DR
Roy Lichstenstein
Piet Mondrian
Claude Monet
Roy Lichtenstein
Roy Lichtenstein
Constantin Brancusi
Roy Lichtenstein
Roy Lichtenstein
Roy Lichtenstein
Roy Lichtenstein
Roy Lichtenstein
Roy Lichtenstein
Pablo Picasso
Roy Lichtenstein
Henri Matisse
Picasso
Roy Lichtenstein
Henri Matisse
Katsushika Hokusai

L'expo Pop art Roy Lichtenstein à Beaubourg… En pointillés

La cathédrale de Rouen

La force de cette rétrospective est de mettre en lumière bien plus qu?un simple emprunt à tel ou tel mais bien un modus operandi consistant pour Lichtenstein à picorer des thèmes et des styles dans les siècles qui l?ont précédé. S?intéressant à l?impressionnisme, il va ainsi produire un triptyque de <em>La cathédrale de Rouen</em> (1969), variation sur l??uvre de Monet (1892/93). Alors que le peintre français travaille à cette ?uvre, installé devant l?édifice, Lichtenstein lui ne quitte pas son atelier new-yorkais, utilisant des reproductions en noir et blanc des toiles originales pour restructurer les lumières et les couleurs. Sa technique de points rappelant les touches de peinture apposées par les impressionnistes exige la même prise de distance. "<em>Plus on est loin, mieux on voit</em>", dira Lichtenstein.

Composition C

1935

La cathédrale de Rouen

1892/93

Nonobjective 1

Continuant sa progression dans sa réappropriation de l?Histoire de l?Art, Lichtenstein s?intéresse à l?abstraction géométrique, à travers les ?uvres de Piet Mondrian. Les deux hommes ont en commun une palette chromatique très proche (les couleurs primaires). Récupérées dès les années 1960 par le monde du design et de la publicité, les compositions de Mondrian sont entrées dans la pop culture et Roy ne pouvait que s?en emparer. Pas véritablement un plagiat, ses tentatives abstraites relèvent plus de la récup? (idée fondatrice du Pop art).

Nudes with Beach Ball

Parmi les quelques 4500 toiles produites, on retrouve d?autres clins d??il, plus ou moins appuyés, à Picasso. Quand Lichtenstein s?essaie au nu, tardivement dans les années 1990 (après une timide tentative au début de sa carrière), avec <em>Nudes with Beach Ball</em> (1994) il s?inspire des <em>Baigneuses au Ballon</em> (1928). La physionomie des corps retrouve le trait bande dessinée, mais la composition rappelle celle du cubiste. Et que dire de son taureau, sorte de décalque pop de l?animal peint par Picasso en 1945.

Sleeping Muse

1910

Sleeping Muse

L?exposition proposée par le Centre Pompidou fait la part belle à une facette rarement exploitée du plasticien, son intérêt pour la sculpture. Échafaudant des structures souvent sans volume, il s?empare ainsi du travail de Constantin Brancusi par exemple, pour en donner une version en deux dimensions, modifiant profondément le regard du visiteur sur la notion même de sculpture. En 1983, il réalise <em>Sleeping Muse</em>, un visage féminin endormi, pièce éponyme d?une série réalisée par le Roumain en 1910. Mais la platitude qu?il propose à la différence des rondeurs originales, permet à la sculpture d?imposer sa singularité et de se dissocier de son modèle.

Still Life with Goldfish

L?Américain ne crypte pas ses toiles, il ne cherche pas à recouvrir les traces de ses références et inspirations, au contraire. Elles affleurent naturellement mais ne se limitent jamais à une simple copie. Sa réinterprétation des <em>Poissons rouges</em> de Matisse (1912) en <em>Still Life with Goldfish</em> (1972) en est un exemple frappant. Reprenant la nature morte du peintre français, Lichtenstein y appose sa patte (les points) mais aussi y dispose des éléments déjà présents dans d?autres de ses travaux (la balle de golf). Une façon de repenser une ?uvre antérieure, de la faire sienne. L?originalité en art n?est qu?une chimère que l?Américain assume totalement.

Whaam !

1963

Woman

Et parmi les grands maîtres, un semble hanter la peinture de Lichtenstein : Pablo Picasso. Bien qu?on connaisse essentiellement ses tableaux type Comics, Lichtenstein a aussi tâté du cubisme. Dans <em>Woman</em> (1981), il déconstruit le corps féminin à la façon de l?Espagnol, jouant sur les perspectives, insistant sur le caractère sexuel (un sein émerge de la toile) mais conservant sa marque de fabrique : un code couleur simplifié.

All American men of war

Sur les dix salles d?exposition du Centre Pompidou, seules les premières s?intéressent à la partie émergée de l?iceberg Lichtenstein, à savoir ses toiles monumentales tout droit sorties d?un comics. Dès le début des années 1960, il s?approprie dès le début des années 1960 l?imagerie des bandes dessinées américaines de DC Comics comme <em>All American Men of War</em> qui donnera naissance à son diptyque <em>Whaam !</em> (1963), visible sur la photo suivante.

Artist’s Studio The Dance

Au début des années 1970, Roy Lichtenstein se lance dans une nouvelle série, les Artist?s Studios, hommage aux <em>Intérieurs Symphoniques</em> de Matisse (1911). S?y côtoient pêle-mêle des objets du quotidien (chers au Pop art), les outils de l?artiste et parfois, comme c?est le cas avec <em>Artist?s Studio</em> <em>The Dance</em> (1974), une référence directe à <em>La Danse</em> de Matisse (1909).

Les baigneuses au ballon

1928

Drowning Girl

Les influences du peintre dépassent largement les seules représentations de bandes dessinées ou du monde publicitaire. Il puise en effet son inspiration aussi bien du côté de <em>La Femme qui pleure </em>de Pablo Picasso (1937), à qui il empruntera le motif de la femme éplorée, omniprésent dans ses ?uvres, que de <em>La Grande Vague</em> <em>de Kanagawa</em> (1831) du maître japonais de l?estampe, Katsushika Hokusai, pour l?arrière-plan d?une de ses peintures les plus célèbres, <em>Drowning Girl</em> (1963).

La Danse

1909

Le taureau

1945

Bull II

1973

Les Poissons rouges

1912

La Grande Vague de Kanagawa

1831

Le Pop art a décidément la côte. Après Jean-Michel Basquiat et Keith Haring, Roy Lichtenstein a lui aussi droit à son exposition monographique. Le Centre Pompidou accueille jusqu’au 4 novembre 2013, une rétrospective de l’œuvre du peintre américain, réunissant ses toiles pointillistes inspirées de l’iconographie Comics (les plus célèbres) mais aussi ses travaux abstraits, moins connus et ses sculptures. Au-delà de la (re)découverte de cet artiste, c’est aussi une leçon d’histoire de l’art à laquelle nous convie Lichtenstein. Par sa relecture des mouvements d’avant-garde (cubisme, art abstrait, impressionnisme…), il est devenu un des grands artistes postmodernes, inscrivant sa démarche dans l’héritage des grands maîtres. Visite.