Antidisturbios
Canal Plus

Une plongée magistrale dans l'univers de la police anti-émeutes madrilène.

Mise à jour du 26 octobre 2023 : Diffusée à l'origine sur Polar+, l'excellente série Antidisturbios était depuis disponible sur MyCanal. Elle vient de quitter le service pour débarquer sur Disney Plus (dans le profil +16 ans). L'occasion de découvrir, si ce n'est pas déjà fait, ce bijou d'écriture et de mise en scène télévisuel signé Rodrigo Sorogoyen.

Article du 13 mai 2021 : Après trois longs-métrages magistraux (Que Dios nos perdone, El Reino et Madre), le cinéaste espagnol Rodrigo Sorogoyen repasse par la case télévision, où il a fait ses premières armes, avec Antidisturbios, une série en six épisodes. Derrière la caméra, et toujours accompagné d’Isabel Peña à l’écriture, le réalisateur et scénariste livre une nouvelle oeuvre étouffante qui nous plonge dans une affaire de violence policière terriblement d’actualité, en Espagne comme en France.

Antidisturbios suit un groupe anti-émeutes composé de six policiers (dont l’imposant Hovik Keuchkerian, vu dans The Night Manager et La Casa de Papel, Raul Arévalo, Roberto Alamo et Raul Prieto, deux acteurs de Que Dios nos perdone) qui se retrouvent chargés de mener l’expulsion d’un appartement dans un quartier populaire de Madrid. Débordés par des militants pour le droit au logement, ils perdent le contrôle de la situation et l’intervention vire au drame. Les affaires internes se saisissent de l’affaire, notamment une jeune enquêtrice chevronnée (Laia, incarnée par la prometteuse Vicky Luengo) bien décidée à faire éclater la vérité. Vérité qui se révèlera être plus complexe qu’il n’y parait. 

Antidisturbios
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Rodrigo Sorogoyen et Isabel Peña ont développé cette mini-série en se basant sur un élément abandonné au cours de l’écriture de Que Dios nos perdone. Le personnage de Javier Alfaro (Roberto Alamo) était à l’origine un policier anti-émeute, avant de devenir un inspecteur dans la version finale du script. Mais l’idée a continué de germer dans la tête du duo. "Où est la limite dans l’usage nécessaire de la force ?", se demandait Sorogoyen l’an dernier dans la presse espagnole. "Comment gère-t-on un travail qui t’oblige à traiter avec la violence au quotidien ? Comment vivent, comment dorment ces policiers ? Pour livrer une réponse à ses inquiétudes qui m’intéressent comme réalisateur, spectateur et citoyen, nous avons créé cette série".  

De fait, les amateurs du cinéma de Sorogoyen, et de Que Dios nos perdone en particulier, ne seront pas dépaysés par l’ambiance de Antidisturbios, qui lorgne aussi vers El Reino en abordant le thème de la corruption, cher à l'auteur. Grâce à sa mise en scène sous tension, appuyée par la musique d’Olivier Arson (El Reino), on suffoque devant ce show finement écrit où chaque épisode porte le nom d’un des protagonistes. Un petit bijou de télévision, avec un final à couper le souffle, qui confirme une fois de plus tout le talent de Sorogoyen et de sa non moins brillante partenaire d’écriture.