action, qui promettait d'être absolument réjouissant.
On en pense quoi ?
Sauf qu'à l'arrivée, le premier épisode a quelque chose d'étrangement convenu. D'accord, on rigole quand même par instant, devant certains gags d'une plaisante dinguerie, mais l'ensemble demeure tristement fade, aux vues du pitch tellement original, pondu par les créateurs de La Grande Aventure Légo. Comme si la série était dépassée par son propre concept. Comme si elle ne pouvait pas aller au-delà du simple sketch. Malgré tout, le potentiel est toujours là. Zorn est parfait. Les visuels fonctionnent bien. Et le show n'a pas peur d'explorer des territoires un peu trash. Alors on veut encore y croire... pourvu que les scénaristes activent un peu leur imagination.
Diffusée chaque dimanche soir, sur Fox.
La plus insipide : KEVIN CAN WAIT
Après avoir cartonné pendant 9 ans dans la petite sitcom familiale de CBS, Un gars du Queens, Kevin James est de retour sur le grand Network américain... pour une nouvelle sitcom familiale ! Il incarne cette fois un flic de New York dans la quarantaine, qui a le droit de partir à la retraite, après 20 ans de bons et loyaux services. Alors qu'il s'apprête à profiter de son temps libre avec ses anciens collègues, il va devoir encore se sacrifier, pour ses enfants.
On en pense quoi ?
Pas de temps à perdre ici. Autant Kevin James (le sympathique acolyte de Will Smith dans Hitch) est un acteur amusant, capable de rendre ses personnages attachants, autant sa dernière création est totalement dénuée d’intérêt. Une grosse comédie américaine - comme seule CBS ose encore en faire aujourd'hui - avec ses blagues rassis, son sexisme sous-jacent, son paternalisme démodé, et bien sûr, ses ignobles rires enregistrés. Une sitcom des années 80 où les bons sentiments bavent de partout. Kevin peut attendre encore longtemps.
Diffusée chaque lundi soir, sur CBS.
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