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Cela devait être l’un des événements de la grille de rentrée de Canal+ : après le phénomène Bref, Kyan Khojandi et Bruno Muschio (alias Navo) revenaient avec un nouveau programme court intitulé Bloqués, interprété par les rappeurs du groupe Casseurs Flowters, Orelsan et Gringe. Avec un pitch de départ minimaliste : deux trentenaires, visiblement oisifs, discutent en plan fixe sur leur canapé, on est de prime abord plus près de Scènes de ménages (les couleurs criardes en moins) que de la réalisation explosive de Bref.Bien évidemment, la plume moderne de Kyan Khojandi, Bruno Muschio, Clément Cotentin, Orelsan et Gringe marque d’emblée la différence avec la série d’M6, obligée d’aligner, elle, des punch-lines (plus ou moins punchy) au kilomètre là ou Bloqués se concentre sur des épisodes d’1 minutes 30.Balayons la polémique sur le prétendu sexisme de la série qui tient plus du procès d’intention que de la réalité pour rendre hommage à l’écriture de la pastille de Canal+, beaucoup plus moderne que toutes les short-com françaises actuelles réunies qui, de leur côté et contrairement à Bloqués, visent un public plus familial et donc plus consensuel. C’est sans doute moins facile, surtout quand on multiplie les sketchs. L’écriture est donc essentiellement ce qui fait la qualité ou du moins le charme de Bloqués : il n’y a pas à dire, Kyan Khojandi et Bruno Muschio savent retranscrire l’humeur du temps et les vicissitudes des trentenaires adulescents d’aujourd’hui (du moins des Parisiens). En revanche, il manque un petit quelque chose, une folie dans la réalisation, une interprétation inventive (cf. Pierre Niney dans la série Casting(s)) pour que Bloqués transforme vraiment l'essai. A vouloir visiblement faire la parfaite antithèse de Bref, Kyan Khojandi et Bruno Muschio sont peut être passés à côté de leur série, mais laissons leur du temps. Après tout Bloqués vient à peine de commencer.