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La boxe, sport cinégénique par excellence, est un réservoir à chef-d’œuvres. Alors que sort le frenchy Sparring avec Kasso en loser magnifique, voici un top très américain.

10. Girlfight de Karyn Kusama

Découverte de la toute jeune Michelle Rodriguez, regard de braise et poings d’acier. Si ce film de boxe au féminin ne bouscule pas forcément les codes d’un genre très normé, la fougue de son interprète principale liée à la mise en scène inspirée de Karyn Kusama, font des merveilles.  

 


9. Fighter de David O Russell (2011)

Christian Bale et Mark Wahlberg. D’un côté l’ex champion destructeur devenu une quasi loque, de l’autre le fringant frangin sur qui les espoirs sont toujours permis. L’explosif David O Russell regarde ces deux hommes essayer de s’élever ensemble à l’aide  d’une mise en scène puissante qui restitue paradoxalement toute la fragilité de l’existence.    

 

  

8. Rocky de John G. Avildsen (1977)

Lequel choisir? Le premier pardi ! Rocky a cette figure abimée de l’Amérique prolétaire qui ne prend même pas la peine de rêver plus grand, mais juste à boxer pour sortir d’une misère qui l’emprisonne. Stallone possède ce visage triste et émouvant d’une bête blessée. Nous sommes encore dans les seventies, bien avant que le boxeur et l’acteur ne servent des intérêts plus grands qu’eux.  

 

7. Boxing Gym de Frederick Wiseman (2011)

Fidèle à son style, le documentariste américain Fred Wiseman ouvre ici les portes d’un club de boxe texan sans idées préconçues sur ce qu’il va y trouver tout en restant à bonne distance des corps et des visages. Il en résulte un portrait d’une Amérique bigarrée et profondément humaine. 

 


6. Nous avons gagné ce soir de Robert Wise (1949)

Robert Wise monteur de génie avant de devenir réalisateur, déploie ici toute sa science du timing avec ce film en temps réel sur un boxeur qui refuse de se coucher et fait monter en pression les truands dans l’assistance. Film de boxe autant que film noir, Wise gagne sur les deux tableaux. 

5. La dernière chance  de John Huston (1972)

Si les films de boxe sont avant tout des histoires de losers qui réussissent dans la sueur, le film de John Huston avec Stacey Keach et le tout jeune Jeff Bridges, est le récit d’une tentative d’ascension copieusement ratée. La sublime séquence d’ouverture jusqu’au générique avec la voix de Kris Kristofferson sur « Help Me Make It Through the Night » dit déjà tout de la noirceur à venir.

4. Million Dollar Baby de Clint Eastwood (2005)

Beaucoup disent que ce mélodrame est le dernier grand film de Clint Eastwood cinéaste. On peut le penser. L’académie des Oscars lui a donné 4  des meilleures statuettes en 2005. Film sombre et christique sur une impossible seconde chance, c’est assurément l’une des œuvres les plus sombres de Clint.   


3. Gentleman Jim de Raoul Walsh (1942)

En 1942, Walsh et son œil poché croient encore au rêve américain. Preuve avec cette ode à la boxe capable de faire d’un sans-grade un être respectable, respecté et – pourquoi pas – raffiné (plus que la boxe le héros rêve de théâtre shakesperarien !) Errol Flynn y croit aussi dur comme fer.

2. Raging Bull de Martin Scorsese (1981)

Puisqu’il a piqué beaucoup de choses à Body & Soul, le chef d’œuvre de Scorsese sur le récemment regretté  Jake LaMotta, arrive en deuxième position. Que dire ? Sinon que de Niro est sommet de son art (et de son poids) et que la boxe est ici envisagée comme une longue transe qui perturbe les âmes et les cœurs. Sublime.

 


1. Body & Soul de Robert Rossen (1947)

Ecrit par Abraham Polonsky bientôt chassé par les sorcières d’Hollywood et interprété par John Garfield qui subira le même sort (la mort brutale en plus à seulement 39 ans !), c’est peu dire que ce film tout en clair-obscur sur l’ascension d’un prolo du ring, suinte la sueur et les larmes bien au-delà de l’écran. Le final avec le cadreur sur roulettes inspirera Scorsese pour son Raging Bull.