Uma Thurman Chambers
Netflix

Uma Thurman, à l'affiche de cette toute nouvelle série mystique de Netflix, répond à nos questions en compagnie de la créatrice, Leah Rachel.

Dévoilée en avant-première en France, au festival Séries Mania, la nouvelle série mystique de Netflix, intitulée Chambers, est en ligne depuis le 26 avril dernier. Sa créatrice, Leah Rachel, et la star Uma Thurman, nous en disent plus sur cette étrange histoire de transplantation cardiaque, dans le cadre fascinant du décor désertique de l'Arizona...

Uma Thurman : "La chorégraphie de Pulp Fiction était très calibrée"

Vous jouez une femme dévorée la mort de sa fille, jusqu’à tutoyer la folie. Quelles-ont été vos inspirations pour le rôle très ambivalent de Nancy ?
Uma Thurman : Une de mes performances d’actrices préférées était celle de Mary Tyler Moore dans Des gens comme les autres. Dans mon personnage, il y a un peu de cette confusion et de cet état de choc causé par le deuil. Sa fille est morte dans des circonstances étranges qui la hantent et qu’elle ressent encore physiquement. Ce qui fait le côté déroutant de mon personnage, c’est de ne jamais savoir si elle est devenue folle, ou si cette négation de la réalité est une façon normale de faire le deuil de son enfant.



Ces dernières années, grâce à Lars Von Trier, vous avez enchaîné les rôles risqués... 
Uma Thurman : Vous savez, même quand j’ai accepté de faire Pulp Fiction, ça me semblait risqué. Juste à la lecture du script, on ne savait pas ce que ça allait donner. Il y avait The Gimp (La Crampe ndlr), des histoires de viol... et  toutes sortes de choses un peu barrées. En lisant le script, je me posais beaucoup de questions. Je pense que pour faire ce genre de films, il faut prendre des risques. Pour en revenir à Lars (Von Trier), ce type est fou, mais je l’adore. Lors de la conférence de presse de The House That Jack Built, il m’a taquinée en me disant que je ne savais pas lire, parce que j’étais la seule personne à vouloir faire son film (rires) Parce que son scénario était tellement brutal et dégoûtant... et il l’était ! Il a un bon sens de l’humour et j’ai beaucoup de respect pour lui. Prendre des risques c’est encourager la vision créative des artistes en qui l’on croit.

Il y a un message féministe dans la série comme le fait d’aborder frontalement des sujets comme les règles ou la mammographie. Pourquoi était-il important de montrer ces choses-là pour vous ?
Leah Rachel
: C'était une manière de déstigmatiser ces situations. Au début du processus d’écriture, je recevais  beaucoup de remarques de gens qui étaient dégoûtés à la lecture de certaines scènes. Notamment le court passage où l’on voit du sang de règles. Le fait de l’inclure dans la série a donc pris une importance ridicule pour moi. En ce qui concerne la scène de la mammographie, la performance incroyable d’Uma apporte beaucoup au réalisme de la scène.

chambers
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Chambers possède une dimension spirituelle qui se manifeste principalement par l’incorporation de la culture Diné  (indiens navajo) et de leurs croyances. La thématique se mariait-elle bien avec le cadre tragique de la série ?
Leah Rachel
: Oui absolument, je n’ai pas eu d’éducation religieuse mais je m’intéresse constamment aux différents types de religions et de croyances, des dieux aux cartes de tarots. Et pour moi, si on l’analyse, c’est la même chose. C’est un besoin commun de croire qu’il existe une présence extérieure. Que ce soit dans la culture Navajo, la communauté spirituelle mystérieuse des Lefevre, le christianisme ou le judaïsme, les gens se tournent vers cela face à des situations de perte et de traumatisme.

Grandir dans une communauté religieuse vous a-t-il incité à aborder ces sujets à l’écran ?
Uma Thurman
:J’aime beaucoup que mon père soit sûr et certain que la réincarnation existe et j’espère qu’il a raison... enfin je pense ! (Rires) J’ai grandi entourée de gens qui cherchaient un sens à leur vie à travers des croyances diverses. Il y a quelque chose de très beau dans cela. En fait, les enfants de prêtres et de religieux en général donnent des gens intéressants (Rires). Mes parents ont dédié leur vie au combat pour les droits de l’Homme et au sauvetage de l’identité culturelle du peuple tibétain. C’était une partie de leur mission. Je pense qu’il y a beaucoup d’intégrité dans le spirituel.

Dans la scène de veillée, toute l’assistance est habillée de blanc, excepté Sacha et son amie. Il y a un peu du Get Out de Jordan Peele dans cette ambiance artificielle et horrifique de banlieue pavillonnaire blanche. Était-ce une façon d’introduire une notion de commentaire social ?
Leah Rachel
: Cela fait référence à un enterrement où je suis allée en portant du noir et où tout le monde portait des couleurs claires. C’était une célébration lumineuse et joyeuse et cette scène vient de mon expérience personnelle, de cette découverte d’une coutume qui m’était complètement inconnue. Mais le personnage de Sasha fréquente un milieu social qui est détaché de son quotidien et dans lequel elle n’est pas à l’aise.
Uma Thurman : Je ne pense pas que vous ayez tort. Il y a des familles blanches bizarres dans leur banlieue pavillonnaire bizarre ! Je ne pense pas que vous soyez fou (Rires).