DR

Dernière ligne droite pour la première saison de la série adaptée des frères Coen. Bonne surprise que l'on n’attendait pas, Fargo, qui s'offre un final rallongé, va-t-elle se conclure sur un sans-faute ?

Review de l'épisode 10 de la série Fargo, « Morton's Fork », en limitant les spoilers.Imaginé comme une anthologie, le final de la première saison de Fargo vient définitivement mettre un terme aux mésaventures de Lester Nygaard à la fin d'une heure d'un récit implacable. Lester et Malvo doivent en finir l'un avec l'autre. Et la police veut utiliser Lester comme appât pour ferrer le tueur... Imprévisible, cet ultime épisode ne s'interdit rien et Bemidji n'en sortira pas indemne. Et vous pourriez bien être surpris du résultat.Qui aurait pu croire qu'un remake a priori dispensable d'un film culte puisse se hisser à de tels niveaux d'excellence ? Écrit dans sa totalité par un seul homme, Noah Hawley (qui s'est fait les dents sur des épisodes de Bones), Fargo brille par sa cohérence et sa logique narrative. En se replongeant dans les premiers épisodes, la conclusion affirme ce bon sens. La symétrie des plans et des rebondissements impeccables et le recours constant à des allégories donneront la clé d'une démonstration calibrée. Encore un point commun avec l'ovationnée True Detective, imaginée entièrement par un autre écrivain et scénariste, Nic Pizzolatto, mais qui avait bénéficié d'un regard d'un seul réalisateur, quand Fargo se partage la vision de cinq metteurs en scène. Tous apportent leur touche remarquée dans une série où là aussi, décors et esthétique sont prééminents. Objet à part, Fargo n'a rien d'un remake. Pourtant, la série reste continuellement nourrie de références à l'oeuvre matricielle (jusqu'à l'habillage musical de la scène finale) pour se distinguer à son tour et s'inscrire dans le sillage du film des Coen, sans le gêner le moins du monde. Une réussite à mettre évidemment aussi au crédit de son casting quatre étoiles, où chaque comédien occupe le terrain, Billy Bob Thornton et Martin Freeman les premiers, qui n'auront cessé d'exceller dans des joutes verbales affutées. Saluons aussi le travail sur l'évolution des personnages, de Lester qui cache un Walter White wannabe, à Bill, le chef de la police, incarné justement par Bob Odenkirk.Si le show a parfois trop insisté sur sa naïveté et son décalage, il a fini de jouer les ahuris de première classe, secoué dans ses certitudes. Pris d'une lucidité surprenante, il accuse le coup, enfin conscient de la réalité qui l'entoure. Bien sûr, le destin de « supporting characters » reste en suspens mais l'essentiel est là. Souhaitons qu'un diffuseur français s'en empare et que l'anthologie soit renouvelée par FX pour une nouvelle saison de la même facture, sur la page blanche de tous les possibles.