Le Hobbit : un procès attendu ? La semaine où La Désolation de Smaug s'apprête à déferler dans les salles, Variety annonce que les fameux frères Weinstein, Harvey et Bob, attaquent en justice le studio Warner, distributeur et co-producteur de la trilogie du Hobbit. Leur quête ? Obtenir 75 millions de dollars. Leur motivation ? "C'est une affaire d'avarice et d'ingratitude", déclarent les frangins, qui estiment qu'ils ont droit à une part des profits des films Hobbit, puisque ce sont eux qui avaient lancé le projet d'adapter Tolkien au cinéma. "C'est une des plus grosses plaisanteries de l'histoire du cinéma", a aussitôt répliqué Warner. "Il y a quinze ans, Miramax, alors dirigé par les Weinstein, ont vendu les droits du Bilbo le Hobbit à New Line. Aucune réécriture de l'histoire ne peut changer ça." Weinstein versus Warner : fight !La quête des droitsIl faut dire que l'histoire de l'adaptation au cinéma de Tolkien est assez complexe, presqu'autant que l'histoire fictive de la Terre du Milieu, le monde de fantasy épique créé par l'écrivain (on a fait une mise au point sur la chronologie du Hobbit au cinéma ici pour vous aider à réviser). Dès 1969, Tolkien vendait les droits d'adaptation de ses romans. Après la tentative ratée de John Boorman de donner vie sur grand écran au Seigneur des Anneaux à la fin des années 70 (qui donna finalement Excalibur), puis le dessin animé bancal de Ralph Bakshi (1978), en 1995, Peter Jackson et les Weinstein lançaient l'idée d'une trilogie -un film Bilbo le Hobbit suivi de deux films Seigneur des Anneaux- mais s'ensuivirent des années de development hell. Les Weinstein ont vendu en 1998 les droits d'adaptation au studio New Line. Les frères Bob et Harvey sont néanmoins crédités comme producteurs exécutifs des trois films sortis entre 2001 et 2003. "Depuis le début, Miramax, Harvey et Bob Weinstein ont été les forces qui ont permis aux livres de passer sur grand écran", affirme la plainte déposée par les avocats des Weinstein. "En fait, ils ont financé la technologie des débuts de WETA (NDLR : les studios créatifs de Peter Jackson). Sans cela, les films n'auraient jamais pu se faire." Ils estiment avoir investi 10 millions de dollars au départ, et New Line aurait ensuite accepté de leur verser 5% des profits des films en 1998… "Notre contrat disait depuis que l'histoire du Hobbit allait être racontée en trois films. Donc, Miramax et les Weinstein ont droit à une part des bénéfices des trois films." Tout faux, selon Warner : les Weinstein "ont accepté d'être payés pour un film seulement. Et c'est tout ce qu'ils ont droit." Bref, c'est un beau bazar. Il faudrait sans doute des pouvoirs dignes de Gandalf pour démêler les sortilèges qui entourent les profits de Tolkien au cinéma.Des milliards de pièces d'orLa trilogie du Hobbit représente un gros tas de pièces d'or : le premier volet a rapporté un milliard de dollars dans les salles de la planète depuis sa sortie en décembre 2012. Les deux suites sont presque garanties de faire le même score, on parle donc potentiellement d'une trilogie à trois milliards de dollars au bas mot. Un trésor qui excite fatalement les convoitises, si l'on ajoute en plus le pactole raflé par les trois films Seigneur des Anneaux depuis 2001 : 3,8 milliards de dollars… Sans compter les ventes de DVD, Blu-ray, jeux, jouets, t-shirts, épées et bijoux et tout le bazar : on estime les recettes totales à 6 milliards de dollars. La liste des batailles juridiques paraît ne jamais se terminer. En 2004, le Tolkien Estate (les héritiers de l'écrivain) réclamait 20 millions de dollars à New Line pour défaut de paiement de royalties. L'affaire se conclut par un deal secret en 2005, l'année où Peter Jackson demandait aussi des comptes à New Line, pour savoir s'il n'avait pas été lésé sur l'argent rapporté par les produits dérivés de la trilogie. En 2008, le Tolkien Estate repartait à l'attaque et réclamait 220 millions de dollars à New Line. L'affaire fut encore une fois réglée en secret entre les deux parties. Mais ce n'est pas fini : en novembre 2012, à un mois de la sortie du Hobbit : Un voyage inattendu, le Tolkien Estate attaquait Warner et New Line pour rupture de contrat (avoir créé des jeux vidéo et des jeux de casino estampillés Seigneur des Anneaux sans leur autorisation). Avec le duel Weinstein/Warner, voilà donc un nouveau chapitre à ajouter à l'histoire des batailles juridiques autour du magot de Bilbo and Co.Le Hobbit : La Désolation de Smaug est en salles françaises depuis mercredi dernier. Bande-annonce :
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Un procès pour s'emparer des profits du Hobbit
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